Kiev, le 13 janvier 2016 – «En Russie, il existe une véritable menace de poursuites pénales pour les personnes qui s’opposent à Poutine. J’avais de réelles raisons de craindre l’emprisonnement, donc, j’ai dû m’enfuir », a déclaré Yuriy Melnytchouk, réfugié politique de Saint-Pétersbourg lors d’une interview à Hromadske Svit.
«L’émigration n’est pas un phénomène très massif, ce n’est pas une évasion de masse. Pour le moment, ce n’est un petit ruisseau, mais il va certainement grossir», a ajouté Herman Obouchov, autre réfugié venu de Russie en été 2014.
En répondant à la question sur l’efficacité de l’opposition russe, Yuriy Melnytchouk a déclaré qu’elle était absolument inefficace, qu’elle était dégradée. L’opposition avait une chance réelle de changer la situation dans le pays durant l’hiver 2011-2012, mais elle l’a manquée. «C’est la raison pour laquelle les gens sont déçus et commencent à quitter le pays».
Selon les réfugiés russes, l’opposition actuelle prévoit de participer aux élections qui auront lieu aussi en Crimée occupée. «Les raisons évoquées par les opposants ne sont exemptes d’opportunisme et l’opportunisme politique ne peut être sans scrupules». À titre d’exemple, ils ont cité l’opposant russe Alexiy Navalny qui avait dit que la Crimée «n’était pas un sandwich que l’on pouvait donner ou reprendre » ou Kara-Mourza qui avait dit que la Crimée «n’était pas un sac de pommes de terre». «Michail Khodorkovski a passé 10 ans en prison, mais n’a rien compris. Il veut se battre pour le Caucase. Ce sont tous des impérialistes. Toute l’opposition n’est que marionnette», a dit Melnytchouk.
Yuriy Melnytchouk et Herman Obouchov pensent que toutes les conditions économiques sont rassemblées pour que, dans un avenir proche, la Russie se décompose en plusieurs Etats. «L’empire russe doit être liquidé. Pour un vrai changement politique,il faut qu’il s’effondre».
Les invités de Hromadske ont aussi parlé de l’idée de «réconciliation» apparue ces derniers temps dans l’espace médiatique russe. Selon Yuriy Melnytchouk et Herman Obouchov, cette idée est imposée par le Kremlin. «De quelle réconciliation peut-on parler après tant de victimes? La Russie doit payer pour ceux qui ont perdu leurs maisons, ceux qui ont été mutilés lors des combats. Ce sont des milliards de dollars», a résumé Herman Obouchov.