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10 choses qu’il faut savoir sur les Casques Bleus de l’ONU à Donbass

Le président ukrainien Petro Poroshenko, lors de son discours à l’Assemblée Générale de l’ONU à New York le 20 septembre, compte insister sur la nécessité d’envoyer le contingent pacifique de l’ONU vers le Donbass en guerre. Ce but est l’un des buts-clé de la politique extérieure ce mois de septembre, depuis le début du mois, lorsque le président russe Vladimir Poutine a évoqué la possibilité d’envoyer des Casques Bleus en dans l’est de l’Ukraine. Radio Svoboda a rassemblé 10 aspects du sujet de la mission de la paix , qu’il est important de connaître en vue du discours du président. UCMC porte à votre attention une version raccourcie et traduite.

  1. Qui est à l’origine de cette idée et pourquoi la discute-t-on activement aujourd’hui ?

L’idée d’envoyer des Casques Bleus à Donbass fut d’abord évoquée par l’Ukraine, en début 2015. Cependant, l’idée fut repoussée par la Russie, qui porte assistance aux troupes séparatistes. Pourtant, le 5 septembre, au sommet des BRICS en Chine, le président russe Vladimir Poutine a évoqué la possibilité d’un déploiement de la mission de paix à Donbass. Ceci est expliqué par certains par une volonté d’avoir l’air d’être le “peacekeeper” lui-même, et aussi une tentative du Kremlin de s’éloigner du conflit armé et de donner raison à soulever les sanctions contre la Russie; de plus, certains experts estiment que le moment de l’initiative de Poutine est dicté par les discussions très sérieuses à Washington quant à la possibilité de livrer à l’Ukraine une arme létale, qui pourrait changer le conflit en faveur de Kiev.

Il est aussi devenu évident que, pour son initiative, la Russie a choisi le Conseil de Sécurité de l’ONU, étant un de ses membres permanents, et possédant le droit de veto. Une concurrence au sein du Conseil de Sécurité quant aux projets de résolutions russes et ukrainiens n’est pas exclue.

  1. Où déployer les Casques Bleus ?

C’est la plus grande source de désaccord entre la Russie et l’Ukraine quant à l’initiative. La Russie continue de défendre l’idée de disperser les Casques Bleues tout au long de la ligne de délimitation. La présidente du Conseil de la Fédération de Russie, Valentina Matvienko, a annoncé, qu’elle ne voyait “aucune logique” dans le déploiement des forces de l’ONU sur la frontière entre la Russie et l’Ukraine, et que leur seule utilité est la protection de la mission de l’OSCE. Les représentants ukrainiens disent que les Casques Bleus doivent impérativement être déployés sur les 423 kilomètres dont consiste la frontière russo-ukrainienne, qui n’est aujourd’hui pas contrôlée par les forces ukrainiennes, et par laquelle, à Donbass, la Russie fait entrer son équipement militaire, son armement, son personnel militaire et ses mercenaires. La Première vice-présidente de Verkhovna Rada, Irina Gerashchenko, insiste sur le fait que les Casques Bleus doivent être déployés sur Donetsk et Luhansk, territoires hors du contrôle de Kiev.

  1. Les pays leaders de l’Ouest soutiennent-ils l’idée d’envoyer les Casques Bleus ?

Il est important de noter que l’idée d’envoyer les Casques Bleus fut tout de suite appuyée par l’Allemagne, et la chancelière Angela Merkel, lors d’une conversation téléphonique avec le président Poutine, l’a convaincu que les Casques Bleus ne doivent pas seulement être déployés sur la ligne de séparation à Donbass. Un autre participant de la “chemise normande” fut la France. Elle a elle aussi soutenu l’idée des Casques Bleus, bien que significativement plus tard que l’Allemagne et avec nettement moins d’enthousiasme. Il est important de noter le soutien actif de l’idée par les UE.

  1. Quel doit être le mandat de force de l’ONU ?

En accord avec le plan russe, le mandat de l’action pacifique de l’ONU devrait alterner la défense avec les employés de la Mission d’Observation Spéciale (MOS) de l’OSCE à Donbass.

