L’intervention de Jean-Marc Ayrault, ministre des Affaires étrangères français lors de sa conférence de presse à Kiev

Bonjour à toutes et à tous!

Avec Frank-Walter Steinmeier nous avons eu dès ma prise de fonction un échange sur la situation en Ukraine. Nous allons nous retrouver à Paris le 3 mars dans le cadre du format Normandie au niveau ministriel et nous avons pensé qu’il était utile d’aller à Kiev pour une viste sur le terrain et contribuer ainsi à préparer la réunion du 3 mars. Donc, nous sommes là. Nous avons été accueillis chaleureusement et les premiers contacts que nous avons eu, et que nous allons poursuivre, ont été très denses, constructifs et, dans le même temps, très sincères. Nous tenons d’abord à dire notre soutien à l’Ukraine et c’est le sens de notre présence ici à Kiev. Nous sommes venus en ami et nous voulons voir l’Ukraine continuer à évoluer vers un État moderne et respectueux du droit, une économie ouverte et forte et une société qui se réforme et dans laquelle les citoyens trouvent leur place et de l’espoir. C’est notre objectif, notre objectif commun des Français, des Allemands, des Ukrainiens et c’est, d’une certaine façon, la fidélité à l’esprit du Maїdan qui vous anime.  La France et l’Allemagne vont donc continuer d’accompagner l’Ukraine en respectant la capacité des Ukrainiens à prendre eux-même leurs responsabilités.

Nous le savons, l’Ukraine est dans une situation encore difficile. La situation est loin d’être réglée à l’est, mais nous pensons que les issues existent. Cela suppose d’œuvrer concrètement à un cessez-le-feu effectif qui est la seule base possible pour avancer dans la mise en oeuvre des Accords de Minsk. Toutes les parties doivent prendre leurs responsabilités dans ce domaine. Le contexte de crise politique à Kiev, force est de constater, ne facilite pas les choses et nous l’avons évoqué bien-entendu avec nos interlocuteurs. Nous savons aussi et nous le reconnaissons, que le gouvernement ukrainien a accompli déjà beaucoup de réformes depuis 14 mois. Mais l’Ukraine a encore beaucoup de travail sur la voie des réformes et, pour cela, elle a besoin d’un gouvernement qui soit en ordre de marche, totalement conscient de ses responsabilités et de ses devoirs, mais aussi d’un Parlement, et nous le dirons dans quelques instants aux responsables politiques, qui débat, mais qui adopte les lois nécessaires pour les réformes et pour le bien-être de tous les ukrainiens. Des responsables politiques qui veulent rester effectivement fidèles à l’esprit de Maїdan le doivent au peuple ukrainien. En tout cas, c’est le message que nous avons voulu passer ici et que nous passerons tout à l’heure à la Rada où nous irons dans quelques instants. Nous n’avons pas cessé d’accompagner votre pays et nous allons continuer à le faire. Avec nos partenaires européens dans leur ensemble, mais aussi avec le soutien de la communauté internationale.

Toutefois, je le répète, soyons clairs, vous avez besoin, nous avons besoin, la communauté internationale a besoin d’un gouvernement ukrainien qui conduit une politique déterminée, crédible et durable. Et, à ce sujet, je voudrais rappeler que les réformes en cours, y compris la mise en oeuvre des Accords de Minsk sont indispensables et nécessaires pour l’Ukraine et son peuple. Le pire scénario pour l’Ukraine serait de rester au milieu du gué, de rester dans la situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui, avec des réformes qui sont à moitié appliquées et une situation sans perspectives dans le Donbass. Nous sommes donc à un moment crucial, même si ce qui a été entrepris depuis les Accords de Minsk dans le cadre du format Normandie est inscrit dans la durée, nous en sommes conscients. Mais je pense qu’il est important de continuer à avancer et qu’il n’y ait pas de rupture, qu’il n’y ait pas d’interruption. Mais, après cette visite, malgré les difficultés, nous restons confiants et restons à vos côtés.