L’énergie ukrainienne : se libérer du charbon

Energy down
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L’Ukraine se bat contre les conséquences du blocus du transport du charbon en provenance du Donbass. Même si l’état d’urgence dans le secteur de l’énergie est maintenu, les consommateurs ne l’ont pas ressenti. Cependant, les centrales thermiques de Zniyiv, de Trypilske et de Prydniprovske ont déjà arrêté leur fonctionnement, celle de Kropivnitski sera la prochaine.

Vsevolod Kovaltchouk, directeur par interim de l’entreprise d’État « Ukrenergo », explique que les centrales sont arrêtées selon le plan de diversification planifiée des chaudières. Dans une situation d’urgence, elles seront remises en service.  Le système est prêt à la  reconstruction  dans les centrales de toutes les chaudières qui fonctionnent avec du charbon anthracite.  La période de standby est utilisée pour réaliser les travaux de réparation et faire des stocks de charbon avant la période d’été.

Les avantages du réchauffement climatique

Les experts estiment que la crise énergétique est désamorcée par le beau temps qui a permis de terminer la période de chauffage deux semaines avant la date prévue. «Le gouvernement ukrainien avance dans la bonne direction en économisant la puissance des centrales. Mais cette situation ne pourra pas durer longtemps. En été la consommation de l’énergie atteindra son sommet en raison de l’utilisation des climatiseurs », prévient Olena Pavlenko, présidente du Centre d’analyse DiXi Group.

La vision stratégique

Volodymyr Omeltchenko, directeur des programmes énergétiques du Centre  Razoumkov, estime que le gouvernement continue d’agir de manière réactive, sans tenter d’élaborer une stratégie d’indépendance à long terme à l’égard du charbon. «Il faut commencer à chercher des fournisseurs de charbon à l’étranger, à adapter les chaudières au charbon du gaz, à économiser l’énergie ».

Avant la fin de 2017, l’Ukraine doit importer 4,7 millions de tonnes de charbon anthracite.  Igor Nasalik, ministre de l’Énergie de l’Ukraine, compte sur l’importation de 2,5 millions de tonnes en provenance des États-Unis. Les entreprises d’énergie ont commencé à contacter des fournisseurs dans d’autres pays.

L’énergie : l’économie ou la politique?

Andriy Perevertaev des «Réformes énergétiques » explique que, pour importer de l’anthracite en quantité suffisante, il faut soit négocier une production supplémentaire avec des pays exporteurs de charbon, soit proposer un prix supérieur pour des sources d’énergie qui sont stockées dans les ports étrangers. Il estime que les entreprises d’énergie ne peuvent pas obtenir des prêts à long terme, car le Parlement ukrainien n’a pas voté la loi «Sur le marché de l’énergie électrique ». Donc, toutes les pertes seront encore incluses dans les tarifs imposés aux consommateurs. Et même si des accords sont signés, il n’y a aucune garantie que les producteurs aient suffisamment de temps pour fournir la quantité de charbon nécessaire. Le prix du charbon étranger n’a jamais été rendu public.

Andriy Favorov, directeur de l’entreprise «Les ressources énergétiques de l’Ukraine », estime qu’acheter du charbon en Moldavie, Biélorussie, Roumanie, Slovaquie ou encore en Hongrie est bien plus avantageux que de l’acheter aux États-Unis. Il est persuadé que ces transactions sont parfaitement possibles, mais il est peu probable que les entreprises énergétiques ukrainiennes (c’est-à-dire Rinat Akhmetov qui possède 70% des centrales ukrainiennes) acceptent de ne plus fonctionner à cause de l’importation depuis les pays voisins d’une énergie moins chère.