Le 5 décembre est la Journée mondiale des bénévoles. Selon le Larousse, «Un bénévole est une personne qui apporte une aide volontaire, sans être rémunérée». Dans Wikipedia on peut lire : «se sentir utile et faire quelque chose pour autrui est le moteur des bénévoles, lesquels s’impliquent dans des domaines d’activité sans rémunération aussi divers que le sport la culture ou les loisirs, l’humanitaire, la santé, l’action sociale, la défense des droits, la défense de l’environnement et de la biodiversité ou encore l’éducation». Les mouvements de bénévoles existent à travers le monde entier, sur tous les continents et dans tous les pays. En Ukraine, le mot «bénévole» est souvent associé à une personne qui aide l’armée ukrainienne ou les déplacés et cela est dû au conflit armé qui secoue le pays depuis 2014. Cependant, même avant la guerre, dans ce pays le mouvement des bénévoles était présent dans tous les domaines, ce qui montre la grande maturité de la société civile.
Pour le 5 décembre, l’UCMC a préparé un article sur des bénévoles ukrainiens, qui agissent dans différents domaines, pour montrer à quel point leur activité est importante pour le fonctionnement de l’Ukraine. Une interview complète de chaque bénévole sera publiée sur le site de l’UCMC dans les semaines à venir.
Le bénévolat dans le contexte de la guerre
Le conflit armé qui a éclaté au printemps 2014, après l’annexion de la Crimée, a été un point de départ pour le bénévolat à grande échelle. L’armée en déliquescence n’était pas capable de défendre l’intégrité territoriale de l’Ukraine, les activistes et les personnes ayant la volonté de défendre leur pays ont donc créé des bataillons de volontaires, tels qu’Aydar, Donbass, Azov, Pravy Secteur, Krivbass, Lviv, Kharkiv, Dnipro…. Sans aucune aide de l’État, sans aucune rémunération, les volontaires sont partis se battre souvent les mains nues, espérant se procurer des armes saisies lors des combats. Alors, les Ukrainiens se sont mobilisés pour ravitailler les bataillons volontaires, ainsi que l’armée régulière. Des camionnettes remplies de nourriture, de vêtements, de sous-vêtements thermiques, d’eau potable, de lunettes de vision nocturne et de tissus de camouflage sont parties vers l’est du pays.
Les plus tenaces des bénévoles continuent à oeuvrer même après deux ans et demi de guerre, alors que la plupart des bataillons volontaires ont intégré l’armée. Parmi eux, Armen, un ancien militaire qui habite dans la petite ville de Yagotyne à l’est de la région de Kiev et qui a envoyé aux soldats sur le front plusieurs tonnes de produits, déclare : «Un soldat doit manger tous les jours, mais il ne peut pas aller à l’épicerie et laisser son poste sans défense. Les voitures des intendants ne peuvent pas toujours accéder aux positions de nos troupes à cause des attaques de séparatistes. En revanche, les bénévoles y parviennent, ils n’ont pas peur».
Cependant, la guerre ne signifie pas seulement l’armée, les blessés et les tirs… La guerre signifie aussi des centaines de milliers de victimes civiles. Malheureusement, l’État n’arrive pas à subvenir aux besoins de ceux qui ont décidé de fuir leur domicile pour éviter la guerre. C’est encore le rôle des bénévoles de les aider. Plusieurs ONG ont été créées et plusieurs personnes se sont organisées afin d’aider les déplacés internes à trouver un logement, un travail, à refaire leurs papiers et s’adapter à leur nouvelle vie. Une des premières organisations d’aide aux déplacés est «Dytynetz», dont la fondatrice Irina Popova travaille depuis mai 2014 à l’adaptation sociale et psychologique des familles des déplacés, surtout des enfants, par l’art, l’apprentissage des traditions ukrainiennes et les rencontres familiales: «Je me suis mise à la place des ces personnes, obligées de quitter leur domicile pour fuir vers l’inconnu. Car on leur a toujours dit que les autres régions d’Ukraine leur étaient hostiles. Alors, je me suis rendue compte qu’il fallait que les enfants du Donbass apprennent les traditions ukrainiennes afin de comprendre leurs origines».
