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L’évolution du véganisme et de la défense des animaux en Ukraine selon une activiste

Nina Semtchychyne, activiste végane et militante pour les droits des animaux, raconte dans une interview au Centre de Crise Médiatique Ukrainien comment faire pour rester végane en Ukraine, quelle est la situation en matière de défense des animaux et comment cette situation évolue.

Comment êtes-vous devenue militante pour la cause animalière?

Eh bien, au début, je vivais comme tout le monde. J’ai aimé les animaux dès mon enfance, mais je n’avais jamais pensé à quel point il est important de les défendre. Avec le temps, j’ai appris l’existence de diverses pétitions pour la défense des animaux et j’ai commencé à m’intéresser de près à ce problème. Un jour, j’ai déménagé à Kiev et j’ai commencé à fréquenter le milieu des militants pour les droits des animaux. La première campagne à laquelle j’ai participé était une campagne contre les vêtements en fourrure.

Vous êtes végane. Pourquoi avez-vous pris cette décision? Était-ce difficile, étant donné le nombre d’idées reçues et les stéréotypes liés à ce mode de vie?

Je suis née à Ternopil, une ville de l’ouest de l’Ukraine. Mes grands-parents vivaient dans la campagne et, vous savez, dans les campagnes, les gens élèvent eux-mêmes les animaux de boucherie. Donc j’ai vu mon grand-père et d’autres personnes abattre des cochons, des poules et des oies. Plus tard, j’ai demandé à mon père de m’offrir un petit lapin domestique. Malheureusement, après l’avoir fait, il a aussi décidé qu’il allait se mettre à élever les lapins pour la viande, pour la fourrure.

Oui, c’était difficile de devenir végane. Mais j’étais déterminée car je ne voulais plus participer aux souffrances des animaux. Tout d’abord, j’ai arrêté d’acheter et d’utiliser les produits de beauté qui sont testés sur les animaux. Ensuite, j’ai fait un tri dans ma garde-robe pour qu’il ne me reste que des vêtements écologiquement irréprochables. À ce moment-là, j’ai trouvé très hypocrite de prétendre avoir pitié des chats, chiens et lapins, mais de continuer à manger de la viande. Alors, je me suis dit : je deviens végétarienne.

Au début, c’était vraiment compliqué, en particulier parce que nous vivions avec la mère de mon mari et qu’elle ne me comprenait pas vraiment. Donc elle nous faisait peur en disant que ce mode de vie est dangereux pour la santé, que cela provoque un manque de protéines etc. Mais ce n’est pas vrai car les protéines, les vitamines, et les minéraux peuvent être consommés à travers des légumes, des fruits et même de l’eau minérale.

J’aime la phrase qui dit que la liberté d’une personne se termine là où commence celle des autres. Comment peut-on vivre en paix avec soi-même si notre liberté enfreint celle des animaux?

Est-ce que c’est difficile d’être végane en Ukraine? Pouvez-vous trouver facilement des alternatives végane aux produits alimentaires, vêtements et produits de beauté traditionnels?

C’est très simple pour les produits alimentaires. Au moment où je suis devenue végane, il n’y avait que du tofu et du soja importés de Pologne. Maintenant, il existe plusieurs producteurs de soja Ukrainiens. Pareil pour les vêtements et les produits de beauté. Bien entendu, c’est beaucoup plus simple à Kiev, aussi parce que les gens y sont plus ouverts. Mais même dans les petites villes, c’est parfaitement faisable.

Dans les magasins Ukrainiens, il y a des plus en plus de produits de beauté et de produits ménagers qui ne sont pas testés sur les animaux. Il suffit de chercher! Certains fabricants Ukrainiens refusent aussi de tester leurs produits sur des animaux. Ceci va dans le bon sens.

Et quelle est la situation avec les droits des animaux en Ukraine?

Malheureusement, l’Ukraine n’est pas signataire des conventions sur la défense des animaux. Pour cette raison, quand les élevages d’animaux pour la fourrure sont interdits dans tel ou tel pays de l’Union Européenne, les propriétaires transfèrent ces fermes d’élevage en Ukraine. C’est un business très rentable, mais cruel. Et il nuit beaucoup à l’environnement. Tout comme les delphinariums d’ailleurs. Tous les ans, il y a des décisions de justice pour la fermeture des delphinariums, cependant ils continuent de fonctionner. Pareil pour les zoos mobiles. Souvent, les propriétaires de ces horreurs prétendent qu’ils ne peuvent pas libérer les animaux, car ces derniers ne sont plus aptes à vivre dans la nature. Eh bien non, il y a toutes sortes de refuges pour les animaux sauvages leur permettant de réapprendre à vivre dans la nature. En Ukraine par exemple, il y a dans les Carpates et dans la région de Jytomyr deux superbes refuges pour les ours qui leur permettent de s’adapter à la vie sauvage.

Comment faites-vous pour mobiliser les gens à vos manifestations?

Nous passons des annonces dans divers groupes de défense des droits des animaux, ainsi que sur les réseaux sociaux. Il y a nos amis qui viennent. Il est à noter qu’il y a bien plus de femmes qui participent à nos actions qu’il n’y a d’hommes. C’est une question de tradition : les hommes apprennent à être moins sensibles que les femmes.

Nous organisons aussi des diffusions de films destinés à sensibiliser les gens à la cause animalière. C’est très intéressant de visionner ces films en groupe et d’en discuter après.

Consacrez-vous beaucoup de temps à votre activité? Qu’est-ce qui vous motive?

Je le fais car je ne peux pas rester sans agir. Je ne supporte plus la souffrance des animaux. Je veux que les animaux soient respectés. Je veux rendre ce monde plus accueillant pour les animaux. C’est ma plus grande motivation. Je veux aussi remercier mes amis qui me soutiennent et soutiennent mes idées.

Quels sont vos projets d’avenir?

Là, actuellement, nous préparons un défilé de mode pour les affaires en fausse fourrure.  Ce sera un grand évènement avec un concert et un diner d’honneur. Il y a des gens qui veulent absolument porter de la fourrure. Donc nous voulons justement leur montrer que la fausse fourrure est la solution par excellence : elle est même plus belle et plus douce qu’une vraie fourrure et bien plus simple à entretenir.


La Déclaration sur les droits des animaux sera publiquement signée à Kiev. La Déclaration sur les droits des animaux sera publiquement signée à Kiev pour la première fois le 31 août à l’occasion de la Journée de Défense des animaux.

Un défilé de mode éthique à Kiev. La fausse fourrure comme alternative aux vêtements d’hiver. un groupe d’activistes a décidé d’organiser un défilé de mode pour promouvoir les vêtements d’hiver en fausse fourrure afin de montrer que l’alternative existe et qu’on peut être belle en hiver sans contribuer au massacre des animaux.