Donbass, OTAN/Ukraine/”Pays aspirant”, Guerres du gaz/Nord Stream-2, Affaire Rouban

La situation dans la zone du conflit

Nouvel armistice du 5 mars. Avec la mise en place d’une nouvelle trêve, entrée en vigueur le 5 mars, les forces d’occupation russes ont réduit le nombre de leurs attaques ainsi que  l’utilisation d’armes interdites. Malheureusement, les pertes ukrainiennes n’ont fait qu’augmenter.

Déclarations diplomatiques.  Kurt Volker, représentant spécial américain pour l’Ukraine, confirme que la Russie ne respecte pas les dispositions des accords de Minsk. Il a déclaré que la Russie, en tant que signataire de ces accords, n’assure pas de cessez- le -feu durable, poursuit son déploiement militaire  et ne retire pas ses armes lourdes de la région. Kurt Volker a également indiqué que Moscou aimerait voir l’Ukraine dirigée par un gouvernement pro-russe, mais la jeune génération ukrainienne est définitivement perdue pour la Russie qu’elle perçoit comme agresseur et occupant. Kurt Walker croit aussi que  les démonstrations d’armes nucléaires par Vladimir Poutine, à l’approche des élections, ne sont destinées qu’à une campagne publicitaire.


L’Ukraine a obtenu le statut de «pays-aspirant» de l’OTAN

L’Alliance atlantique reconnaît les aspirations de l’Ukraine à devenir membre à part entière de cette organisation. L’Ukraine a obtenu le statut de «pays aspirant». Les pays intéressés à se joindre à l’Alliance sont invités à participer à un dialogue approfondi avec l’OTAN concernant leurs aspirations à l’adhésion et aux réformes connexes», – peut-on lire dans une note explicative sur la page de l’OTAN. Que signifie cela pour l’Ukraine?

La politique de l’OTAN envers l’Ukraine va-t-elle changer? Non, au siège de l’OTAN on déclare que la reconnaissance des aspirations euro-atlantiques de l’Ukraine à l’OTAN n’implique aucun  changement de politique de l’OTAN, mais ne reflète que la réalité.

Le commentaire du président Porochenko. Petro Porochenko a salué la décision de l’OTAN d’accorder à l’Ukraine le statut de «pays aspirant»  et a déclaré que la prochaine cible de Kyiv était l’obtention d’un plan d’action pour l’OTAN. Le président du Parlement de l’Ukraine, Andriy Paruby, a indiqué que l’adoption de la décision concernant l’adhésion à l’OTAN, par le Parlement ukrainien, a été l’impulsion clé pour l’octroi du statut d’aspirant de l’Ukraine à l’adhésion à l’OTAN.


Un négociateur, concernant l’échange des prisonniers, est soupçonné d’avoir préparé une attaque terroriste à grande échelle contre les premières personnes de l’Etat ukrainien

Le 9 mars, Volodymyr Rouban, chef du Centre de libération des prisonniers, «Corps des officiers», a été arrêté par le SBU  au point de contrôle «Mayorsk» dans la région de Donetsk. Il est accusé en vertu des articles «La possession illégale d’armes» et «La préparation d’un acte terroriste» du Code pénal ukrainien. Le Service de sécurité de l’Ukraine affirme qu’il préparait des actes terroristes à grande échelle, dans lesquelles des milliers de personnes auraient dû périr, notamment, les premières personnes de l’État. Cependant, beaucoup de journalistes doutent de la véracité de cette version.

Qui est Volodymyr Rouban? Volodymyr Rouban  est le chef du Centre responsable de  la libération des prisonniers, «Corps des officiers», une organisation créée en 2013. Elle s’est chargée d’échanger des prisonniers et de leur fournir une assistance dès le début du conflit dans le Donbass, jusqu’à la création du Centre de libération des prisonniers du SBU. Le «Corps» a continué ses activités après la création du Centre du SBU, mais de manière non officielle, en contournant le SBU. En 2014-2015, Rouban a organisé des échanges de masse, en accord avec des combattants des soi-disant «DNR» et «LNR» et a voyagé à Donetsk déjà occupé.

Rouban a visité le territoire occupé. Le négociateur a souvent voyagé dans les territoires occupés. C’est avec l’aide de Rouban, le 24 février 2017, que la députée Nadia Savchenko est allée à Makiivka occupée, dans la colonie pénitentiaire 32, où des prisonniers ukrainiens étaient alors détenus. Rouban a également aidé Savchenko à rencontrer des dirigeants des soi-disant «républiques» à la veille de son voyage chez les prisonniers.