Les gens du Donbass qui ont décidé de rester sur leur terre ou ceux qui ont décidé d’y revenir se trouvent dans une situation encore plus difficile. Ils vivent sous des bombardements constants, souvent sans électricité, sans chauffage ni eau potable. Et encore pire, pour une partie de la population, ils ont l’estampille «séparatiste». Néanmoins, il y a des Ukrainiens décidés à les aider à survivre dans la zone de guerre. Igor Prous, coordinateur du groupe de bénévoles «Amour sans frontières», explique «Ces gens-là ne sont pas des combattants des forces armées des prétendues républiques populaires. Ce sont des gens tout à fait ordinaires qui n’ont pas pu quitter leur ville ou leur village pour différentes raisons. Certains, par exemple, ont une vieille mère qui n’est pas transportable. Nous ne pouvons pas manipuler les gens en disant : si tu pars, on t’aide, si tu ne pars pas, on ne t’aide pas. Nous avons voulu détruire ces idées reçues sur les séparatistes, car c’est cette incompréhension qui a déclenché la guerre».
L’amour pour la Terre et pour chaque être vivant qui la peuple
Chaque année, le nombre des personnes sensibles aux problèmes écologiques s’accroît dans le monde entier, y compris en Ukraine. Les Ukrainiens s’habituent à trier leurs déchets, à économiser l’eau, l’énergie et les ressources naturelles, à mener un mode de vie de plus en plus respectueux de l’environnement, mais aussi des animaux. À titre d’exemple, on peut citer l’énorme vague du mouvement contre le port de vêtements en fourrure déclenchée par des militantes qui vont jusqu’à organiser un défilé de mode de vêtements en fausse fourrure afin d’inciter les Ukrainiens à ne plus contribuer à ce business cruel. Nina Semtchychyne, activiste, militante pour les droits des animaux, pour vegan, et l’une des organisateurs de cet événement, explique : «Il y a des gens qui veulent absolument porter de la fourrure. Et bien, nous voulons leur montrer que la fausse fourrure est la solution par excellence : elle est même plus belle et plus douce qu’une vraie fourrure et en plus beaucoup plus simple à entretenir».
Si l’État ukrainien tarde à prendre soin des animaux errants, les bénévoles sont là aussi. Depuis les 10 dernières années, plusieurs refuges privés ont été fondés pour sauver les chiens et les chats de la vie dans la rue, misérable et pleine de dangers. Parmi eux, le refuge «Mathilda» dont la fondatrice Alla Yermaluk a sauvé des milliers de chats et de chiens. Certains d’entre eux finissent par trouver un foyer et des maîtres aimants, mais d’autres vont rester à tout jamais chez leur maman d’adoption. Alla raconte : «Il y a aussi des chiens que je ne peux pas proposer à l’adoption. Il s’agit surtout d’animaux ayant vécu un traumatisme important. J’ai une femelle dogue que j’ai trouvée sévèrement battue, toute couverte d’hématomes. Elle a une peur bleue des hommes, chaque fois qu’elle en voyait un, elle faisait pratiquement une crise d’épilepsie. Il lui faudra beaucoup de temps pour s’habituer aux hommes et comprendre qu’ils ne sont pas tous méchants».
Et comment rendre la Terre plus belle, plus accueillante et plus confortable? Nul ne le sait mieux qu’Olena Didenko, coordinatrice du Mouvement écologique «Pour une Terre confortable» et de l’Union Civile «Volonté de Communautés». Depuis plusieurs années, elle et ses amis font des miracles en transformant les terrains vagues, les décharges et les parcs publics abandonnés en des oasis fleuries : «Nous avons commencé à nettoyer les parcs en 2007. Mais cela ne suffisait pas: juste nettoyer les déchets, attendre la prochaine accumulation de déchets, nettoyer à nouveau, etc. Alors Anna Routkovska, présidente et fondatrice de la «Nouvelle Atlantide», a eu une belle idée: créer le Mouvement Écologique «Pour une Terre confortable». Et nous avons commencé à planter des fleurs dans les lieux abandonnés où les gens jetaient des ordures».
Tendre la main à l’autre
La guerre a certainement augmenté le nombre de gens ayant besoin d’aide, mais il y en avait beaucoup avant le début du conflit. Comment peut-on aider ceux qui dorment sous les ponts à Kiev? Une question à laquelle Vita Prokoptchouk, fondatrice du projet caritatif «Puisque nous comprenons», a trouvé une réponse. Depuis un an, elle offre des repas faits maison aux sans-abris de Kiev. «Au début, ils n’arrivaient même pas à croire que cela était pour eux et que cela était gratuit. C’est un vrai cadeau pour eux. Certains me disent : «Je voulais tellement manger, j’étais vraiment mort de faim ». Quand je les regarde manger les repas que j’ai préparés, j’ai beaucoup de plaisir».