Les valeurs qui sont devenues vocation, la 29ème histoire de la Liberté

« Les valeurs qui sont devenues vocation, la 29ème histoire de la Liberté », tel est le nom du 8ème Forum de Kyïv sur la  Sécurité, fondé en 2007 par le Fonds d’Arseniy Iatseniuk « Découvre l’Ukraine ». Pourquoi la 29ème histoire? Car il y a 28 pays-membres de l’OTAN -28 pays-membres de l’Union européenne et 28 pays libres et démocratiques. Et là, actuellement, il y a le 29ème pays qui est en train d’écrire son histoire de la liberté et de la démocratie, l’Ukraine. Plus de 400 experts, politiciens, journalistes venus de 20 pays se sont réunis dans le cadre de ce Forum afin de discuter sur la perspective de l’adhésion de l’Ukraine dans l’OTAN et sur l’agression russe dans l’Est du pays en espérant élaborer une nouvelle formule pour la sécurité dans le monde entier. Parmi les invités : le Président ukrainien Petro Porochenko, le premier-ministre Arseniy Iatseniuk, Bruno Lete, coordinateur des programmes de Marshall Fund (Brussels), Robert Niblett, Directeur de l’Institut Royal des relations internationales «Chatham House », Steven Pifer, analyste principal, directeur de l’Institut Initiative Brukinsa Arms Control (USA) etc…

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Bruno Lete, coordinateur des programmes de Marshall Fund (Brussels) a expliqué pourquoi le Marshall Fund apportait son soutien au Forum de Kyïv sur la Sécurité depuis 7 ans. “Notre Fonds continuera à soutenir l’Ukraine et à développer les relations avec l’Ukraine, car pour nous, elle est une partie inséparable de la famille euro-atlantique”. Robert Niblett, directeur de l’Institut royal des relations internationales Chatham House a déclaré à son tour que l’Ukraine possède une place de plus en plus importante dans le système de sécurité européen. « Les valeurs et les libertés que l’Ukraine est en train de défendre sont les mêmes que celles que nous avons en Europe. C’est la raison pour laquelle nous devons absolument apporter notre soutien à l’Ukraine. Non seulement parce quecela est normal, mais aussi parce que cela défend le système de sécurité européen ».

Le Président ukrainien Petro Porochenko qui a aussi participé à l’ouverture du Forum, a remercié chaleureusement les partenaires européens et américains pour leur soutien et a souligné que jamais l’Union Européenne n’a été aussi solidaire et unie. « Il faut absolument trouver de nouvelles formules pour garantir la paix et la sécurité, car les anciennes ne fonctionnent plus ». Il a également  remercié tous les militaires ukrainiens et les bénévoles qui aident l’armée. « Il y a un an, l’Ukraine avait une armée qui avait été délibérément détruite, la base de mobilisation avait  été éliminée, l’armement  moderne se vendait à l’étranger, la logistique était détruite. Quand nous avons demandé  le nombre de soldats capables de se battre, la réponse fut : entre 3 000 et 5 000. Mais le peuple ukrainien s’est réuni pour défendre sa Patrie et nous avons su non seulement résister aux séparatistes armés, mais aussi récupérer une grande partie des territoires occupés. Mais ensuite, nous avons dû affronter l’armée russe, la plus grande armée du continent, très bien équipée et entrainée. Mais nous avons su résister même à l’armée russe, car nous sommes forts d’esprit ».

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Petro Porochenko a promis de tout faire pour que l’Ukraine ne soit plus jamais déchirée par une question de langue ou de croyance. « La Russie a déclenché le conflit armé à l’Est du pays au prétexte qu’il fallait défendre la population russophone, mais nous voyons que tout cela a engendré un très grand nombre de victimes, qui sont effectivement pour la plupart, russophones. Nous voyons que ceux qui parlent russe ont pris une arme pour défendre leur Ukraine avec autant d’ardeur que ceux qui parlent ukrainien. L’Ukraine est plus unie que jamais. »

Oleksandr Tourtchynov, secrétaire du Conseil national de sécurité et de défense de l’Ukraine a participé à la discussion « Crime et châtiment : comment arrêter l’agresseur russe » ? Il a parlé des Accords de Minsk en soulignant que l’Ukraine remplissait correctement toutes les positions des Accords. « Je sais que l’on critique souvent les Accords de Minsk. Je sais qu’ils ne sont pas parfaits, qu’ils sont très souvent violés, mais ce n’est pas parce que les Accords sont mal faits, mais parce que la Russie ne les respecte pas ».

Ensuite, le Président et le Premier-ministre ukrainiens ont évoqué dans leurs discours le problème du Donbass. Petro Porochenko a souligné que les autorités ukrainiennes étaient prêtes à discuter avec le Donbass, mais avec le Donbass ukrainien et  pas avec « les chefs de bandes ». Arseniy Iatseniuk a aussi déclaré que son gouvernement soutenait l’idée des élections démocratiques et transparentes dans le Donbass, mais qu’il ne discutera jamais avec les terroristes.

Eyki Nestor, Président du Parlement de l’Estonie a déploré le fait que tous les hommes politiques européens n’osaient pas appeler les événements à l’Est de l’Ukraine : la guerre. «  Probablement que les hommes politiques en Ukraine, en Estonie et en  Lituanie ne sont pas très expérimentés, mais ils ne craignent pas d’employer le mot «guerre ». Mais nous connaissons des hommes politiques en Europe qui préfèrent éviter ce mot, considérant qu’il est trop fort…. Si on parle de l’Ukraine, on parle de la guerre. On parle de l’absence de la paix entre la démocratie et l’autocratie, entre les médias libres et ceux qui lavent le cerveau de leurs citoyens, entre les personnes libres et celles qui choisissent le sort des esclaves “- a ajouté l’homme politique estonien.

Tous les experts et les hommes politiques participant au Forum ont reconnu que le conflit déclenché par la Russie à l’Est de l’Ukraine n’est pas local, mais global.  Joerg Forbrig, l’agent transatlantique spécialiste des questions de l’Europe centrale et orientale au Fonds Marshall a déclaré : «  Nous sommes tous d’accord sur la nature de cette crise. C’est un conflit à grande échelle, ayant des conséquences importantes pour toute l’Europe et même pour le monde entier. Mais à l’Occident, on ne le comprend pas toujours ».

Olena Gorkova pour UCMC

Photos Théo Humming-Bouffier