Les relations avec les «DNR» et «LNR» autoproclamées. La première vice-présidente du Parlement ukrainien, Irina Gerashchenko, a affirmé que les mercenaires russes n’avaient pas caché leur attitude amicale envers Volodymyr Rouban, chef du Centre de libération des prisonniers, «Corps des officiers» : « Malgré tous nos efforts, les combattants pro-russes n’ont jamais autorisé les représentants de la Croix rouge ou un médiateur des droits de l’homme d’accéder aux otages, mais ont permis, à plusieurs reprises, l’entrée du « parlementaire » et de la  députée », a-t-elle écrit sur sa page Facebook.

L’accusation du SBU. Le chef du SBU, Vassyl Grytsak, a dit que Volodymyr Rouban, chef du Centre de libération des prisonniers, «Corps des officiers», préparait  une attaque terroriste dans le centre de Kyiv, qui aurait touché des milliers de personnes. Il a déclaré cela lors d’une conférence de presse le 9 mars.

La coordination de la Russie? Le Service de sécurité de l’Ukraine sous-entend que les actions illégales du responsable du Centre de libération des prisonniers, « corps des officiers » de Volodymyr Rouban,  étaient coordonnées avec la Russie.

Le scepticisme et la méfiance des médias. En dépit de la déclaration du SBU, un grand nombre d’experts et de médias ont de sérieux doutes sur le fait que Rouban pouvait préparer un attentat. L’enquête est en cours et l’attention des médias révéleront certainement plus de détails sur cette affaire.


Les nouvelles guerres du gaz et Nord Stream-2

La Russie et Gazprom ne se conforment pas à la décision de la Cour arbitrale de Stockholm. La confrontation à propos du gaz continue même après l’Arbitrage de Stockholm. Rappelons que presque 4 ans après le début de cette affaire, le 28 février dernier, l’Arbitrage de Stockholm a obligé Gazprom à payer à Naftogaz Ukraine, 2,56 milliards de dollars, mais oblige également l’Ukraine à continuer d’acheter du gaz en Russie jusqu’en 2019. Avant l’expiration du contrat, fin  2019, l’Ukraine doit racheter à Gazprom 4 à 5 milliards de mètres cubes de gaz par an. Au lieu d’exécuter une décision de justice, Gazprom a annoncé le début de la résiliation du contrat avec la société ukrainienne pour la fourniture et le transit de gaz et a fait appel au tribunal de Stockholm.

La position de l’Ukraine. Gazprom doit assurer le transit du gaz par l’Ukraine, par une décision de l’Arbitrage de Stockholm, donc il ne devrait pas y  avoir de compromis avec le monopole gazier russe à ce sujet. Cette déclaration a été faite par Petro Porochenko, président de l’Ukraine. «Conformément à la décision de  l’Arbitrage de Stockholm, Gazprom doit assurer le transit du gaz par l’Ukraine. Il ne s’agit ni d’un geste de charité, ni d’un soutien à l’Ukraine, mais d’obligations directes. L’engagement et la décision de la justice doivent être accomplis, un point c’est tout». Cependant, il a souligné que l’Ukraine fera le maximum pour diversifier son approvisionnement en énergie, tout comme l’Union européenne devrait le faire.

La position de l’Union Européenne.  Federika Mogherini, chef de la diplomatie de l’UE, de passage à Kyiv lundi le 12 mars,  a déclaré que Gazprom devrait remplir pleinement ses obligations d’approvisionnement en gaz envers l’Ukraine et que la Commission européenne faisait des efforts pour résoudre cette situation. Au cours de sa visite, Mogherini rencontrera le Président et le Premier ministre de l’Ukraine.

Le gaz n’est pas une question de business,  mais celle de la  politique. Le refus de se conformer à la décision du tribunal montre que pour la Russie, le gaz n’est pas une affaire de business, mais plutôt un instrument de pression politique sur l’Ukraine et l’UE. Dans le contexte de la dernière exacerbation du front gazier, il est clair que la Russie positionne la création du gazoduc Nord Stream 2, comme projet d’affaires, mais la dernière irritation, concernant le front gazier, montre que la motivation principale de la Russie est politique.

L’Europe de l’Est vise Nord Stream-2. Les dirigeants des parlements polonais, lituanien et letton ont signé à Vilnius une lettre déclarant que le gazoduc Nord Stream 2 visait la dépendance énergétique des Etats de l’UE vis-à-vis de la Russie. Auparavant, cette lettre avait été signée par l’Ukraine et la Moldavie. Le Premier ministre polonais, Mateusz Moravetsky, a déclaré qu’il considérait le projet North Stream 2, comme très dangereux pour l’Europe. Il l’a déclaré lors d’une réunion avec les chefs de gouvernement des États baltes.