Jour 1100 de résistance : l’UE prépare le plus grand plan de défense depuis la guerre froide

L’UE prépare le plus grand plan de défense depuis la guerre froide : des centaines de milliards d’euros pour la sécurité. La Russie insiste sur la reddition de facto des grandes villes ukrainiennes dans quatre régions qu’elle est incapable de conquérir, selon l’ISW. Poutine loue l’administration Trump pour son “pragmatisme” et sa “vision réaliste des choses”

L’UE prépare le plus grand plan de défense depuis la guerre froide : des centaines de milliards d’euros pour la sécurité

L’Union européenne prépare une initiative de défense d’envergure, la plus importante depuis la guerre froide, en prévoyant d’allouer des centaines de milliards d’euros pour renforcer la sécurité. Un plan en trois volets est en cours de réflexion à cet effet.

“European Pravda”, citant un article de Bloomberg, rapporte les propos de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen :
“En ce moment, qui ne se produit qu’une fois par génération, nous avons besoin d’une ‘réflexion d’urgence’ et d’un plan stratégique pour le réarmement de l’Europe.”

Le nouveau système de sécurité commencera à se structurer lors d’une réunion d’urgence des dirigeants de l’UE le 6 mars. Ensuite, le 19 mars, le commissaire à la Défense, Andrius Kubilius, et la cheffe de la diplomatie, Kaja Kallas, présenteront la nouvelle stratégie pour l’industrie de la défense. D’ici là, les négociations sur l’augmentation des ressources du bloc se poursuivront.

Selon Bloomberg, le plan de financement de la défense proposé par von der Leyen repose sur trois éléments. Tous sont complexes, et il n’est pas encore clair dans quelle mesure ils seront mis en œuvre, selon des sources de l’agence.

Le premier volet permettra aux pays de l’UE d’augmenter leurs dépenses en assouplissant les règles budgétaires. Selon certains responsables, cela pourrait mobiliser jusqu’à 160 milliards d’euros.
Les discussions portent sur l’exclusion des dépenses de défense du calcul du déficit budgétaire. Il reste à définir quelles dépenses seront considérées comme relevant de la défense, combien de temps cette règle s’appliquera et si elle affectera l’objectif de l’OTAN consistant à consacrer 2 % du PIB aux dépenses militaires.

Le deuxième volet prévoit la création d’un nouvel instrument de financement commun à l’échelle de l’UE. Ces fonds seront destinés à des investissements dans des projets collectifs, notamment dans les domaines de la défense anti-aérienne, des frappes longue portée, des missiles, des drones et de l’intelligence artificielle militaire.
Certains hauts responsables européens et États membres suggèrent l’idée d’un emprunt commun, mais cette proposition suscite des débats et des divergences au sein de l’UE.

Le troisième volet vise à assouplir les restrictions d’investissement de la Banque européenne d’investissement (BEI), qui ne peut actuellement financer que des biens à usage dual (civil et militaire). Cela permettrait de mobiliser davantage de fonds, y compris auprès des banques privées.

En outre, lors de discussions à huis clos, von der Leyen a suggéré le réaffectation de fonds non utilisés de l’UE, y compris ceux collectés pour la reprise post-COVID-19.

À noter : Le 24 février, Ursula von der Leyen a annoncé à Kyiv qu’elle présenterait un plan visant à accroître la production européenne d’armements, dont bénéficierait également l’Ukraine.
Par ailleurs, le journal allemand Berliner Zeitung a rapporté que l’UE discute d’un plan massif d’augmentation des dépenses de défense et d’aide à l’Ukraine, qui pourrait atteindre environ 700 milliards d’euros.

La Russie insiste sur la reddition de facto des grandes villes ukrainiennes dans quatre régions qu’elle est incapable de conquérir, selon l’ISW

Les responsables russes impliqués directement dans les négociations avec les États-Unis continuent d’insister sur le fait que tout accord de paix pour mettre fin à la guerre en Ukraine doit être basé sur les exigences russes de 2021. Celles-ci incluent la cession à la Russie de territoires et de villes actuellement sous contrôle ukrainien, où vivaient plus d’un million de personnes avant la guerre.

