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Jour 1287 de résistance, pourquoi le Kremlin diffuse-t-il une vidéo de Ianoukovitch et quel est le lien avec le discours de Poutine en Chine

Les forces de défense ont libéré Oudatchné, dans la région de Donetsk, et y ont hissé le drapeau ukrainien. Environ 2000 soldats nord-coréens ont été tués aux côtés de la Russie dans la guerre contre l’Ukraine, selon les services de renseignement sud-coréens. Pourquoi le Kremlin a-t-il sorti Ianoukovitch de l’oubli et quel est le lien avec le discours de Poutine en Chine — analyse de l’ISW.

Pourquoi le Kremlin a-t-il sorti Ianoukovitch de l’oubli et quel est le lien avec le discours de Poutine en Chine, analyse de l’ISW

Le Kremlin a probablement utilisé la vidéo de Viktor Ianoukovitch, dictateur en fuite et ancien président de l’Ukraine, pour la faire coïncider avec le discours de Vladimir Poutine lors du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) en Chine et pour légitimer l’exigence de Poutine d’un changement de pouvoir en Ukraine.

C’est ce qu’écrivent les analystes de l’Institut pour l’étude de la guerre (ISW) dans leur nouveau rapport. Ils rappellent que le 1er septembre, les médias d’État russes ont publié une allocution vidéo de Ianoukovitch dans laquelle celui-ci affirmait qu’il aurait travaillé, durant sa présidence, à rapprocher l’Ukraine de l’Union européenne et que son objectif final était l’adhésion du pays à l’UE. Ianoukovitch a accusé les partenaires européens de l’Ukraine d’un comportement « incorrect » pendant les négociations entre Kyiv et Bruxelles et a critiqué l’UE pour son prétendu manque de compréhension des difficultés économiques de l’Ukraine. Il a également déclaré avoir toujours été opposé à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, qui selon lui aurait été une « catastrophe » et « un chemin direct vers la guerre civile ».

L’ISW souligne que la dernière apparition publique de Ianoukovitch dans les médias remontait à juillet 2022, lorsqu’il avait appelé les Ukrainiens à se rendre à la Russie. On ignore quand sa nouvelle vidéo a été enregistrée, mais il l’a commencée en affirmant que Poutine « avait absolument raison ». Les analystes estiment qu’il s’agit d’une référence au discours de Poutine sur l’Ukraine au sommet de l’OCS en Chine, ce qui indique que l’allocution de Ianoukovitch a très probablement été orchestrée par Moscou. La diffusion de cette vidéo dans les médias d’État russes aurait donc été intentionnellement synchronisée avec les déclarations de Poutine.

Ainsi, le Kremlin chercherait à préparer le terrain pour affirmer que Ianoukovitch, et non Volodymyr Zelensky, est le dirigeant légitime de l’Ukraine, avertit l’ISW. Toutefois, les analystes rappellent à la communauté internationale que de tels propos sont faux, puisque Ianoukovitch a fui l’Ukraine après la Révolution de la dignité, et que depuis, le pays a organisé plusieurs élections démocratiques.

L’ISW rappelle aussi que, lors de son intervention au sommet de l’OCS en Chine, Poutine a de nouveau montré son refus de tout compromis concernant ses exigences inflexibles de capitulation totale de l’Ukraine. Dans ce discours, Poutine a affirmé que la « crise » en Ukraine \[c’est-à-dire la guerre déclenchée par la Russie] ne serait pas « le résultat de l’attaque russe contre l’Ukraine », mais la conséquence du « coup d’État » de 2014, prétendument « provoqué par l’Occident » \[ainsi désigne-t-il la Révolution de la dignité]. Il a aussi affirmé que la guerre en Ukraine avait été provoquée par les tentatives constantes de l’Occident d’« entraîner l’Ukraine dans l’OTAN », ce qui, selon le dictateur, aurait constitué une menace directe pour la sécurité de la Russie. Poutine a ajouté que le « coup d’État » de 2014 avait écarté du pouvoir une direction ukrainienne hostile à l’adhésion à l’OTAN [sous-entendant Ianoukovitch].

