Elections parlementaires, Marins ukrainiens/ Tribunal international, Sentsov/5 ans de captivité, Régiment immortel

Situation dans la zone du conflit

Les combattants pro-russes continuent de violer la trêve dans le Donbass, en déployant des mortiers lourds, interdits par les accords de Minsk, des lance-grenades, des mitrailleuses lourdes.
Selon Serhiy Nayev, ancien commandant en chef des Forces unies de l’Ukraine, actuellement, 75 000 militaires russes stationnent dans les territoires occupés du Donbass et de la Crimée.

«En Crimée, on compte 40 000 militaires russes et 35 000 dans les territoires du Donbass occupé. Dans les territoires du Donbass occupé, les russes occupent l’ensemble des postes militaires de premier plan et font partie des unités de la soi-disant action ponctuelle. Les unités spéciales sont composées de russes et d’instructeurs russes, soit entre 2100 et 2300 personnes. Ensuite, on dénombre environ 11 000 citoyens russes au sein des unités «des armées»,  avant la délivrance des passeports, et le reste du personnel est constitué de résidents locaux», a expliqué Nayev.

Répondant à la question de savoir si les russes perçoivent leur mission sur les territoires occupés du Donbass comme une punition ou une ascension dans leur service, l’ex-commandant des Forces unies a noté que les humeurs parmi des officiers réguliers de la Fédération de Russie étaient différentes. «Les cadres supérieurs, les généraux, comprennent qu’il n’y aura pas de mouvement sur le front, donc, ils occupent calmement leurs postes. Et parmi les officiers subalternes, l’humeur n’est pas très bonne», a-t-il déclaré.


Investiture de Zelensky et élections législatives: à quoi s’attendre?

Ancien ou nouveau parlement? Le Président élu, Volodymyr Zelensky, doit d’abord résoudre le premier problème politique immédiatement après l’inauguration: que faire avec le Parlement? Les élections ordinaires de la Verkhovna Rada sont prévues pour le 27 octobre de l’année en cours. Dans ces conditions, Zelensky serait obligé de travailler avec le Parlement, dans lequel il n’a pas la majorité des voix, ou avec le groupe parlementaire, ou dissoudre le Parlement et gérer le processus des élections anticipées.

Les dates sont importantes. Zelensky a déjà indiqué qu’il souhaitait pouvoir exercer le droit de dissolution du Parlement, mais il ne peut le faire que jusqu’au 27 mai 2019. En effet, aux termes de la Constitution, la dissolution du Parlement ne peut avoir lieu que six mois avant la fin de ses pouvoirs.

Zelensky insiste sur le fait que son inauguration devrait avoir lieu le 19 mai, notamment pour cette raison. Dans ce cas, le Président disposera de huit jours pour signer un décret de dissolution du parlement. Zelensky a enregistré une vidéo dans laquelle il a exhorté les députés à voter l’investiture pour le 19 mai.

Maintenant, le sort du Parlement est entre les mains des députés. Après tout, conformément à la Constitution, c’est la Verkhovna Rada qui approuve la date de l’inauguration. Si les députés acceptent l’investiture le 19 mai, ils signaleront au président élu qu’ils sont prêts à partir. Si les députés choisissent une investiture après le 27 mai, cela montrera clairement à Zelensky que le Parlement ne lui fait pas confiance pour résoudre le problème des élections législatives anticipées et qu’il n’a pas l’intention de quitter la Rada avant l’heure.

La vice-présidente de la Rada, Iryna Gerachtchenko, a annoncé que cette question serait examinée par le Parlement le 14 mai.

Y a-t-il une raison de dissoudre le Parlement et de procéder à des élections anticipées? La loi détermine dans quelles conditions des élections législatives anticipées peuvent être organisées. Le conseiller de Zelensky, Dmytro Razumkov, a déjà indiqué que la raison d’une telle décision pourrait être l’absence de coalition au Parlement.

