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Zoom sur un pays : le développement durable dans l’Ukraine d’aujourd’hui

Florian Eyraud
Doctorant Université Aix-Marseille 

L’Ukraine est de par sa superficie, le second pays en Europe. Son climat est principalement continental ainsi que méditerranéen au Sud. Pour une fois, il ne sera pas question des problèmes politiques ainsi que de la guerre qui ravage une région aussi grande que l’Alsace, nous verrons ce pays sous l’angle du développement durable.

Quel choix énergétique ?

L’énergie nucléaire est la première source dans le pays et représente en moyenne 48% de la production annuelle. Un total de 4 sites sont répartis en Ukraine au centre et à l’Ouest du pays (la centrale la plus à l’Est se situe à 230 km de la zone du conflit). 41% de la production provient à part égale du gaz et du charbon. 7% provient des barrages hydroélectriques. Jusqu’en 2014, le charbon provenait du Donbass. Aujourd’hui, le charbon est acheté sur le marché international. Les autres sources d’électricité ne sont que très peu utilisées. Au final, l’électricité produite en Ukraine émet 518 g CO2/kWh (soit légèrement mieux que la moyenne des 12 nouveaux membres de l’UE).

Le pays dispose d’un excellent potentiel photovoltaîque, les conditions d’ensoleillement sur le pourtour de la Mer Noire est semblable à celui du Sud de la France. Cependant, il n’existe pas de politique accessible à tous du rachat de l’électricité. La quasi-totalité des installations photovoltaïques en Ukraine servent à l’auto-consommation.

La filière ”bois-énergie”, bien que polluante pour l’atmosphère est davantage développée. Au Nord et à l’Ouest du pays, des producteurs de pellets arrivent à s’aligner avec les prix européens.

Quelle biodiversité ?

Certains sites en Ukraine ont une biodiversité très riche : les zones forestières sauvages du Nord-Ouest, les montagnes des Carpates et surtout le delta du Danube (à la frontière avec la Roumanie). Pour l’anecdote, la zone d’exclusion de Tchornobuil est aussi intéressante grâce à la présence de loups et d’ours. La moitié Nord du pays présente un grand nombre de terres laissées à la nature. L’alternance de prairies fleuries avec des forêts favorise la biodiversité terrestre (en particulier les insectes).

La qualité de l’air

L’OMS reconnaît la pollution atmosphérique comme agent cancérigène, l’Ukraine est l’un des pays en Europe les plus touchés par la pollution atmosphérique. En Europe de l’Ouest, la pollution de l’air est généralisée et concerne principalement les particules, l’ozone et le dioxyde d’azote. L’Ukraine est rarement touchée par les épisodes généralisés de pollution, le seul impact transfrontalier notable fut les pluies acides du côté polonais.  La pollution de l’air en Ukraine est localisée et dépend d’une ville à une autre. En France, la pollution est majoritairement émise par le chauffage résidentiel et le transport. En Ukraine, la pollution provient davantage des industries et du transport. Les lois environnementales ne sont que rarement appliquées et les dégazages d’usines sont très réguliers. Dans certaines villes, la pollution aux métaux lourds expose des quartiers entiers.

Les régions les plus polluées sont justement celles possédant une industrie lourds : les régions houliières, sidérurgiques et métallurgiques de Louhansk, Donetsk et Dnipropetrovsk, les activités portuaires et pétrolières à Odessa… La conséquence de cette pollution se retrouve dans l’espérance de vie : 68 ans à Donetsk (avant la guerre) et à Dnipropetrovsk contre plus de 72 Kiev.

Dans la capitale Kiev, les centrales thermiques et les centrales de chauffage collectif sont parmi les principaux responsables de la pollution atmosphérique. Un autre cause extrêmement grave concerne l’incinérateur de la ville qui ne filtre pas ses rejets. Cette installation défaillante expose des milliers de personnes lorsque le vent provient du Sud.

Les transports

Le nombre de véhicules en Ukraine est de158 voitures pour 1000 habitants. Ce nombre grimpe à 415 à Kiev. En comparaison, le nombre de véhicules à Paris est de 330 véhicules pour 1000 habitants et environ 600 en France. Le parc automobile ukrainien est plus polluant en raison de la présence de véhicules anciens et de forte cylindrée. Environ 20% du parc automobile de Kiev est constitué de tout-terrains moyens ou lourds. Une étude détaillée peut être trouvée ici. Aucune mesure au niveau national n’est effectuée afin de limiter les émissions de substances polluantes en Ukraine, le système de bonus/malus pourrait avoir un effet positif.

D’un point de vue positif, nous notons que les circulations piétonnes et que les réseaux de transports sont bien développées. De plus, Kiev vient de découvrir l’usage des couloirs de bus. Au niveau national, l’Ukraine a rejoint le club des pays utilisateurs de véhicules hybrides pour leur police. Cependant, cette action ponctuelle cache une inertie structurelle généralisée.

Dans d’autres domaines

Les atteintes à l’environnement sont multiples. Comme en France jusque dans les années 1990, des décharges tolérées existent autour de nombreux villages et polluent le sol et les rivières. Le tri sélectif est plus souvent une exception qu’une habitude. Outre les dépôts d’ordures, les poubelles sont régulièrement brûlées.

Concernant l’alimentaire, la société ukrainienne a pris conscience des risques que présentent les produits phytosanitaires et les OGM. Une grande variété de produits alimentaires locaux de bonne qualité existent : légumes, fruits et miel. Le potentiel d’exportation de produits issus de l’agriculture biologique est très important. Les produits importés ou issus de l’industrie agroalimentaire sont souvent de très médiocre qualité.