Le Corps civil d’Azov se dresse contre les tueurs d’animaux

Malheuresement, en Ukraine, pays qui a longtemps choisi d’avancer dans la direction de l’Europe, un problème important persiste. Ce problème, qui n’est pas propre à la société européenne, est celui des animaux errants. Malgré l’action du mouvement de défense des animaux, les chats et chiens sans domicile rôdent toujours dans les rues des villes ukrainiennes. Il y a des personnes qui les accueillent, les soignent  et les transmettent aux refuges pour animaux, pour la plupart privés, il y a des personnes qui leur donnent à manger tout simplement et il y a aussi ceux qui passent indifférement sans leur prêter attention.

Il y a aussi une catégorie de gens à part qui se sont attribués le nom des doghunters ( en anglais dog + hunters, chasseurs de chiens), qui agissent selon le principe «pas de chien, pas de problème » et veulent régulariser le nombre d’animaux errants en les tuant. Les doghunters agissent ouvertement, ils ont des pages sur les réseaux sociaux dans lesquelles ils ne cachent ni leurs visages, ni leurs noms et se ventent de leurs « explois » en diffusant les photos et les vidéos des animaux agonisant. Les nombreuses tentatives des activistes pour les traduire en justice échouent.

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Aujourd’hui, c’est le Corps civil d’Azov qui fait de la lutte contre les doghunters leur priorité. Le Corps civil d’Azov est un organisme visant à collecter des affaires pour le régiment Azov se trouvant dans la zone du conflit en Ukraine, recruter des bénévoles et des volontaires, couvrir des événements à l’est du pays et créer un milieu patriotique autour de l’idée nationale.

Les détails sont dans l’interview avec Serhiy, dirigent du Corps civil à Kiev.

  • Serhiy, pour quelle raison les activistes d’Azov ont décidé de se joindre à lutte contre les doghunters?
  • En janvier 2016, j’ai reçu un coup de fil d’une amie qui m’a raconté que dans le Jardin des Plantes de Kiev, les activistes ont attrapé une personne qui empoisonnait les chiens. Nous sommes partis voir. Quand nous y sommes arrivés, les chiens étaient encore en vie. Un chien a pu être sauvé mais malheureusement, l’autre est mort en souffrance sous nos yeux. Alors, nous avons commencé à chercher des dossiers sur les doghunters. Il est incroyable que ces gens-là, capables de tuer des êtres vivants, vivent parmi nous, marchent dans les mêmes rues que nous. Pourtant, ils représentent une menace pour la société. Traditionnellement, les activistes d’Azov participent aux mouvements de protection de l’environnement. Il y a aussi beaucoup de végétariens parmi nous. Donc nous avons décidé de lutter contre ce phénomène.
  • Comment avez-vous commencé ce combat?
  • Nous avons activement soutenu Alina Kostenko, activiste civile qui était traduite en justice par un dénommé Svyatogor, doghunter connu, pour lui avoir infligé des soi-disant «dégâts matériels» (le 27 mars 2013, lors d’une émission de télé «Pour la vie », Alina Kostenko a déchiré une chemise de Svyatogor en l’accusant d’avoir tué cruellement 65 chiens errants dans le centre de Kiev). Et bien grâce au soutien populaire, y compris de nos activistes, le tribunal a reconnu Alina non-coupable.

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  • Est-ce que les doghunters sont au courant pour votre initiative?
  • Oui, et même Svyatogor en personne essaye de nous intimider en nous envoyant des commentaires désagréables sur nos pages dans les réseaux sociaux. Nous le considérons comme un des dirigeants de tout un pan des doghunters, qui agissent non seulement en Ukraine, mais aussi dans d’autres pays d’ex-URSS. Nous proposons à ces individus de se rencontrer en personne et discuter, mais ils refusent et nous évitent. Au lieu d’accepter de se voir, ils continuent à nous harceler, à appeler notre hot ligne en nous provoquant et à essayer de nous convaincre que les chiens errants doivent être empoisonnés et massacrés. Mais maintenant, ils sont devenus beaucoup plus prudents, car ils savent qu’il y a des personnes qui protègent vraiment les animaux.
  • Selon vos estimations, combien de personnes font partie du mouvement des doghunters?
  • Je ne pense pas qu’ils soient nombreux. Selon mes évaluations, à Kiev il n’y a que 10-15 personnes. Mais le problème, c’est qu’ils sont bien organisés, ils ont une hiérarchie bien structurée. Plusieurs d’entre eux ont travaillé dans les forces de l’ordre, possèdent des permis de port d’armes.
  • Quelles sont les méthodes utilisées dans la lutte contre les doghunters?
  • Et bien, nous diffusons l’information qui pourrait aider les gens à affronter les doghunters. Les militants pour les droits des animaux nous appellent et préviennent que les doghunters se préparent à attaquer des chiens dans tel ou tel endroit. Nous partons dans cet endroit pour patrouiller, agir de façon préventive. Malheureusement, en Ukraine, il n’y a que très peu de possibilités de lutter contre la cruauté envers les animaux par les voies juridiques. C’est la raison pour laquelle notre leader, Andriy Biletskiy, député, a déposé au Parlement un projet de loi sur le renforcement des sanctions pénales pour « cruauté envers les animaux ». Nous attendons l’adoption de cette loi. Je suis sûr que pour le traitement brutal des animaux, il est nécessaire d’introduire un châtiment adéquat allant jusqu’à l’emprisonnement. Surtout que beaucoup de criminels et sadiques connus ont démarré leur «carrière» en torturant les animaux pour passer ensuite aux êtres humains.
  • Combien de personnes au sein du Corps civil d’Azov participent à la lutte contre les doghunters?
  • Beaucoup, vraiment, beaucoup. Il y a des gens qui viennent nous voir uniquement pour aider à résoudre ce problème. Pour aller en mission, nous nous réunissons en groupes de 10-15 personnes.
  • Avez-vous d’autres projets d’aide aux animaux?
  • Nos activistes viennent aux refuges pour aider à nettoyer, construire, promener les animaux et prendre soin d’eux. Nous observons si le refuge est bien entretenu, comment le personnel se comporte avec les animaux. Nous faisons ce que nous pouvons pour aider. Personnellement, j’adore les animaux. Si un jour j’ai suffisamment d’argent, je ferais construire mon propre refuge. J’aime beaucoup l’attitude des européens envers les animaux : en Europe, si les gens veulent prendre un chien ou un chat, ils arrivent dans un refuge et prennent un animal, tandis que les Ukrainiens préfèrent souvent acheter sur Internet ou sur le marché et contribuent ainsi à l’élevage non contrôlé d’animaux. J’espère qu’un jour, nos citoyens apprendront aussi à respecter les animaux et l’environnement.

                                                                                                                                                                  Olena Gorkova 

L’article original en ukrainien est disponible sur Politikan.com.ua