Cette semaine en Ukraine a été exceptionnellement tendue. Au cours du week-end dernier, tout le monde attendait une éventuelle invasion russe, qui pouvait avoir lieu, selon les renseignements étrangers, le 16 février. Mais la Russie a assoupli sa rhétorique la veille et, lors d’entretiens avec les ministres russes de la Défense et des Affaires étrangères, Choïgou et Lavrov, le président Poutine a accepté de poursuivre les négociations avec l’Occident et de réduire certains exercices militaires. Cependant, le lendemain, la Douma d’État a voté pour demander au président de la Fédération de Russie de reconnaître l’indépendance des républiques séparatistes de Donetsk et de Luhansk. Et le 17 février, les tensions se sont aggravées dans le Donbass : les forces d’occupation russes ont commencé à bombarder le territoire ukrainien sur toute la ligne de démarcation. Que se cache-t-il derrière ces événements ? Quels pourraient être les projets du Kremlin ? L’UCMC résume la réaction de l’Ukraine et de ses partenaires étrangers.
Nombre record de bombardements dans le Donbass. Depuis le début de la journée du 17 février, des séparatistes prorusses du Donbass ont pilonné des dizaines de localités avec des mortiers et d’autres armes interdites par les accords de Minsk.
À la suite de ces actions, plusieurs militaires et deux civils ont été blessés. L’un des obus a touché une crèche à Stanytsya Luhanska, où se trouvaient des enfants au moment du bombardement. Heureusement, les enfants n’ont pas été blessés, car ils se trouvaient dans une autre pièce du bâtiment. En revanche, trois employés de l’établissement ont été blessés.
Une autre communauté s’est également retrouvée sous les tirs : un établissement scolaire de cette ville a été endommagé, 30 élèves et 14 éducateurs qui se trouvaient dans les locaux au moment de l’attaque ont été contraints de se réfugier dans la cave du bâtiment.
Le nombre total de bombardements le 17 février par des militants dans le Donbass est passé à 60, dont 43 avec des armes interdites par les accords de Minsk.
La propagande russe s’est perdue dans les sujets concernant le bombardement de la crèche à Stanytsya Luhanska. Les propagandistes du Kremlin ont publié deux rapports contradictoires : ils ont d’abord écrit que le bombardement n’était qu’une mise en scène, et plus tard, confirmant qu’il avait eu lieu, que la crèche se trouvait sur le territoire de la soi-disant République populaire de Luhansk et que le bombardement aurait été commis par les forces armées ukrainiennes. Ces informations ont été diffusées par tous les médias de masse russes faisant autorité, en particulier «Komsomolskaya Pravda» et «RIA Novosti» qui citaient des sources séparatistes.
Lettre de Moscou menaçant les États-Unis. Le même jour, les Russes ont envoyé une lettre aux États-Unis menaçant de prendre des « mesures militaro-techniques ». « Nous notons que la partie américaine n’a pas donné de réponse constructive aux éléments de base du projet d’accord avec les États-Unis sur les garanties de sécurité préparé par la partie russe », peut-on lire dans le communiqué officiel publié jeudi.
Les autorités russes ont également noté qu’« en l’absence de la volonté de la partie américaine de s’entendre sur des garanties fermes et juridiquement contraignantes pour notre sécurité de la part des États-Unis et de leurs alliés, la Russie sera forcée de réagir, notamment par la mise en œuvre de mesures militaro-techniques ».
Selon les auteurs du document, il s’agit de refuser de poursuivre l’élargissement de l’OTAN, de révoquer la « formule de Bucarest » selon laquelle « l’Ukraine et la Géorgie deviendront membres de l’OTAN », de refuser d’établir des bases militaires sur le territoire de l’ancien État soviétique et non allié, y compris l’utilisation de son infrastructure pour toute activité militaire, et le retour des capacités militaires, y compris les capacités de frappe, et l’infrastructure de l’OTAN à 1997 ». « Ces dispositions sont d’une importance fondamentale pour la Fédération de Russie », indique le document.
Dans le même temps, la réponse indique que l’invasion russe de l’Ukraine n’est pas prévue.
Déclarations de Zelensky : OTAN. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré que l’adhésion à l’OTAN est une garantie de la sécurité et de l’indépendance de l’Ukraine, et qu’il n’y a pas d’autre solution.
Zelensky répondait à la question de la correspondante de la BBC Sarah Rainsford, de savoir si Kyiv était prête à renoncer à ses ambitions de faire partie de l’alliance.
«Je comprends ce que vous vouliez entendre en retour, mais ce n’est pas l’ambition de l’Ukraine», a déclaré Zelensky.
