«Les nouveaux visages du Parlement : les victoires et les défaites»

L’article a été publié sur UP http://www.pravda.com.ua/articles/2015/12/4/7091366/

Le partage des députés au Parlement entre «nouveaux» et «anciens» ne dépend pas de l’âge des députés, mais de leurs valeurs. Le terme «nouveaux visages» est apparu dans le dictionnaire politique ukrainien en 2014.

La veille des élections législatives, les sociologues ont constaté une demande d’un renouvellement radical des élites politiques de la part de la société civile. Les études du Fonds des Initiatives Démocratiques ont démontré que la présence de nouvelles personnes sur les listes des candidats était un des facteurs principaux pour les Ukrainiens lorsqu’il s’agissait de choisir un candidat.

Les stratèges politiques et les chefs des partis ont été forcés de suivre les attentes des électeurs. Si avant, ils voulaient attirer dans les rangs des partis des stars du sport et du show-business, depuis un an, ils ont commencé à recruter des journalistes, des activistes civils, des experts. Cela a conduit à un renouvellement considérable du Parlement, 50% de nouveaux élus sont entrés au Parlement pour la première fois. Cependant, les «nouveaux visages» n’y sont pas devenus une majorité.

Victoire des «nouveaux visages»

Durant la première année de fonctionnement du Parlement avec ces «nouveaux visages», la transparence politique est devenue à la mode, ainsi que la volonté politique de rendre public des documents différents.

Dmytro Gnat, journaliste d’investigation constate aussi que les «nouveaux visages» ont fait preuve de réussite pour créer des mécanismes permettant de prévenir la corruption : les achats publics sont devenus plus transparents, les registres ont été ouverts. Ils ont aussi légitimé et lancé le processus de la remplacement des anciens fonctionnaires.

Moustafa Nayem, journaliste et nouvel élu considère aussi que cela est une des plus grandes victoires des «nouveaux visages». «Pour la première fois dans l’histoire du Parlement, nous avons prouvé que les députés pouvaient être différents. Cela concerne leur situation financière, leur éthique de travail, leurs déclarations, leurs performances et leurs actions et leur capacité de reconnaître leurs erreurs. Si l’on compare la distance entre le Parlement et les Ukrainiens qui existait jadis et qui existe maintenant, on verra qu’elle a diminué de manière significative. Le Parlement est devenu une plate-forme pour les discussions. C’est un objectif stratégique que nous avons réussi à atteindre», déclare Nayem.

D’autres députés interrogés mentionnent les projets de loi adoptés par les «nouveaux visages » qui changent le pays pas à pas. Egor Sobolev, chef du Comité de la lutte contre la corruption a accroché une feuille imprimée de l’accord de coalition sur la porte de l’armoire de son bureau. C’est un registre des projets de lois anti-corruptions que la coalition s’était engagée à élaborer et à adopter il y a un an.

Aujourd’hui, un coche vert signifiant «achevé» est inscrit en face de presque chaques éléments.

Pourtant, selon le dernier rapport du Conseil national des réformes, le niveau d’achèvement des mesures anti-corruption est à un niveau bas, 45%. Toutefois, cet indicateur prend en compte les résultats du travail du gouvernement et du Bureau du Procureur qui dans la détermination et la mise en œuvre des mesures anti-corruption se trouvent derrière le Parlement de manière significative.

Parmi les réalisations des «nouveaux visages» dans le processus législatif, il y a également les documents contre les oligarques, notamment liés à l’énergie. Ainsi,  Ihor Kolomoïsky a été privé du contrôle d’«Ukrnafta» par un projet de loi qu’ Andryі Ivantchuk, partenaire de Kolomoïsky bloquait. Les nouveaux élus ont aussi essayé de casser les schémas d’Andryі Kluev dans le domaine de l’énergie solaire.

