Les animaux dans la zone ATO… Un amour quasi humain…

En Ukraine, on aime les animaux, quels qu’ils soient, un amour parfois un peu frénétique, comme un trop plein d’émotions que l’on voudrait partager…

Et puis, un animal, çà ne parle pas, donc l’humain peut lui faire confiance… Dans des temps pas si lointains, et malheureusement à nouveau d’actualité, il valait mieux ne pas se confier….

Mais il y a un phénomène bien plus profond : l’amour des soldats ukrainiens pour leurs compagnons à 2, 4 ou 6 pattes…. Un amour presque d’humain à humain… Pour pouvoir partager avec eux cette humanité qu’ils ne peuvent exprimer..

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La guerre, les soldats de l’ATO  ( “Anti Terroriste Opération”, ou  “comment ne pas nommer “GUERRE” ce qui l’est en réalité”…) la connaissent depuis deux ans. Pour défendre leur patrie, ils ont quitté femme, enfants, foyer, travail, famille et animaux… Que leur reste-t-il pour qu’ils se sentent en vie, de quoi ont-ils besoin pour se sentir des hommes, ceux qui protègent, nourrissent, pardonnent et câlinent ? Sur le front, qu’ont-ils de toutes ces émotions ???

Cette émotion et cette générosité qu’ils ont dans leur cœur et leur âme,  ils doivent pouvoir l’exprimer pour se sentir vivre. Alors quoi de plus naturel que d’adopter un petit être sans défense – mais qui parfois peut mordre – et lui donner l’amour et les soins qu’ils ne peuvent plus , pour l’instant, donner à leurs proches ?

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Ajoutons à cela la thérapie par le contact d’une peau sur une autre peau,  une caresse qu’ils voudraient recevoir ou donner ( difficile dans un bataillon composé uniquement d’hommes, soldats de surcroît) mais qui ne viendra que plus tard, si tout se passe bien, ici et là-bas… Psychologiquement, les soldats en ont besoin… Un animal apporte parfois bien plus psychiquement que toute séance de thérapie humaine…

Quoi de plus naturel que de verser une larme, que de prier, que de sourire parfois, et discuter avec un animal, et ce petit être est là pour vous rappeler qu’il y a la vie, et la tendresse, et l’humanité… Autres émotions que l’adrénaline, la peur, les sens en alerte, le chagrin, la douleur… Un soldat écrivait récemment : ce chien me sourit, il est content chaque fois que je reviens du combat, il me parle, et je lui parle aussi…. A ma question : “Et comment s’appelle-t-il ? “, la réponse fut :  il n’a pas de nom, il s’appelle “le chien”… Comme s’il fallait là aussi se retenir de trop s’attacher, des fois que…

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Alors les soldats ont construit des refuges pour les chiens abandonnés, beaucoup par leurs maîtres qui ont du fuir la guerre… Eux, dont les bataillons sont parfois critiqués,  ne seront pas critiquables… L’humanité a besoin d’eux, leur patrie aussi, donc ils sont au rendez-vous pour montrer leur bonté, démontrer que ce ne sont que des hommes voulant avant tout défendre leur pays, en restant humains… Pas comme leurs adversaires, pas comme ceux “d’en face”, qui brutalisent des chiens en leur écrivant des insultes à la peinture sur leur pelage… Les soldats qui défendent l’ATO sont et restent des hommes, plein de courage, d’humilité, d’humanité, de tendresse… La force qu’ils mettent dans leur combat n’a d’égale que la tendresse qu’ils apportent à tous ces animaux : chiens, chats, hérissons, salamandres (!!) , chèvres, cochons d’Inde, furets, rats ( eh oui, même les rats sont “adoptés” dans la zone ATO ), hiboux…

Des “amitiés” entre soldats et animaux se créent, pour un peu de douceur, de réconfort… Souvent , ils accompagnent “leurs soldats” dans les trains de permission : quelques jours de vacances, si on peut appeler une permission de guerre de la sorte…

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Dans la zone ATO, les animaux, fuyant les tirs, fuyant le bruit, se réfugient auprès d’eux, pour se mettre sous leur protection… Un échange : tu me protèges et je t’apporte de la douceur… Un soutien mutuel, une tendresse nécessaire, une “bouée “de sauvetage”… Pour échapper à la mort, la mort de l’âme, la mort du cœur, la mort physique… Il faut tenir, il faut vaincre, les uns ont besoin des autres… Un rappel que derrière les  lignes du front, dans leurs villes, d’autres attendent leur tendresse, leur présence, leurs émotions, leur retour…

Un contact quasi humain disais-je…

Ingrid Grisard pour l’UCMC