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La cause principale de la catastrophe de Tchernobyl est un paternalisme profond de la société soviétique et le principe de «loyauté – une garantie de survie » – Volodimir Vyatrovytch

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A Kiev, le 28 avril 2016 – La catastrophe de la centrale nucléaire de Tchernobyl  est survenue à cause la négligence et de l’incompétence à tous les niveaux du gouvernement soviétique. Les archives ouvertes de l’ancien Comité de la Sécurité d’État Soviétique ( KGB) le prouvent clairement. Selon le rapport du 7 mai 1986, «l’explosion est arrivée en raison d’un nombre de violations importantes des règles de travail et du non-respect des consignes de sécurité lors du fonctionnement du 4ème réacteur».  «La catastrophe nucléaire de Tchernobyl est une incarnation des erreurs fondamentales mises à la base de tout le pays.  Ces erreurs sont un paternalisme profond de la société soviétique et le principe de «loyauté – une garantie de survie ». Les rapports secrets du KGB étaient depuis le début pleins d’avertissements au sujet des problèmes dans la construction et dans l’exploitation de la centrale nucléaire. Mais, comme d’habitude à l’époque soviétique, ceux qui dirigeaient la construction de la centrale voulaient attirer les faveurs de ceux qui dirigeaient le pays en les surprenant avec la vitesse de la construction. La négligence et l’incompétence qui ont conduit à la catastrophe, ont ensuite continué à dominer. Les dirigeants ne comprenaient pas l’envergure de la catastrophe et n’étaient pas en mesure d’évaluer la menace réelle», a déclaré Volodimir Vyatrovytch, président de l’Institut ukrainien de la mémoire nationale lors d’une conférence de presse à l’Ukraine Crisis Media Center.

Les papiers montrent que le ministre de l’Énergie soviétique de l’époque a voulu à tout prix terminer la construction de la centrale en avance et ignorait systématiquement tous les avertissements des experts. En conséquence, le réacteur a été mis en route en décembre 1977, mais en raison de cette précipitation, les ingénieurs ont  commis de nombreuses erreurs. Avant même la mise en route des réacteurs, le personnel de la centrale a constaté de nombreux problèmes de construction. L’équipement technique (tuyaux, réservoirs etc) était défectueux. Dans le rapport du 17 janvier 1979, il est noté que « les violations de la technologie de construction et d’assemblage des travaux ont été constatées dans le secteur du 2ème réacteur de Tchernobyl». Le 19 janvier 1979, Il y a eu un arrêt d’urgence dans le 1ère réacteur. Le 20 avril 1981, il y a eu une fuite radioactive importante. Le 9 septembre 1982, il y a eu un accident au 1ère réacteur. Le 17 mars, le personnel de la centrale a été informé de la présence de fissures dans les murs des 3ème et 4ème réacteurs. Mais la direction de la centrale voulait absolument lancer le nouveau réacteur avant le prochain Congrès du Parti.  Selon l’analyse effectuée en octobre 1984, la sécurité n’était pas assurée lors du fonctionnement des réacteurs, car ils n’ont jamais été testés dans des  conditions extrêmes.

Malheureusement, le gouvernement n’a jamais pris en compte les avertissements. Le premier rapport publié après l’explosion parle d’un simple accident sur un objet industriel. Au lieu d’assurer l’évacuation de la population vivant dans la région de Tchernobyl, la commission spéciale s’occupait de stopper la «diffusion de fausses rumeurs » et de ne pas laisser «répandre la panique».  La première information dans les médias a été publiée à 9 heures du 28 avril, mais ne parlait pas du danger. Le 1ère mai au matin, le niveau de radiation à Kiev a atteint son plus haut niveau, mais aucune information là-dessus n’a été diffusée. Les services spéciaux informaient que «les préparatifs pour la fête du 1ère mai se passaient dans une ambiance politiquement saine».  L’évacuation des habitants de la région de Tchernobyl n’a commencé que 36 heures plus tard. L’évacuation des habitants dans un rayon de 10 km a pris fin le 3 mai. L’évacuation des habitants dans un rayon de 30 km était prévue pour le 4-5 mai. Le 20 mai, le gouvernement parlait de «la possibilité de faire revenir les habitants qui vivaient à 30 km de la centrale».

La vérité sur la catastrophe a été cachée pendant toute l’année. Toutes les informations sur les vraies raisons de la catastrophe, sur l’envergure des dégâts, sur la situation radioactive dans la zone de 30km, sur la désactivation et l’enterrement des déchets radioactifs, sur le syndrome d’irradiation aiguë était tenue secrète. Volodymyr Vyatrovytch raconte : «Dans les rapports du KGB nous lisons des informations sur les conversations préventives et explicatives avec les gens qui répandent de fausses rumeurs ». Le blocus d’information était maintenu aussi au niveau international. Le gouvernement soviétique désinformait les médias étrangers venus en URSS pour couvrir les événements. Cela arrangeait aussi les propriétaires occidentaux des grandes entreprises qui voulaient éviter des mouvements contre la construction de nouvelles centrales nucléaires. Les journaux européens communistes participaient aussi très activement à cette campagne de désinformation.

Toutefois, la société ne pouvait pas ignorer l’ampleur réelle de l’accident. Les mensonges éhontés des  autorités ont conduit à renforcer le mouvement de protestation.  Au premier anniversaire de l’accident en 1987, le KGB a employé tous ses efforts pour contenir les manifestations, mais en 1988 il ne pouvait plus rien faire.

Selon Volodymyr Vyatrovytch, la catastrophe de Tchernobyl a accéléré la chute du régime communiste, car elle a détruit le principe de base du régime : « la loyauté – une garantie de survie».  Le pays qui clame haut et fort sa préparation pour une guerre atomique ne pouvait pas réagir correctement à un accident nucléaire survenue en temps de paix. «L’incapacité du pouvoir de liquider les suites de la catastrophe, d’évacuer la population, fournir de l’aide aux victimes a commencé à détruire ce paternalisme propre aux citoyens soviétiques. L’espoir en État s’est effondré, pour survivre, il a fallu prendre son destin en main. Le mouvement anti-soviétique a pris de l’ampleur puis a été soutenu par ceux qui ont perdu l’espoir en force du pouvoir », a souligné Volodymyr Vyatrovytch