Les dirigeants de l’Ukraine doivent adopter une stratégie nationale sur la Crimée occupée – Refat Chubarov

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Kiev, le 30 juin, 2015 – « Il est inapproprié de discuter de l’activité de l’Agence d’État sur les questions de la Crimée tant que le Conseil de Sécurité n’a pas élaboré une stratégie nationale sur la Crimée occupée, et tant que le Président de l’Ukraine ne l’a pas approuvé. Aujourd’hui, le travail est entravé par le manque de compréhension de l’importance de ce sujet », a déclaré Refat Chubarov, chef du Mejlis du peuple Tatar de Crimée, lors d’une discussion à l’Ukraine Crisis Média Center. « La stratégie n’est pas seulement un caprice ou un mot à la mode. La stratégie détermine beaucoup de décisions pratiques quotidiennes. Tout d’abord, il convient de donner une orientation sur la façon dont nous devrions protéger les droits des citoyens ukrainiens restés en Crimée», a-t-il dit.

Selon Aslan Omer Kirimli, président de l’Agence d’État sur les questions de la Crimée, ce retard quant à la définition de l’action de l’État pour la Crimée est dû à la bureaucratie, qui est une relique du passé. Les ONG ont soumis leur vision, leur stratégie, leur décision auprès de la direction de l’État.

Olga Skrypnyk, adjointe du président de la Mission de terrain en Crimée concernant les droits d’homme en Ukraine a souligné que le système qui règne désormais en Crimée a pour objectif de combattre toute résistance, notamment les opinions pro-ukrainienne des nombreux Ukrainiens qui sont restés sur le territoire occupé. En Crimée, il n’y a aucun moyen de protection juridique. «C’est un euphémisme du droit russe ; si elle est appliquée, c’est uniquement pour des représailles », a-t-elle déclaré avant d’exhorter à ne pas confondre le concept de territoire et celui de populations presque oubliées en Crimée. Madame Skrypnyk a dit que le statut de non-résident est une discrimination, et le nouvel ordre de la frontière administrative nécessite d’ être revu. Cela empêche notamment le travail des avocats qui défendent les citoyens ukrainiens et qui sont en dialogue avec l’Ukraine. « Bien sûr, cela devrait se prononcer sur les activités économiques et commerciales, mais le blocus ne doit pas aggraver la situation des gens ordinaires. Si on coupe tous les liens avec la Crimée, on la perdra, et on perdra aussi toute connexion avec les gens qui y vivent ».

Dr Arhita Daudze, Ambassadrice Extraordinaire et Plénipotentiaire de la Lettonie en Ukraine, s’est rendue en Crimée l’an dernier au cours des événements du printemps 2014. Elle a souligné que même si la Lettonie terminait sa présidence du Conseil de l’Europe, elle continuerait à soutenir l’intégrité territoriale de l’Ukraine. “La politique de non-reconnaissance de l’annexion est une base qui aidera à retrouver la situation qui était celle d’avant l’occupation”, a déclaré l’Ambassadrice.

L’ancien Ambassadeur de Lituanie en Ukraine, Petras Vaytiekunas, a exprimé sa certitude que pour changer la position de l’Europe, “nous devons comprendre la pensée et toucher le cœur des Européens”. Entre autres, il a appelé les Ukrainiens à procéder à des réformes dans le pays, et l’Occident à soutenir activement l’Ukraine, lui fournir une aide financière et des armes. “Il faut arrêter Poutine et aider l’Ukraine”,  a-t-il insisté.