Poutine a également répété que la paix en Ukraine ne pourrait être durable que si le règlement éliminait les « causes profondes » de la guerre. Le Kremlin a souvent utilisé ce récit des « causes profondes » pour exiger le remplacement des autorités ukrainiennes actuelles par un gouvernement fantoche prorusse, l’obligation pour Kyiv d’adopter une neutralité stricte et le renoncement à la politique de la porte ouverte de l’OTAN, rappellent les analystes. L’affirmation de Poutine selon laquelle la Révolution de la dignité de 2014, qu’il appelle « coup d’État », aurait évincé les dirigeants ukrainiens, sert à soutenir la narration constante du Kremlin selon laquelle le gouvernement actuel serait « illégitime » et ne devrait pas diriger le pays. Le fait que Poutine ait personnellement porté ce récit montre qu’il reste fidèle à ses objectifs de guerre initiaux, insiste l’ISW.

En même temps, les exigences de Poutine concernant un changement de pouvoir en Ukraine, formulées lors du sommet de l’OCS, ne sont pas nouvelles, mais constituent une répétition de ses revendications d’avant-guerre, qu’il a maintenues tout au long du conflit, ajoutent les analystes. Poutine évoquait déjà la Révolution de la dignité comme un « coup d’État » dans son essai de 2021 *Sur l’unité historique des Russes et des Ukrainiens* ainsi que dans son discours au début de l’invasion à grande échelle le 24 février 2022. L’ISW rappelle aussi les informations selon lesquelles Ianoukovitch se trouvait en Biélorussie en mars 2022, probablement dans le cadre des tentatives du Kremlin de le réinstaller à la présidence de l’Ukraine. La répétition actuelle de ces exigences par Poutine illustre combien son refus d’abandonner ses objectifs de guerre initiaux reste un facteur clé du blocage des négociations de paix après la rencontre entre les États-Unis et la Russie en Alaska en août 2025.

Les forces de défense ont libéré Oudatchné, dans la région de Donetsk, et y ont hissé le drapeau ukrainien

Les forces de défense de l’Ukraine ont libéré le village d’Oudatchné, dans le district de Pokrovsk, région de Donetsk, des occupants russes.

L’état-major général des Forces armées ukrainiennes l’a annoncé le mardi 2 septembre et a publié une vidéo. Après la libération, les militaires ukrainiens ont hissé le drapeau national dans le village. La libération d’Oudatchné a été menée par le 425e régiment d’assaut indépendant *Skelia*. Lors de l’opération, en combat rapproché et avec le soutien de moyens de frappe, toutes les positions fortifiées de l’ennemi ont été détruites.

« Pendant deux semaines, les groupes d’assaut ont méthodiquement nettoyé le village, maison par maison, avant de hisser le drapeau ukrainien au-dessus de la localité », précise la vidéo.

Le 1er septembre, l’état-major avait déjà annoncé la libération du village de Novoekonomitchne, près de la ville de Myrnohrad, dans la région de Donetsk.

En août, sur décision du commandant en chef des Forces armées ukrainiennes, Oleksandr Syrsky, des renforts et des moyens supplémentaires avaient été déployés pour neutraliser les groupes de reconnaissance et de sabotage russes dans la direction de Pokrovsk.

Le 29 août, le président Volodymyr Zelensky avait déclaré que la situation restait la plus grave sur ce front, où les Russes avaient concentré environ 100 000 soldats.

Selon l’état-major, au cours des dernières 24 heures, les forces de défense ont repoussé 46 assauts russes dans la direction de Pokrovsk.

Environ 2000 soldats nord-coréens ont été tués aux côtés de la Russie dans la guerre contre l’Ukraine, selon les services de renseignement sud-coréens.

Environ 2000 militaires nord-coréens envoyés en Russie pour participer aux combats en Ukraine ont été tués.

C’est ce qu’ont déclaré des parlementaires sud-coréens en se référant aux données des services de renseignement, rapporte l’agence de presse sud-coréenne Yonhap le 2 septembre.

Le Service national de renseignement de Corée du Sud a également indiqué que Pyongyang prévoit d’envoyer environ 6000 soldats supplémentaires en Russie dans le cadre d’un troisième contingent destiné à soutenir Moscou dans sa guerre contre l’Ukraine. Selon ces informations, environ 1000 sapeurs de combat sont déjà arrivés en Russie.

Les services de renseignement précisent que les troupes nord-coréennes actuellement déployées se trouvent à l’arrière, en tant que forces de réserve.

Le média rappelle que depuis octobre de l’année dernière, la Corée du Nord a envoyé environ 13 000 militaires pour soutenir les opérations militaires de la Russie.

La RPDC elle-même avait reconnu avoir perdu environ 350 soldats lors des première et deuxième vagues de déploiement en Russie.