«Je me suis entretenu plusieurs fois sur le Maïdan. Donc je connais très bien le prix que les Ukrainiens ont payé pour combattre le régime de Yanoukovich : la mort de plus d’une centaine d’ Ukrainiens sur le Maïdan, la Crimée annexée et l’agression russe à l’Est du pays»- a déclaré Henri Malosse, Président du Comité économique et social européen lors d’ une conférence de presse à l’Ukraine Crisis Média Center.
Le Comité économique et social européen est une structure européenne qui représente la société civile des 28 pays-membres de l’Union Européenne. Le Comité a pris une position très claire concernant l’Ukraine et ceci depuis le début des événements sur le Maïdan. «Nous avons été la première institution européenne qui a commencé à exiger des sanctions personnelles contre Yanoukovich et son entourage», a souligné Henri Mallosse.
Selon le Président du Comité, l’Union Européenne continue à soutenir résolument l’ intégrité territoriale et les déplacés. «Mais, parallèlement, nous poursuivons notre soutien à la société civile russe. Vous savez, désormais je suis sur la “liste noire”, composée de 89 citoyens de l’Union Européenne interdits d’entrée sur le territoire de la Fédération de Russie», a-t-il ajouté. «Mais je n’ai jamais éprouvé d’agression envers les citoyens russes. J’ ai beaucoup d’amis en Russie. En même temps, notre Comité a gelé toutes les relations avec la Chambre Civile de Russie qui est très proche du Kremlin».
En répondant à la question sur la nécessité de continuer ou de renforcer les sanctions contre la Russie, Henry Malosse a souligné qu’il fallait distinguer les sanctions personnalisées et les sanctions à l’égard de toute la population du pays. «Personnellement, je suis persuadé que les sanctions personnelles contre les personnes impliquées dans les violations des Droits de l’Homme, notamment les droits sociaux, sont légitimes. Cependant, je suis contre les sanctions qui nuisent à toute la population. La population n’ a pas à souffrir des erreurs du gouvernement, surtout sachant que ce dernier n’ a pas été élu de manière honnête, transparente et démocratique”.
Henri Malosse a souligné que la croissance économique et la justice sociale devraient être la priorité pour l’Ukraine. «L’amélioration de la situation économique et sociale dans le pays représentera une victoire pour l’ Ukraine», a-t- il souligné.
Pour la croissance économique, il faut des investissements européens et de l’ expérience européenne. «En tant que le Président du Comité européen et social, je suis très inquiet de l’insuffisance des investissements pour l’Ukraine. Les gentils discours d’ encouragement ne suffisent pas. J’en parle souvent avec mes amis, car je suis proche du monde des affaires. Il est très facile de donner des leçons aux autres, mais il est beaucoup plus difficile de partager son expérience et de montrer les chemins réels qui aideront l’Ukraine à devenir un vrai pays démocratique».
En répondant à la question sur la nécessité de donner un statut spécial au Donbass, Henri Malosse a souligné que cette question avait deux aspects. «Tout d’abord, le pays entier a le droit d’être souverain et de conserver son intégrité territoriale et cela signifie une politique étrangère et une politique de sécurité uniques. Cela concerne aussi le respect des valeurs de base de la nation, notamment les Droits de l’ Homme et dans ce domaine, il ne doit pas exister de doubles standards»- a souligné Malosse.
En même temps, les différentes régions du pays peuvent mener une politique différente concernant les impôts, l’éducation ou la langue. «Je sais que c’ est une question compliquée pour l’ Ukraine. En tant que Corse, je comprends cela très bien. Toute personne a le droit de parler sa langue maternelle, mais parallèlement, elle doit parler correctement la langue d’ État et l’ enseignement doit se faire dans la langue d’État», a-t-il expliqué.
Selon Henri Malosse, la décentralisation est une très bonne chose, c’est une valeur de la démocratie, puisqu’en démocratie les initiatives viennent du bas et pas du haut. «Nous, les Corses, nous reconnaissons l’État français, ses valeurs et ses principes. Jamais, nous n’exigerons de l’État de réviser la politique extérieure ou la politique de sécurité. Mais, parallèlement, nous avons le droit à la défense de notre identité régionale»- a-t-il expliqué.
«Je pense que l’on peut réunir le principe du respect de l’ intégrité de la nation et de la souveraineté de l’ État et le principe de la décentralisation, de l’ autonomie et du respect envers l’ identité régionale», a résumé Henri Malosse.