Bellingcat a publié une nouvelle enquête, dans laquelle les experts ont réussi à déterminer une plaque d’immatriculation du système lance-missile «Buk» qui a abattu l’avion malaisien l’été 2014. L’UCMC a traduit en français l’article de Bellingcat.
Entre temps, les journalistes de Hromadske Tv ont joint Aric Toler, expert de Bellingcat pour évoquer des détails de l’enquête. L’UCMC propose la traduction en français de cette interview.
Vous avez réussi à identifier le système lance-missile «Buk-332» qui a abattu le vol MH 17 de la compagnie malaisienne. Pourriez-vous nous expliquer, s’il vous plaît, pourquoi maintenant? Quelle a été votre méthodologie?
Nous avons passé un an à enquêter sur cette affaire, mais nous avions des difficultés à trouver toute l’information nécessaire. Récemment, nous avons réussi à nous procurer une nouvelle information, notamment grâce aux sources russophones, tels que le site smolensk.ws, ainsi qu’un article sur le site Livejournal, qui a pour titre : flight-mh17.livejournal.com! Ces sites donnent beaucoup d’informations pertinentes qui méritaient d’être étudiées avec beaucoup d’attention. C’est très important, car cela consolide les conclusions de la Commission néerlandaise chargée d’enquêter sur les raisons de la tragédie et ajoute des détails à cette affaire. Il s’agit notamment des noms des soldats qui ont participé à cette opération et du numéro exact du système lance-missile.
Comment peut-on vérifier cette information? En particulier, le numéro exact du système lance-missile «Buk », que vous assurez avoir déterminé.
Toute l’information que nous donnons se trouve en libre accès, donc chacun peut vérifier la véracité de nos conclusions. Toutes les informations que nous avons obtenues sont facilement accessibles et nos lecteurs comme nous-mêmes peuvent y avoir accès. Nous communiquerons les coordonnées exactes de toutes les photos et images que nous publions. Donc, nos lecteurs peuvent avoir toute confiance en nous car ils ont accès aux mêmes preuves que nous et peuvent ainsi tirer eux–mêmes des conclusions qui correspondront aux nôtres ou même, seront meilleures.
Quelle fut la réaction du gouvernement russe à propos de votre enquête
Alors, Dmitriy Peskov, porte-parole du Kremlin a commenté notre enquête. Vous savez ce qu’il a dit? Il a dit : «Nous ne connaissons pas ce groupe Bellingcat». Il semble que notre enquête soit une commande des je-ne-sais-pas quels gouvernements secrets. Il a poursuivi : «Je ne sais rien, il vous faut discuter avec le ministère de la Défense». Ce fut la réponse officielle de Peskov. J’espère quand même que tôt ou tard, nous allons obtenir une réponse plus concrète du ministère de la Défense et du ministère des Affaires Étrangères de la Russie.
Croyez-vous que les personnes qui vous ont aidé à faire cette enquête en Russie prennent de gros risques?
La plupart d’eux travaillaient de manière anonyme ou bien vivaient sur le territoire ukrainien et écrivaient sur les forums russes. Je peux vous dire que je sais chercher les bonnes personnes et les démasquer mais là, même moi, je n’arrivais pas à savoir qui étaient ces personnes. Bien évidemment, des risques existent toujours. Mais cette enquête en valait la peine.
À votre avis, quelles seront les conséquences de votre enquête? À qui voulez-vous donner les preuves pour changer les choses?
Avant de publier l’information, nous l’avons envoyée à la Commission d’enquête criminelle chargée d’enquêter sur les causes de la catastrophe du vol MH17. Nous espérons que cela les aidera, car ils ont une vision plus complète de la situation. Nous ne savons pas exactement les informations qui leur manquent, donc, nous espérons que la nôtre les aidera à combler les lacunes et à poursuivre de nouvelles investigations. Peut-être, savent-ils déjà tout ce que nous avons publié hier. Si c’est le cas, c’est très bien aussi!