Mais une des plus grandes réussites des «nouveau visages»  est une loi sur le financement des partis  par le budget d’État.  Selon les députés, cette loi laissera la possibilité aux nouvelles vagues des «nouveaux visages» d’entrer en politique sans accords avec les anciennes élites et ainsi, être beaucoup plus indépendants.

Les défaits des «nouveaux visages»

Toutes les réalisations des «nouveaux visages » ne sont qu’une injection pour améliorer la vie du pays malade. Mais le nouveau Parlement ne pourra pas changer le système pourri en seulement une année, estime Volodymyr Parasuk, nouvel élu.

Igor Loutsenko député de Batkivtshina considére que les «nouveaux visages » n’ont pas de réalisations particulières à leur actif. Récemment, il a réalisé un sondage sur sa page Facebook pour savoir quelles réformes sont réussies selon les Ukrainiens. Les seules réformes réussies selon eux sont l’introduction du reseau 3G, la création de la nouvelle police et les achats d’armes pour l’armée.

Certains pensent que les «nouveaux visages» ne font que couvrir les «anciennes méthodes », légitiment les «anciens marionnettistes» et laissent les leviers de commande entre les mains des anciens corrompus tels que Ihor Kononenko et Mykola Martynenko.

Selon Egor Sobolev, pour réaliser des changements fondamentaux dans le pays, il faut que les «nouveaux visages» ne fassent pas uniquement la majorité au Parlement, mais qu’ils occupent les trois postes-clés du pays : celui du Président, du Premier ministre et du Procureur général.

Les Euro-optimistes sont-il suffisamment efficaces?

Avant que le Parlement de la convocation du 8 ne commence son activité, les «nouveaux visages» insistaient sur le fait qu’ils se réuniront obligatoirement au sein du Parlement. Même s’ils se présentent aux élections en étant dans des partis différents, mais au sein du Parlement, ils travailleront tous ensemble unis pour atteindre l’objectif commun.

Une année s’est écoulée depuis. Les «nouveaux visages» sont souvent accusés à raison de ne jamais créer une coalition alternative aux méthodes traditionnelles du travail parlementaire.

Au début du mois de février 2015, un groupe des «nouveaux visages» a initié une création de ;la coalition interfactionale «Euro-optimistes». Ils ont présenté leur projet comme une équipe interfactionale qui devraient changer les régles du jeu.

Le 28 novembre, les «Euro-optimistes»  ont prévu de présenter un rapport sur leurs activités.  Mais en raison de conflits internes a dû reporter la présentation.

Les «Euro-optimistes » assurent qu’ils sont le groupe le plus efficace du Parlement. Malgré tout, ils sont toujours sous influence de leurs factions.

Igor Loutsenko : «Il n’y a aucune autre coalition interfactionale aussi efficace que les Euro-optimistes, dans laquelle les députés communiquent aussi activement entre eux et réalisent les activités communes, notamment les projets de lois. De l’autre côté, il existe un certain concept qui les empêchent être encore plus efficace. Il faut se décider : sommes-nous avec le système ou contre».

Viktoria Ptashnyk : «Les Euro-optimistes forment un groupe dont les membres soutiennent les initiatives des uns et des autres. Mais je trouve que leur travail n’est pas toujours efficace. Je voudrais qu’il travaillent de manière plus efficace pour qu’ils ne défendent pas les intêrets de leurs factions, mais se concentrent sur les décisions qui peuvent soit être bénéfiques, soit qu’elle puisse prendre la direction d’une réforme.

La semaine dernière, 15 députés de la faction «Bloc de Petro Porochenko» ont annoncé la création d’une plate-forme anti-corruption.

Coordinateur de la plate-forme anti-corruption, Moustafa Nayem a aussi eu l’idée de créer un parti. «Je ne veux pas jouer à un jeu «on a créé un parti». Mais on pourrait créer un parti qui sera capable de sortir du cadre du champ politique existant et qui sera composé des gens dont on n’aura pas à avoir honte».