La coalition au Parlement se présente comme suit: la majorité actuelle dans la Verkhovna Rada est constituée de la faction du Bloc de Petro Porochenko et du Front populaire – les deux dernières factions sur cinq qui ont formé en 2014 une coalition d’unité nationale. En avril 2016, lorsque le Parlement a approuvé le gouvernement de Volodymyr Hroisman, le Bloc de Petro Porochenko et le Front populaire représentaient 227 députés sur 450 députés (majorité minimale).

Depuis lors, chacune des factions a rétréci, il ne reste que 215 députés. Cela n’empêche pas le Parlement d’adopter des lois avec des votes de certains députés qui n’appartiennent pas à des factions.


La Crimée dans les médias russes: les recherches
Cinq ans après l’annexion, les médias russes continuent de saisir toutes les occasions pour rappeler à leur auditoire international que la Crimée serait maintenant russe. Des experts de l’Institut des médias  ont analysé les nouvelles des principaux médias russes pour vérifier le contexte qui mentionne la Crimée occupée.

Contrairement aux nouvelles concernant l’Ukraine, en Crimée «tout va très bien, car elle est russe».

L’analyse a montré que la majorité des nouvelles, à savoir 33%, sont consacrées à ce qu’on appelle «l’amélioration», à savoir des nouvelles concernant les conditions de l’amélioration de la vie des Criméens, l’augmentation du nombre de touristes et la restauration du territoire.

La seconde place revient aux nouvelles «Crimée est à nous» dans lesquelles des personnalités publiques, des politiciens soulignent que «La Crimée appartient aux Russes», ou alors que cette  information apparait dans le contexte de la nouvelle.

La troisième place avec 14,7% revient aux faits divers et la quatrième (13,8%) à Volodymyr Zelensky.

Au cours des recherches, le experts ont analysé 5 sites d’information les plus populaires selon Liveinternet.ru: RIA Novosti, Komsomolskaya Pravda, Gazeta.ru, Izvestiya et Lenta.ru. L’échantillon comprenait toutes les nouvelles du 22 au 26 avril 2019 contenant des références à la Crimée occupée. Au total, 109 nouvelles ont été sélectionnées au cours de cette période.


L’affaire des marins ukrainiens capturés devant le Tribunal international
Le 10 mai, à Hambourg, le Tribunal international du droit de la mer a examiné une plainte déposée par l’Ukraine contre la Russie dans l’affaire des marins ukrainiens que la Fédération de Russie a capturés dans le détroit de Kertch. La Russie a refusé d’assister aux audiences et a noté que le Tribunal n’était pas compétent pour examiner l’affaire. Mais l’absence de la partie russe n’a pas empêché le déroulement de l’audience.

L’Ukraine était représentée aux audiences par une délégation dirigée par la Vice-ministre des Affaires étrangères, Olena Zerkal.

Le sens de la plainte. La plainte indique que le différend entre les pays résulte de la capture illégale de navires de guerre ukrainiens et de leurs équipages le 25 novembre 2018, au moment où ils étaient en train de revenir à Odessa après une tentative infructueuse de traversée du détroit de Kertch.

La Vice-ministre ukrainienne des Affaires étrangères, Olena Zerkal, a déclaré que la Russie violait le principe fondamental de l’immunité des navires de guerre, garanti par la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer. Elle a souligné que «Berdyansk», «Nikopol» et «Yana Kapu» étaient  arrêtés dans les eaux territoriales de l’Ukraine. Mais les actions de la Russie enfreindraient de toute façon la Convention, même s’il s’agissait des eaux territoriales russes – les navires de guerre et leurs équipages ne pouvaient être arrêtés par des puissances étrangères et soumis à une juridiction étrangère. Néanmoins, les militaires ukrainiens sont jugés en Russie et incarcérés au centre de détention de  Lefortovo de Moscou.

