Selon les experts, la situation financière et l’endettement de la Grèce et de l’Ukraine ne sont pas comparables

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Kiev, le 10 juillet 2015 – La situation financière et l’endettement de la Grèce et de l’Ukraine ne sont pas comparables, bien que ces 2 pays aient un problème avec le remboursement de la dette extérieure. Cependant, l’origine de ces difficultés et le déroulement des différentes étapes divergent. En conséquence, la situation en Ukraine n’est pas aussi préoccupante que celle de la Grèce. Les experts en économie sont arrivés à cette conclusion lors d’une table ronde à l’Ukraine Crisis Média Center.

Selon Igor Burakovsky, Directeur de l’Institut des recherches économiques et des consultations politiques, le système de crédit a été centralisé, ce qui la norme dans les pays de l’Union Européenne. Les pays de la zone euro, qui incluent la Grèce, sont incapables de réaliser leur propre politique monétaire, ce qui est une cause fondamentale des problèmes économiques en Grèce. «En Ukraine la situation est différente. La dette de la Grèce est de 317 milliards d’euros, celle de l’Ukraine est de 43,5 milliards de dollars».

«Pour sortir de la crise de la dette, les pays doivent non seulement restructurer la dette, mais aussi procéder à des réformes difficiles et souvent impopulaires», a dit l’expert. Contrairement à la Grèce, l’Ukraine obtient déjà les résultats positifs des réformes mises en œuvre en ce qui concerne la décentralisation et la lutte contre la corruption. Parallèlement, M. Burakovsky a souligné que les réformes étaient un processus permanent. Il faut surtout remplir les conditions de l’Union Européenne prévues par l’Accord d’Association. «Compte tenu de ces différences, les conséquences du défaut de paiement pour l’Ukraine et la Grèce ne sont pas comparables. Dans certaines circonstances, le défaut est un instrument politique, tout comme la faillite ne signifie pas nécessairement la mort d’une entreprise. On observe en Grèce un défaut complet, mais en dépit de cela, les pays européens ont commencé avec elle un nouveau cycle de négociations. En Ukraine, il n’y aurait qu’un défaut technique».

Pavlo Kouchta, économiste du Paquet des réformes confirme la différence radicale entre la situation en Ukraine et celle de la Grèce. «Notre différence avec la Grèce c’est que nous ne sommes pas dépendants de créanciers. La Grèce continue de commercer avec les puissances auxquelles elle emprunte toujours de l’argent. Nous sommes en contact avec le FMI, et non avec des créanciers privés, c’est moins dangereux. La restructuration aura lieu probablement dans six mois, mais les réformes continueront. Par contre, en Grèce, on ne se soucie pas vraiment des réformes. En Grèce, la société ne souhaite pas, semble-t-il, être réformée, contrairement à l’Ukraine dont les habitants, en faisant la Révolution, ont exprimé leur volonté de pas vivre comme avant».

Selon Olexandre Valchichen, Directeur du département d’analyse d’ICU, la situation en Ukraine est meilleure en termes de perspectives. En Grèce, le gouvernement a été délibérément choisi parmi les représentants des forces de gauche qui, en substance, ne sont pas des réformateurs. Suite à leurs actions, le pays est entrain de perdre progressivement de sa crédibilité, le coût de l’emprunt a augmenté et les marchés d’exportation se sont fermés devant elle. En outre, a-t-il dit, même avant l’arrivée au pouvoir du nouveau gouvernement, les dettes avaient déjà été restructurées et prises en charge par les créanciers officiels, notamment le FMI, la Banque centrale européenne etc. La Grèce négocie avec ces structures officielles, mais ne trouve pas d’accord avec elles sur un programme de réformes et de réhabilitation du pays. «Là est toute la différence. Le gouvernement grec n’arrive pas à négocier avec les créanciers clés, alors que le gouvernement ukrainien non seulement parvient à le faire, mais aussi prend des mesures pour améliorer les perspectives».

Il est normal de négocier la restructuration de la dette, cela prouve  que le gouvernement ne fuit pas ses responsabilités. «Sans la restructuration de la dette extérieure, l’économie ukrainienne serait tellement écrasée par les dettes que les perspectives de croissance économique et le rétablissement du bien-être des citoyens seraient un défi terrible. Le pays pourrait alors rester en crise, pendant des décennies, avec une dette économique permanente», a souligné Pavlo Kouchta. «Il est important de comprendre que l’Ukraine a convenu avec les créanciers officiels qu’elle travaille à restaurer sa solvabilité».

Le plus gros problème est l’état de guerre, la corruption, les décisions en demi-teinte ou l’absence de décisions. Taras Kachka, le chef de l’Ukraine Média Centre des Réformes, a souligné qu’il était très important d’être vigilant au processus des réformes dans le pays. Dans les conditions de la guerre de l’information, il est important de traiter scrupuleusement  et efficacement les rumeurs et les évalations.