Reconnaissant que le chemin vers l’adhésion à l’OTAN et à l’UE pourrait être long, Zelensky a déclaré que «la chose la plus importante pour lui sur cette voie est de ne pas perdre le pays».
Zelensky a accusé la Russie d’alimenter la crise de l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, « pour justifier sa présence à la frontière… qu’elle défend prétendument sa souveraineté ». Selon lui, tout cela est une information déformée.
Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a également réclamé à nouveau le droit de l’Ukraine à rejoindre l’alliance.
«Nous ne pouvons pas accepter un retour à une ère de sphères d’influence, où les grands pays harcèlent, intimident les autres pays ou leur imposent des conditions», a-t-il déclaré jeudi lors d’une conférence de presse.
Déclaration d’Anthony Blinken lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU et déclarations du chef du Pentagone. Lors de son discours, le secrétaire d’État américain Anthony Blinken, qui s’est précipité au Conseil de sécurité de l’ONU, a énuméré d’éventuelles provocations de la part de la Russie qui pourraient servir d’excuse pour lancer une attaque militaire, y compris une attaque terroriste en Russie. Selon Blinken, la Russie prévoit de créer artificiellement un prétexte à l’invasion : une attaque à l’explosif organisée artificiellement quelque part en Russie, ou de prétendues fosses communes, ou une attaque par drone contre des civils, ou même une véritable attaque avec des armes chimiques.
La Russie est susceptible d’appeler ces provocations « nettoyage ethnique » ou « génocide » par l’Ukraine. Dans le même temps, Blinken a précisé que ni les services de renseignement américains ni les services de renseignement alliés de l’OTAN n’ont de preuve que la Russie retire effectivement des troupes des frontières ukrainiennes, mais au contraire renforce son contingent militaire. Selon lui, au 17 février, la Russie a concentré plus de 150 000 soldats à divers endroits le long de la frontière avec l’Ukraine.
Le secrétaire d’État a déclaré que la Russie pourrait lancer une offensive à grande échelle dans les prochains jours. Avec près de 3 millions d’habitants, Kyiv est l’un des principaux objectifs de la direction militaire russe, selon un haut diplomate américain. Blinken dit que le plan de la Russie est de lancer une offensive avec des frappes massives de missiles et des cyberattaques qui devraient perturber la communication entre le gouvernement ukrainien et l’armée. Après un tel départ, le matériel et les troupes russes pourront lancer une offensive terrestre rapide.
Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, cité par Reuters, a également souligné que les États-Unis estiment que la Russie organise un stockage du sang. Selon le ministre, de telles choses ne se font pas sans raison et sans intentions sérieuses.
Le ministère des Affaires étrangères de l’Ukraine sur la signature de l’alliance tripartite Kyiv-Londres-Varsovie: tactique des petites alliances. Une alliance tripartite entre l’Ukraine, le Royaume-Uni et la Pologne a également été officiellement lancée jeudi à Kyiv.
«Je crois que, dans une perspective historique, le nouvel axe Londres-Varsovie-Kyiv apportera une contribution importante au renforcement de l’espace Baltique-Mer Noire et à la création d’une nouvelle réalité géopolitique dans notre partie de l’Europe », a écrit le ministre des Affaires étrangères ukrainien Dmytro Kuleba sur sa page Facebook.
« La vie ne consiste pas seulement à résoudre les problèmes d’aujourd’hui. Nous n’oublions pas les objectifs stratégiques à long terme de l’Ukraine et continuons à mettre en œuvre une stratégie de politique étrangère proactive. Si, à cause des menaces de la Russie, nous abandonnons notre cap à long terme et laissons la Russie nous entraîner dans une réponse continue à ses exigences et à ses menaces, nous ne pourrons jamais gagner. Seule une action proactive à long terme peut changer radicalement le cours de cette guerre hybride. La création d’une nouvelle alliance tripartite est justement une de ces étapes. Sur cette carte, vous voyez comment le nouveau format est intégré à notre stratégie plus large de petites alliances ukrainiennes – le triangle de Lublin, le trio associé, le quadrige avec la Turquie. Le système des petites alliances est déjà capable de résoudre rapidement des problèmes spécifiques urgents. Renforcer les capacités de défense. Mettre en œuvre des projets économiques rentables. Développer les infrastructures de transport. Renforcer la sécurité énergétique. Combattre ensemble les menaces hybrides… Nous avons une stratégie, nous avançons. Nous sommes au centre, pas à la périphérie. La crise passera et l’Ukraine restera forte, avec des alliances fortes», a conclu le ministre.