Quelle est la position de la Russie? La Russie souligne que les décisions du Tribunal n’ont aucune valeur juridique, car les actions de l’Ukraine dans le détroit de Kertch doivent être qualifiées d’actions militaires. L’avocat Mykola Polozov, conseiller auprès de la délégation ukrainienne et avocat de l’un des marins ukrainiens, Denis Hrytsenko, explique ainsi que la Fédération de Russie fait preuve de doubles standarts, prétendant au tribunal qu’il s’agit d’actes militaires de la part de l’Ukraine, mais parallèlement refuse d’accorder le statut de prisonniers de guerre aux marins ukrainiens lors des audiences au tribunal russe.

Que pourrait signifier la décision du tribunal pour la Russie et l’Ukraine? Le tribunal avait précédemment tenu une audience et imposé des mesures provisoires à l’encontre de la Fédération de Russie, malgré l’absence de ses représentants. L’analogie historique la plus frappante est le cas de l’ « Arctic Sunrise », navire néerlandais, dont les activistes de Greenpeace à bord  ont organisé en 2013 un rassemblement de protestation près de la plate-forme du forage russe dans la mer de Pechora. Les gardes-côtes russes ont arrêté le navire,  tous les membres de l’équipage et les passagers. Pour participer aux audiences du Tribunal international, les autorités russes ont également refusé de se conformer à ses décisions. Mais depuis quelque temps, la Russie a libéré tous les militants et a versé une indemnité de plusieurs millions d’euros au gouvernement néerlandais.

Le tribunal peut, par sa décision, obliger les autorités russes à libérer immédiatement les navires et les marins capturés en Ukraine. Un refus pourrait entraîner une réponse politique et économique de la part des alliés occidentaux de l’Ukraine. Le 25 mai, une décision provisoire du Tribunal, concernant le conflit de Kertch, sera annoncée.


Les prisonniers du Kremlin: cinq ans de captivité d’Oleg Sentsov
Le 10 mai, cinq ans se sont écoulés depuis l’arrestation du réalisateur ukrainien Oleg Sentsov en Crimée occupée. En août 2015, le tribunal russe a condamné Sentsov à une peine de vingt ans d’emprisonnement dans une prison à régime strict pour de fausses allégations de terrorisme. Maintenant, Oleg est dans la colonie de Labitnangi, dans le nord de la Russie. Des représentants de la communauté cinématographique et des défenseurs des droits de l’homme ont organisé une action à Kyiv pour soutenir le réalisateur et d’autres captifs ukrainiens du Kremlin. Les documentaires sur l’emprisonnement de Sentsov: «The Trial» du réalisateur russe Askold Kurov (sous-titré en anglais) et le film «From Crimea to Siberia: How Russia is Tormenting Political Prisoners Sentsov and Kolchenko», réalisé par Hromadske sont disponibles sur Internet en libre accès.

Comment la Russie exploite-t-elle la mémoire de la Seconde Guerre mondiale à des fins de propagande?

Le «Régiment immortel» est un événement annuel dans lequel les Russes, et pas seulement eux, rendent hommage aux membres de leur famille qui se sont battus lors de la grande guerre patriotique de 1941-1945. Selon la tradition,  une campagne avec des portraits de morts et de survivants de cette guerre, a débuté en 2011 dans la ville russe de Tomsk à l’initiative publique du «Régiment immortel», organisme à but non lucratif et non gouvernemental.

Tenant compte du fait que les pays de l’ex-Union soviétique ont subi des pertes très importantes lors de la Grande Guerre patriotique – le nombre de morts a atteint 27 millions – le désir initial de préserver la mémoire de ces événements est compréhensible. Cependant, ce qui a commencé comme une action civique s’est transformé en un instrument d’influence politique avec le slogan « victoire sur le fascisme », activement récupéré par le gouvernement russe dans ses politiques internes et externes, après que le gouvernement a pris le contrôle de cette initiative.
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