Nos petites victoires. 10 réels succès de l’Ukraine réalisés après le Maidan

Nos petites victoires. 10 réels succès de l’Ukraine réalisés après le Maidan.

Une récente publication du journal «Forbes» sur 10 petites victoires de l’Ukraine après le Maidan.

Les Ukrainiens critiquent beaucoup ce qui se passe dans leur pays, en s’accusant mutuellement et en accusant le pouvoir, mais parfois, ils ne se rendent pas compte de leurs victoires.

On discute beaucoup de l’importance de ces victoires pour le pays, mais l’essentiel est qu’elles sont toutes réelles. Pour la première fois en Ukraine non seulement on parle des réformes, mais on les réalise!

La capacité de combats de l’armée a augmenté

Au mois de février 2014, l’Ukraine n’était pas prête pour la guerre. Le nombre de militaires ukrainiens est passé de 146 000 à 280 000 personnes, le nombre de militaires engagés volontaires a augmenté de 2 000, soit 107 000 au total. Le nombre de chars est passé de 210 à 360, celui des véhicules de combat de 900 à 1400, les systèmes de lance-roquettes multiples de 80 à 230,et les avions de guerre de 20 à 40. Durant l’année dernière, l’entreprise «Ukroboronprom » a remis à l’armée plus de 4 000 nouvelles armes ou des armes modernisées, ainsi que 36 fois plus de véhicules de combats qu’en 2014. Cependant beaucoup de problèmes persistent dans l’armée car ce sont toujours des bénévoles qui doivent fournir du matériel pour les militaires. Mais tout le monde reconnaît que la situation dans l’armée s’est beaucoup améliorée depuis le début du conflit, car l’essentiel, c’est que l’État commence à moderniser l’armée.

L’armée ukrainienne commence à mettre en œuvre les normes de l’OTAN. L’OTAN a déjà lancé cinq fonds d’affectation spéciale pour l’assistance militaire à l’Ukraine.

Le soutien international de l’Ukraine

L’une des plus grandes victoires de l’Ukraine est un soutien international sans précédent dont le pays bénéficie désormais. Le 27 mars 2014, l’Assemblée générale de l’ONU a approuvé une résolution reconnaissant l’intégrité territoriale de l’Ukraine. 100 pays ont voté en faveur de l’Ukraine, 11 contre et 58 se sont abstenus. Le soutien international dans le conflit avec la Russie a aussi été important et a abouti à trois vagues des sanctions contre la Fédération de Russie. Les sanctions ont été appliquées par 41 pays, notamment les États-Unis, les pays de l’Union Européenne, l’Australie, la Nouvelle Zélande, le Canada, la Suisse, la Norvège, le Japon.

Malgré la guerre et la crise économique, l’Ukraine bénéficie également d’un soutien important du FMI. Le montant total des programmes de soutien est de 17,5 milliards de dollars. L’Union européenne et ses organisations financières ont déjà mobilisé plus de 6 milliards d’euros pour l’Ukraine sous forme de prêts subventionnés.

La révolution électronique

Pour accéder aux services de l’État sous forme électronique, un portail Internet iGov.org.ua a été lancé en 2015. C’est une équipe de IT-bénévoles de l’ONG ICT Competence Center ( Yanika Merilo, ancienne conseillère du ministre de l’Économie d’Ukraine et Dmytro Doubilet, directeur de PrivatBanque) qui réalise le projet. Via ce portail, on peut par exemple utiliser ces services pour enregistrer une voiture d’occasion, ou bien obtenir un extrait du casier judiciaire.

En février 2015, le système d’achat électronique ProZorro a été mis en place dans le domaine des achats d’État où la corruption s’était installée depuis très longtemps. Ce système montre qui a participé à l’appel d’offres, qui a gagné, les sommes engagées par les participants et qui arrive à l’étape des négociations individuelles. Ce système permet d’économiser l’argent du budget en limitant les possibilités de corruption et le nombre de soumissionnaires. Mais, pour le moment, les achats électroniques dans le secteur public sont effectués sur la base du volontariat et uniquement pour les achats d’un montant inférieur à 100 000UAH. Les autres achats se font selon les anciens schémas.

