L’inauguration de l’exposition sur la visite de Pierre Le Grand à Versailles a déjà fait couler beaucoup d’encre et a suscité de nombreux commentaires.
En dépit de ce qui a été communiqué il existe de fortes présomptions quant au fait que Vladimir Poutine s’y soit invité de son propre chef. Il ne semble pas que cette initiative lui ait été particulièrement profitable sur le plan international, même si la communication intérieure russe a pu présenter l’événement sous un jour favorable au Kremlin. En effet, le président Emmanuel Macron a su exploiter l’opportunité qui lui était donnée de dire ce qu’il fallait penser de ce qu’il appelle de pseudos organes d’informations tels que « Sputnik » et « RT ».https://youtu.be/VRLkfF4w7qI
Il est un sujet sur lequel les observateurs ne se sont pas penchés. Pourtant, il y a là une information particulièrement intéressante. Il s’agit des sponsors de l’exposition. Il en émane une prenante odeur de gaz.
Intérieur du carton d’invitation au vernissage de l’exposition sur Pierre Le Grand
Détail des sponsors de l’exposition sur Pierre Le Grand
Sponsor principal (Gazprom)
Le principal sponsor est Gazprom, assurant neuf dixièmes de la production gazière de Russie. Ce groupe est une arme stratégique aux mains du Kremlin, l’État russe détenant plus de 50% de son capital. Les anciennes républiques d’URSS le voient comme un « cheval de Troie », sans même parler de la dépendance dans laquelle se trouvent de nombreux pays de l’UE à l’égard des livraisons de gaz naturel par ce groupe. Gazprom est, de plus, une importante source de revenus pour l’État russe. Pour maintenir, voire développer sa production, Gazprom a, néanmoins, besoin de technologie occidentale.
Autres sponsors (LDC, Total, Novatek):
LDC (Louis Dreyfus Company), groupe initialement créé en Alsace est aujourd’hui domicilié aux Pays-Bas. Le Groupe est actif dans l’industrie des biocarburants, du fret maritime, des métaux et des instruments financiers. LDH Energy (Louis Dreyfus Highbridge Energy) fournit du gaz naturel, des produits raffinés, du charbon et d’autres produits pétrochimiques.
Total est présent en Russie depuis plus de 20 ans. Il s’est, notamment, lancé dans le gigantesque projet d’extraction (capacité de production annuelle de gaz naturel prévu prévue : 16,5 millions de tonnes) en partenariat avec Novatek sur la péninsule de Yamal, dans le Grand Nord russe. Pour la France, d’importants volumes de livraison sont prévus par le terminal méthanier de Montoir, près de St Saint-Nazaire. Total est aussi actif à Termokarstovoye (Sibérie Occidentale – gaz naturel) et Khariaga (pétrole). La Russie est un pays clé pour le pétrolier français, qui ambitionne d’en faire sa première source de production d’hydrocarbures d’ici 2020.
Novatek (en russe НОВАТЭК) est le deuxième producteur de gaz naturel en Russie. La société a été fondée en 1994, elle a porté le nom de Novafininvest jusqu’en 2003. Total est actionnaire de Novatek pour un pourcentage compris entre 16% et18,9%, selon les sources. Les autres actionnaires sont, notamment Gennady Timchenko, PDG, (23,5 %) et Gazprom (9,9 %)
Natura Siberica figurant sur le carton mais dont le rôle n’est pas précisé en ce qui concerne l’exposition est un producteur russe de produits de beautés et de parfums, écocertifiés. Il s’agit « d’une marque qui prend fait et cause pour l’environnement». S’agit-il d’une “caution morale” écologique ou d’une contribution demandée pour “services rendus” par ailleurs?
Bernard Grua 07/06/2017