À Kiev, le 23 avril 2015 –
« La société française a très peu d’informations sur l’Ukraine et les processus qui ont lieu dans ce pays. Le milieu le plus pro-ukrainien en France est les médias, mais, malheureusement, ils ne s’intéressent à l’Ukraine que lors des événements vraiment importants comme le crash du Boeing de la Malaisia Airlines qui a eu lieu au mois de juillet 2014 », a déclaré Galia Ackerman, écrivaine, historienne, journaliste et traductrice franco-russe, spécialiste du monde russe et ex-soviétique, lors d’une conférence de presse à l’Ukraine Crisis Média Center.
Madame Ackerman a expliqué que la société française reste très divisée dans son opinion sur l’Ukraine. « Il y a quelque temps, je disais que la politique de la Russie vis-à-vis de l’Ukraine (annexion de la Crimée, soutien fourni aux séparatistes à l’est du pays, etc) est approuvée par les extrêmes droites et les extrêmes gauches. Les extrêmes droites partagent les soi-disant « valeurs traditionnelles » que la Russie propage. Les extrêmes gauches soutiennent traditionnellement la Russie, car elle reste un successeur de l’URSS et n’a jamais renoncé à ce rôle. Les extrêmes gauches et les extrêmes droites sont « eurosceptiques » et espèrent que la Russie détruira l’Union Européenne ».
L’experte a déclaré que désormais, en France, il y a une autre force politique qui deviennent populaire et qui soutient la Russie : « il s’agit de l’Union pour un mouvement populaire (UMP), présidée par l’ancien chef de l’État français Nicolas Sarkozy. Ce parti est de plus en plus russophile, il s’exprime en faveur d’amélioration des relations franco-russes, demande de lever les sanctions contre la Russie. C’est compréhensible car la Russie est un partenaire économique important de la France. Depuis l’introduction des sanctions, l’agriculture française subit quelques pertes, il y a moins de touristes russes qui viennent en France ». Galia Ackerman a souligné que l’UMP restait un parti gaulliste, c’est-à-dire qui partage les valeurs de Charles de Gaulle, notamment dans la politique internationale. « Charles de Gaulle n’aimait pas vraiment l’Union Soviétique, mais gardait de bonnes relations avec ce pays car le considérait comme un contrepoids aux États-Unis. Mais l’Union Soviétique a vraiment été un pays puissant, contrairement à la Russie moderne. La preuve : la Russie ne représente que 4 % du PIB mondial, tandis que l’Union Européenne 24 %. Il vrai que la Russie a gardé son armement nucléaire, mais pour le reste, elle est beaucoup trop faible ».
Madame Ackerman a aussi cité une historienne et soviétologue française, Françoise Thom, qui a considéré que les Accords de Minsk sont une catastrophe pour l’Ukraine, car le résultat est très favorable à Poutine. « Poutine a gagné car selon les résultats des négociations à Minsk, l’Ukraine continuera à entretenir le Donbass. Ce conflit gelé risque de bloquer ou de rendre plus difficile le processus de réformes entamé par l’Ukraine ».
Galia Ackerman a conseillé aux Ukrainiens de plus parler de la situation dans le pays. Elle a ajouté qu’il était très important que les journalistes français viennent plus souvent en Ukraine, pour qu’ils puissent voir de leurs propres yeux se qui se passe vraiment.