 «Ouvrez, police! ». Le début de la réforme du système d’application de la loi

L’ancienne police, totalement corrompue, n’en a plus pour longtemps : le 7 novembre 2015 elle aura disparu définitivement.

Les employés de la nouvelle police sont sélectionnés par un concours ouvert à tous. Les candidatures sont sélectionnées selon les critères suivants : l’âge entre 21 et 35 ans, un diplôme de l’enseignement secondaire ou supérieur, le permis de conduire catégorie B, l’absence d’un casier judiciaire et l’engagement à respecter l’éthique de la fonction. En échange, les nouveaux policiers seront formés, recevront un salaire à partir de 8 000 hryvnia, des uniformes (700$), des munitions, des armes, ainsi que de toutes nouvelles voitures officielles, des Toyota Prius reçues du Japon dans le cadre du Protocole de Kyoto.

Après un mois de travail de la nouvelle police à Kiev, les premiers résultats ont été publiés : le nombre d’appels à la police a augmenté de 63%, ce qui indique une augmentation de la confiance dans les organismes d’application de la loi, la police arrive sur place en 9,5 minutes en moyenne, au lieu de 30 minutes auparavant. Il y a eu moins d’accidents sur la route aussi ( 3708 contre 3632).

L’épuration du système bancaire des organismes financiers problématiques

Depuis février 2014, plus de cinquante banques ukrainiennes ont été reconnues insolvables. Parmi elles se trouvaient les «portefeuilles du régime», qui ont servi les intérêts du clan Ianoukovitch, les banques « de poche » de certains groupes d’affaires, les organismes impliqués dans des dispositifs de blanchiment ou de retrait de capitaux.

La base de formation pour un système bancaire transparent et solide est en cours de création. Ce système minimalise les risques de faillites d’organismes financiers artificiels et les banques rempliront l’une de leurs principales fonctions, c’est-à-dire prêter de l’argent au secteur réel de l’économie.

Malheureusement, environ 30 000 employés du secteur bancaire ont rejoint les rangs des chômeurs. Selon les prévisions les plus optimistes, les banques ne se remettront pas des conséquences de la crise et ne commenceront pas à prêter aux particuliers et aux entreprises avant la deuxième moitié de 2016.

Le progrès technologique

En février 2015, l’État a vendu des licences pour le déploiement de réseaux 3G pour 8,6 milliards de dollars à trois des plus grands opérateurs de télécommunications ukrainiens. Au mois de juin, l’Internet mobile haut débit a fait son apparition à Lviv, Kiev et Odessa. Selon les accords de licence, les opérateurs doivent fournir une couverture 3G dans les centres régionaux avant le mois de septembre 2016. Les villes dont la population dépasse 10 000 habitants auront l’Internet haut débit d’ici 6 ans. Selon les normes internationales, la 3G est une technologie dépassée. Mais son apparition dans notre pays est un grand pas en avant. La saga de la vente de licences a duré 10 ans.

Les succès arrivent aussi dans le domaine de la construction d’avions. L’entreprise d’Etat de construction d’avion  «Antonov», est sortie de l’entreprise russo-ukrainienne conjointe et a lancé le concept de l’AN-132, le premier avion ukrainien sans composants russes. Jusqu’à maintenant, la part des unités russes dans la production de “Antonov” était d’environ 50%. Actuellement, elle est réduite à 40%, et l’entreprise envisage d’arrêter complètement leur utilisation au profit d’éléments fabriqués par l’entreprise «Ukroboronprom».  «Antonov» a déjà reçu 43 commandes de nouveaux avions. C’est peu, mais pour l’entreprise qui ne vendait que quelques avions par an, c’est un vrai succés.

L’ascenseur social est en marche

Pour la première fois dans l’histoire de l’Ukraine indépendante, ce sont les gagnants des concours ouverts et non les marionnettes du pouvoir qui occupent les postes dans les services publics. Tel est le cas de la police et du bureau national de la lutte contre la corruption. 160 candidats dont les CV correspondaient aux exigences ont postulé pour le poste de directeur du Bureau.

