La loi, privant les déplacés du droit de vote est contraire à la Constitution et aux autres lois de l’Ukraine – les activistes civils

WATCH IN ENGLISH

Kiev, le 16 juillet – «Le Parlement vient de voter une loi privant les déplacés (dont le nombre est estimé à plus d’un million quatre cent personnes) de droit de vote aux élections locales. Cette loi est contraire à la Constitution ukrainienne, ainsi qu’à un certain nombre d’autres lois, notamment la “Loi sur l’auto-régulation” et la “Loi sur les personnes temporairement déplacées”, ainsi qu’aux lois et normes internationales. Nous espérons vraiment que le Président ukrainien mettra son veto à cette loi», ont déclaré Olexandra Dvoretska, Présidente de l’association «Vostok-SOS», Tamila Tacheva, coorganisatrice et coordinatrice de l’ONG « CriméeSOS» et Souleyman Mamoutov, juriste de la fondation «Droit à la défense».

«Il ne faut pas oublier que les déplacés ont été obligés de quitter leur domicile pour sauver leur vie. Il ne faut pas qu’ils se sentent exclus de la société et de la communauté dans laquelle ils vivent actuellement. Ceux qui ont déménagé de leur plein gré, par exemple, pour trouver un meilleur travail, n’ont aucune restriction dans leur droit de vote. Donc, pourquoi ceux qui ont été contraints de déménager ne peuvent-ils pas exercer leur droit de vote?» interroge Souleyman Mamoutov.

«Malheureusement, il existe beaucoup de mythes et de préjugés sur les déplacés, je veux souligner, en particulier, qu’il s’agit bien des «personnes déplacées» et non pas de «personnes temporairement déplacées», comme disent les députés. Beaucoup de déplacés ne pourront plus jamais revenir dans la région où ils vivaient avant le conflit. Donc, aujourd’hui, ils sont devenus membres de la communauté dans laquelle ils ont déménagé. Un déplacé qui habite à Kiev, qui fréquente les établissements médicaux de Kiev, qui a inscrit ses enfants dans une école ou dans une crèche à Kiev, a parfaitement le droit de participer aux élections et de décider du fonctionnement de ces établissements», a déclaré Olexandra Dvoretska. «Souvent, on entend dire aussi que les déplacés doivent avoir un tampon du service d’enregistrement dans leur passeport (propiska) pour pouvoir voter. Or la plupart des déplacés ne peuvent pas avoir ce tampon pour différentes raisons : ceux qui vivent dans des foyers ne peuvent pas en avoir, ceux qui louent un appartement ne peuvent pas en avoir etc…». Tamila Tacheva intervient à son tour : «Nous déconseillons même aux déplacés de Crimée d’avoir ce tampon pour des raisons de sécurité, car il pourrait les mettre en danger à la frontière s’ils ont besoin d’aller en Crimée voir leurs proches. D’autant plus que si un déplacé obtient ce tampon, il cesse d’être un déplacé, donc il perd tous ses avantages, notamment les prestations sociales auxquelles il a droit. Ceux qui ne connaissent pas la situation disent souvent : “les déplacés doivent voter là où ils ont vécu avant le conflit. Mais comment les déplacés de Crimée pourraient-ils voter en Crimée si ce territoire est occupé et qu’il n’y a pas d’élections ukrainiennes?”».

Tamila Tacheva a également déclaré que son ONG effectue actuellement des études pour prouver que la plupart des déplacés ne reviendront plus jamais dans les endroits ou ils habitaient auparavant. «Il faut arrêter de diaboliser les déplacés. S’ils ont quitté les territoires occupés en choisissant de venir vivre en Ukraine, c’est que ce sont des patriotes et qu’ils veulent bâtir la nouvelle Ukraine avec les autres Ukrainiens. Il ne faut pas les empêcher de le faire».