La frontière fermée à clé : est-ce que Mikheil Saakachvili réussira à revenir en Ukraine ?

Former Georgian president Mikhail Saakashvili addresses members of a Batkivshchyna party during a meeting in central Kiev, March 29, 2014. Ukrainian former prime minister Yulia Tymoshenko, released from jail last month after her arch-foe Viktor Yanukovich fled from power, was nominated as presidential candidate at the Batkivshchyna party meeting for the election on May 25. REUTERS/Gleb Garanich (UKRAINE - Tags: POLITICS ELECTIONS) - RTR3J3K4

L’ancien président géorgien et ancien gouverneur de la région d’Odessa, Mikheil Saakachvili, a annoncé son retour en Ukraine le 10 septembre. Les représentants du pouvoir ukrainien soulignent que les documents de Saakachvili ne sont plus valables et que les gardes-frontières ne le laisseront pas rentrer en Ukraine. La BBC a essayé de prévoir les effets de la survenue de Saakachvili à la frontière ukrainienne.

« Nous avons l’intention de l’attendre tranquillement »

Il y a une semaine, Mikheil Saakachvili a annoncé son retour le 10 septembre lors d’une conférence de presse. Il est devenu évident que le politicien compte transformer son apparition à la frontière en un show public. L’ancien gouverneur de la région d’Odessa a annoncé qu’il reviendrait en Ukraine, « entouré de journalistes, de députés et de gens ordinaires».

Parallèlement, le parti de Saakachvili, «Mouvement des nouvelles forces », a ouvert une section spéciale sur le web site, intitulé  « État-major du retour de Mikheil Saakachvili en Ukraine » pour mobiliser tous ceux qui souhaitent venir accueillir le politicien.

« Nous ne savons pas le temps que prendra cette rencontre. Si vous êtes prêt à venir pour une journée, venez avec votre voiture, prenez avec vous de l’eau, de la nourriture, des drapeaux ukrainiens. Si vous êtes prêt à venir pour plusieurs jours, prenez avec vous une tente, un sac de couchage, de l’eau et de la nourriture. Nous avons l’intention d’attendre tranquillement que Mikheil puisse passer », peut-on lire sur le site.

Les organisateurs attendent environ 5 000 personnes.

« Vivre à la frontière »

Cependant, les organisateurs ne savent pas encore le temps que prendra cette rencontre.

En Ukraine, beaucoup de personnes pensent que Mikheil Saakachvili ne sera pas admis en Ukraine.

Les représentants du gouvernement ukrainien soulignent que le passeport de Saakachvili n’est plus valable, car Petro Porochenko, président ukrainien, l’a privé de la nationalité ukrainienne à la fin du mois de juillet.

« Une personne ne peut passer la frontière qu’avec des papiers valides. Si cette personne n’a pas de papiers valides, alors elle ne pourra pas traverser la frontière de l’État. On va lui confisquer ce document et la renvoyer de l’autre côté de la frontière. Voilà tout », a déclaré Oleg Slobodyan, chef adjoint du Service des gardes-frontières ukrainiens.

Le député ukrainien Yuriy Derevyanko, partisan de Saakachvili, a annoncé que l’ancien gouverneur de la région d’Odessa avait l’intention de rester vivre à la frontière s’il n’est pas admis sur le territoire ukrainien.

« Je reviendrai quand même »

En dépit de tout, Mikheil Saakachvili fait preuve d’un optimisme sans faille en assurant ses partisans que le gouvernement ukrainien n’a aucun droit de ne pas le laisser venir sur le sol ukrainien.

Son avocat, Nazar Koultchytskiy, explique : « Saakachvili reste un citoyen ukrainien, malgré le décret illégal (de privation de nationalité). Même si nous regardons cela du point de vue du gouvernement ukrainien, estimant qu’il n’est plus citoyen ukrainien, alors, il doit être considéré comme une personne sans nationalité, qui séjourne constamment sur le territoire ukrainien, car il n’a aucune autre nationalité».

Victor Tchoumak, député ukrainien et ancien garde-frontière, lui aussi, explique que si les gardes-frontières confisquent le passeport de Saakachvili, il a tous les droits d’ exiger un justificatif confirmant qu’il est une personne sans nationalité.  Pour lui délivrer ce justificatif, il doit être emmené au Bureau de l’immigration. Et voilà : il est en Ukraine.

En revanche, nul ne peut prédire ce que fera Saakachvili une fois sur le sol ukrainien. Lui-même, déclare son intention de continuer les activités politiques, rassembler une équipe pour participer aux élections législatives, porter plainte au tribunal et obtenir l’annulation du décret de Petro Poroshenko concernant sa privation de citoyenneté.

Cependant, cette semaine, le ministère de la Justice ukrainien a informé avoir reçu une demande du Bureau du Procureur géorgien sur l’arrestation et l’extradition de Saakachvili qui risque 11 ans de prison dans sa patrie.

« Je reviendrai tout de même. Je n’ai pas peur », a commenté Saakachvili.

« Tirer sans réfléchir »

Mikheil Saakachvili accuse le gouvernement ukrainien d’envoyer des véhicules militaires, des unités des Forces régulières armées ukrainiennes et un régiment du ministère de l’Intérieur «Azov » au point de contrôle « Krakovets » par lequel il a l’intention de revenir en Ukraine.

Les gardes-frontières nient cela en expliquant que les frontières ont été renforcées à cause des entraînements militaires russo-bélarusses qui auront lieu prochainement au Bélarus.

En attendant, quelques centaines des partisans de Saakachvili arriveront à la frontière samedi matin. Ils seront quelques milliers dimanche matin. Les organisateurs de l’événement affirment qu’il sera parfaitement pacifique et que tous ceux qui ramèneront des armes et de l’alcool seront arrêtés et rendus à la police.

Oleg Slobodyan a commenté cela en déclarant que toutes les actions dans la zone frontalière doivent impérativement être convenues avec le Service des gardes-frontières. «Tout campement de tentes est une violation de la législation. Cependant, nous faisons tout pour éviter tout affrontement physique, car il faut supposer que ce que les organisateurs de cet événement n’attendent que cela ».

Oleg Lyachko, leader du Parti radical de l’Ukraine, député, connu pour ses déclarations et actes provocateurs a exhorté les gardes-frontières à « tirer sans réfléchir sur tous ceux qui vont essayer de forcer la frontière de l’État ».