Un autre exemple de la méritocratie est la nomination de Georgy Touka, dirigeant du groupe de bénévoles «L’arrière-front populaire», au poste du gouverneur de la région de Lougansk. Des bénévoles, des membres des ONG, des experts ont aussi rejoint le ministère de la Défense, ainsi que les ministères de l’Éducation, du Développement économique et la Banque Nationale.

La décommunisation

Au mois de mai 2015, Petro Porochenko a signé un certain nombre de lois sur la décommunisation. Grâce à elles, l’Ukraine dira à tout jamais adieu aux vestiges de l’Union Soviétique : le parti communiste, les monuments à l’effigie des dirigeants soviétiques, les noms des rues, des villes, et beaucoup d’autres. Cependant, la loi n’est pas idéale et contient plusieurs points délicats.

Beaucoup d’Ukrainiens, non seulement les communistes et leurs partisans, n’ont pas apprécié la démolition des monuments et le changement de nom des rues et des villes, car ils estiment qu’il y a des choses plus importantes à faire en temps de crise. Mais en fait on aurait pu éviter cette crise, si ces lois avaient été signées quelques années plus tôt.

Idéalement la décommunisation actuelle ne devrait être que la première «dé» parmi d’autres: démonopolisation, désoligarquisation etc. C’est ainsi que cela s’est passé dans les pays post-soviétiques qui ont réussi : la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie, la Hongrie et les Etats baltes.

Le début de la désoligarquisation

Durant l’année dernière, les oligarques ukrainiens se sont retrouvés pour la première fois sous une pression importante du pouvoir. Ce sont les trois oligarques les plus puissants qui ont été le plus touchés : Igor Kolomoyski, Rinat Akhmetov et Dmitry Firtach.

À titre d’exemple, une entreprise d’Akhmetov a perdu sa position de monopole sur le marché d’exportation de l’énergie. C’est la société d’État «Ukrinternenergo» qui a repris les livraisons, les licences sur l’exportation sont désormais vendues aux enchères publiques au prix du marché. Le groupe «Privat» d’Igor Kolomoyski perd aussi son monopole. Au mois de mars, tous les cadres au sein de l’entreprise d’État «Ukrtransnafta» contrôlée par l’oligarque ont été remplacés. Les amendements à la loi «Sur les sociétés d’actionnaires», votés par le Parlement cette année, ont réduit le quorum pour une assemblée d’actionnaires de 60% à 50%+1, faisant ainsi perdre «Privat» à la plus grande compagnie pétrolière du pays «Ukrtransnafta».

Les monopoles de Dmitry Firtach sont aussi en voie de destruction. Au mois de juillet, la Cour de Justice économique de Kiev a refusé de reconnaître à son entreprise «Ukrgaz-Energo» le droit de propriété sur un volume de 4,9 milliards de mètres cubes de gaz naturel, en raison des dettes du Groupe DF envers l’entreprise «Naftogaz Ukraine».

Si le gouvernement poursuit un combat réel contre les monopoles des oligarques sans redistribuer les flux financiers libérés aux entreprises proches du pouvoir, alors il y aura une concurrence saine et réelle sur plusieurs marchés, donc les prix seront réduits et la qualité des services s’améliorera.

Le cap sur l’indépendance énergétique

Après avoir diversifié les approvisionnements en gaz, l’Ukraine renforce sa position dans les négociations avec la Russie et peut désormais acheter et vendre de l’énergie au prix du marché. Aujourd’hui, la capacité de débit inversé de la Slovaquie permet d’importer environ 14 milliards de mètres cubes par an, soit de couvrir 70% des besoins en gaz importé.

On peut considérer comme une étape nécessaire la décision impopulaire concernant l’augmentation progressive des tarifs pour le gaz, le chauffage et l’électricité. Car auparavant toute l’énergie était sous-payée et creusait le déficit budgétaire de «Naftogaz», et ce déficit a finalement été remboursé par l’argent des contribuables.

La loi «Sur le marché du gaz naturel » est entrée en vigueur le 1er octobre 2015. Cette loi, votée par le Parlement le 9 avril 2015, brise le monopole dans le marché du gaz en séparant les fonctions de principaux opérateurs du réseau de gaz, de mineurs et de fournisseurs de gaz.