Menu

Volker vs Sourkov : à quoi l’Ukraine doit-elle s’attendre ?

Le 21 août 2017, à Minsk Kurt Volker, Représentant spécial du Département d’État des États-Unis pour les affaires ukrainiennes, a eu un entretien avec Vladislav Sourkov, assistant du Président russe Vladimir Poutine. L’entretien a eu lieu à huit clos, il a commencé vers 14h00 et s’est terminé vers 17h00. Pour le moment, nul ne connaît les résultats de cette rencontre, mais l’on sait que les parties ont discuté de la situation dans le Donbass.

Des informations de première main

Comme il a été dit précédemment, l’entretien a eu lieu à huit clos, aucune communication avec la presse n’était prévue. Aussi est-il très difficile de faire actuellement un bilan de cette rencontre et de ses conséquences pour l’Ukraine. Kurt Volker n’a fait aucun commentaire. Vladyslav Sourkov s’est brièvement prononcé sur l’ensemble de la rencontre, en disant qu’elle avait été constructive et utile, et en déclarant que les parties avaient présenté de nouvelles propositions pour régler le conflit à l’est de l’Ukraine et de nouvelles approches pour les réaliser. Nous nous sommes mis d’accord sur le fait que la situation actuelle ne pouvait satisfaire ni les parties du conflit, ni les forces extérieures qui contribuent au règlement», a-t-il précisé. Selon une source informée, « l’entretien a été neutre et avait plutôt le caractère d’une réunion de travail permettant de mieux se connaître. Les deux parties se sont écoutées attentivement».

Que doit faire l’Ukraine : se réjouir ou attendre ?

Parmi tous les fonctionnaires ukrainiens, c’est Yuriy Grymtchak, adjoint du ministre des Territoires temporairement occupés et des personnes déplacées, qui était le plus optimiste. Dans son interview à la «Chaîne 5», il a déclaré que la décision sur le retrait de la Russie du Donbass serait déjà prise. «La seule chose qui se discute encore, ce sont les conditions du retrait: comment se fera-t-il, quelles seront les exigences etc».

Volodymyr Aryev, député ukrainien, voit un signe favorable dans le fait que Volker et Sourkov se sont entretenus à Minsk et non pas à Moscou. «Nous pouvons dire que Sourkov remplit les fonctions qui ont été auparavant celles de Victoria Nuland. Elle était allée discuter avec Sourkov à Moscou. Il est évident que cette fois-ci, les Américains souhaitent avoir une discussion plus sérieuse avec la Russie».

En revanche, Volodymyr Ogryzko, ancien ministre des Affaires étrangères de l’Ukraine, conseille de prendre son mal en patience et ne pas attendre des résultats beaucoup trop rapides. «Volker ne fait que rassembler des informations. Il avait besoin d’écouter la partie adverse, comprendre sa logique. Parallèlement, il veut contrer les arguments des interlocuteurs russes. Il ne faut pas attendre de résultats probants de la première rencontre. Ils ne peuvent pas avoir lieu, car les parties ne font que faire connaissance».

Dmytro Tymtchouk, député ukrainien et chef du groupe « Résistance de l’information», estime également que le scénario d’un retrait rapide des troupes russes du Donbass est beaucoup trop optimiste. Il pense aussi que, même si cette décision est prise, Moscou se réservera un scénario pour conserver une influence dans ces territoires.

Bohdan Yaremenko, ancien consul d’Ukraine en Turquie et président de la Fondation «Maidan des Affaires Étrangères», est encore moins optimiste et a déclaré qu’il faudra surveiller attentivement les résultats de cet entretien pour «s’assurer que les États-Unis ne feront rien qui soit contraire aux intérêts de l’Ukraine. Hypothétiquement, cette théorie existe».

La réaction de la Russie : No comment

Deux jours se sont écoulés depuis le rendez-vous entre Sourkov et Volker, mais le Kremlin n’a fait aucun commentaire à ce sujet. Selon le politicien russe Léonid Gouzman, président du mouvement «Union des Forces droites», ce silence bien trop long pourrait s’expliquer par le fait que ni Volker ni Sourkov n’ont le pouvoir de régler le problème. «Je pense qu’ils sont autorisés à faire une analyse et à communiquer le rapport de cet analyse à leur direction. Actuellement ils préparent probablement une décision».

L’Occident attend la suite des événements

À compter de ce jour, ni la Maison Blanche, ni les leaders des pays du Format Normandie n’ont commenté l’entretien entre Sourkov et Volker. La première réaction est venue de Lituanie où Volker s’est rendu le 22 août pour s’entretenir avec Dalia Grybauskaitė, la présidente lituanienne. Selon les informations du Service de presse présidentiel, l’entretien portait sur la situation en Ukraine: «Dans les conditions de l’occupation de la Crimée qui dure et de l’agression russe dans le Donbass, l’Ukraine a un besoin vital du soutien international. Il est très important que les sanctions introduites par l’EU et les États-Unis contre la Russie durent tant que les Accords de Minsk ne sont pas totalement réalisés et que la Crimée n’est pas réintégrée en Ukraine ».

James Marson, journaliste politique de l’édition The Wall Street Journal, écrit dans son article que Kurt Volker s’est entretenu avec Vladislav Sourkov pour s’assurer que la Russie était réellement prête à régler le conflit dans le Donbass. Car Vladislav Sourkov est la personne que le Kremlin a désignée pour être le coordinateur des combattants pro-russes dans le Donbass. Le journaliste cite Valentin Nalivaytschenko, ancien chef du Service de Sécurité de l’Ukraine: «Poutine est le père des séparatistes, tandis que Sourkov est leur nourrice».

Le 23 août, Kurt Volker se rendra à Kiev où il se joindra à James Mattis, ministre américain de la Défense, lors des entretiens avec les autorités ukrainiennes pour discuter des différentes étapes qui marqueront les négociations politiques suivantes. La situation sera probablement plus claire après ces entretiens. En revanche, il est évident que le chemin à parcourir pour mettre fin au conflit est encore très long.