C’est ce que soulignent les experts de l’Institute for the Study of War (ISW) dans leur dernier rapport.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui dirigeait récemment la délégation russe lors des négociations russo-américaines du 18 février en Arabie saoudite, a déclaré le 26 février que des négociations menant à un gel de la ligne de front en Ukraine étaient impossibles. Lavrov a insisté sur le fait que la Constitution russe stipulerait prétendument que les frontières de la Russie englobent l’intégralité des régions ukrainiennes de Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijjia — alors même que Moscou ne les contrôle pas entièrement.

Lavrov a également affirmé que la Russie rejetterait tout accord de paix qui permettrait la poursuite des livraisons d’armes occidentales à l’Ukraine. Selon l’ISW, le chef de la diplomatie russe ne fait que reformuler les exigences maximalistes que la Russie impose à l’Ukraine depuis longtemps. Les analystes soulignent que Moscou tente de justifier ces revendications par des arguments pseudo-juridiques, malgré l’illégitimité totale de l’occupation russe des territoires ukrainiens selon le droit international.

Ainsi, Lavrov s’appuie sur la “Constitution russe” comme un facteur prétendument légal et donc “nécessaire” dans les futures négociations avec les États-Unis.

En d’autres termes, le Kremlin exige que l’Ukraine cède plusieurs grandes villes que l’armée russe n’a pas encore occupées et n’a pas les moyens de capturer à court terme, livrant de facto un million d’Ukrainiens à la Russie, souligne l’ISW.

En effet, l’occupation par la Russie du reste des quatre régions mentionnées inclurait plusieurs grandes villes :

Kherson (population avant-guerre : 275 000)

Kramatorsk (population avant-guerre : 147 000)

Zaporijjia (population avant-guerre : 706 000)

L’ISW met en garde contre le fait qu’une occupation russe de ces grands centres urbains aggraverait considérablement la catastrophe humanitaire en Ukraine. La Russie y appliquerait probablement les mêmes méthodes de répression, de déportation et d’assimilation forcée qu’elle a déjà utilisées contre des millions d’Ukrainiens sous son occupation depuis plus de trois ans d’invasion à grande échelle, et même huit ans avant cela lors de la première phase de la guerre.

Contexte militaire : L’avancée russe sur la ligne de front s’est récemment ralentie, et ses troupes subissent de lourdes pertes en hommes et en matériel, rappellent les analystes de l’ISW. Selon eux, il est peu probable que la Russie puisse militairement occuper entièrement Louhansk, Donetsk, Zaporijjia et Kherson dans un délai court — voire même jamais.

Ainsi, la rhétorique de Lavrov semble être une tentative de parvenir par la diplomatie à ce que l’armée russe est incapable d’obtenir par la force sur le champ de bataille.

Poutine complimente l’administration Trump pour son “pragmatisme” et sa “vision réaliste des choses”

Le président russe Vladimir Poutine a loué l’administration de l’ancien président américain Donald Trump pour son “pragmatisme” et sa “vision réaliste des choses”, soulignant que les premiers contacts avec les représentants de la nouvelle administration suscitent “certains espoirs”.

Il a fait cette déclaration lors d’une réunion du collège du FSB, le jeudi 27 février, rapporte “European Pravda”.

“Il est important que nos partenaires actuels fassent preuve de pragmatisme, d’une vision réaliste des choses et qu’ils renoncent à de nombreux stéréotypes, aux soi-disant règles et aux clichés idéologiques messianiques de leurs prédécesseurs, qui ont en réalité conduit à la crise de tout le système des relations internationales.”
– Vladimir Poutine

Il a ajouté que ces clichés auraient “commencé à saper la communauté occidentale de l’intérieur”.

Le président russe a affirmé que les contacts avec la nouvelle administration américaine inspirent “certains espoirs”, car il y aurait une “volonté réciproque de travailler à la restauration des relations interétatiques”.

“Les problèmes économiques de nombreux pays occidentaux et leurs difficultés en politique intérieure en témoignent. Nous voyons tout cela. Cela se manifeste particulièrement lors d’événements politiques internes dans ces pays.” –  Vladimir Poutine

Dans la matinée du 27 février, une délégation russe est arrivée à la résidence du consul général des États-Unis à Istanbul, où se tiendra une rencontre entre représentants de Moscou et Washington.

Selon des agences d’information, les discussions porteront sur le rétablissement mutuel du fonctionnement complet des ambassades, rapporte “Radio Svoboda”.

Les négociations se déroulent à huis clos, et la composition des délégations n’a pas été divulguée.