Pour l’Ouest et l’Ukraine, cette mission pacifique, ce n’est pas que la protection de la mission de l’OSCE, mais aussi une contrainte indispensable pour le déminage, le désarmement, le retrait des troupes étrangères, des troupes et instructeurs russes, du territoire ukrainien. Le Ministre des affaires étrangères ukrainiennes, Pavlo Klimkin, le déploiement des Casques Bleus de l’ONU sera le début d’un processus de “retour à une vie normale”, et mènera à des élections municipales dans les territoires occupés du Donbass, mais seulement en éradiquant les “manipulations russes menant à ce que la Russie, même en partie, contrôle la préparation et le déroulement de ces élections”.

  1. Qui paiera pour les Casques bleus ?

D’habitude, les gardiens de la paix sont financés par le budget de l’Organisation des Nations Unies, par l’article spécial des “opérations pacifiques”. Cependant, comme il faut attendre encore 9 mois jusqu’au début de la prochaine année financière, et les fonds pour l’opération à Donetsk sont nécessaires dans l’immédiat, les Etats Unis sont prêts à apporter leur aide financière. Il est difficile de déterminer le prix exact de l’opération, mais il s’agit assurément de plusieurs dizaines de millions de dollars.

  1. Période de l’opération pacifique de l’ONU

D’après les représentants ukrainiens, le déploiement de la mission de l’ONU prendra au minimum 6 mois, ou, comme le disent les grands diplomates ukrainiens, “six mois+”. Dans tous les cas, même dans le cadre de l’adoption de la résolution par le Conseil de Sécurité, la mission ne pourra être déployée que courant le printemps 2018.

  1. La mission doit-elle “céder” aux groupes “RPD” et “RPL” ?

En fait, lors des consultations avec les leaders des groupes “RPD” et “RPL”, c’est d’abord le président Poutine qui a insisté. Comme en ont notifié les médias, contrôlés par des militants, le leader du groupe “RPD”, Oleksandr Zakharchenko, a insisté sur la nécessité de “discuter” de la proposition de Poutine. “En tous cas, nous sommes prêts à discuter de cette initiative, et nous insistons sur l’impossibilité d’un changement du format de règlement sans l’accord de la “RPD” et de la “RPL””, a dit Zakharchenko.

  1. Peut-il y avoir des soldats russes parmi les Casques Bleus ?

“C’est hors de question ! Comment la Russie, qui a factuellement occupé le territoire de Donbass (et c’est maintenant un mélange entre une occupation classique et hybride), peut-elle être présente lors de cette mission ? Il ne peut y avoir que ceux à qui nous faisons confiance, et à qui fait confiance la communauté internationale. Mais nous discuterons des participants de la mission plus tard”, a dit le chef de la MFA de l’Ukraine Pavlo Klimkin.

  1. Quelles peuvent être les relations entre les Casques Bleus et les observateurs de l’OSCE à Donbass ?

De la coordination, à la promotion et à la protection : voilà le modèle d’entraide entre les missions de l’ONU et de l’OSCE, qui a été évoqué. Il n’est clair que le fait que la mission pacifique de l’ONU va significativement accélérer la Mission Observatoire Spéciale non armée de l’OSCE à Donbass, qui se heurte actuellement à l’impossibilité d’atteindre les endroits importants, et aux obstacles et parfois menaces à la sécurité du personnel de l’OSCE.

Il est maintenant évident que l’OSCE estime que la mission de l’ONU ne doit en aucun cas signifier la fin des accords de Minsk. “Toute initiative, cependant, ne doit pas détourner l’attention générale de la responsabilité des différents partis dans la résolution de ce conflit”, a annoncé le 19 septembre Alexander Hug, vice président la Mission de Surveillance Spéciale de l’OSCE.

  1. Le déploiement des Casques Bleus signifie-t-il la conclusion automatique du conflit ?

A l’ONU, les les missions de maintien de la paix nécessitent beaucoup de ressources, et elles ne sont pas toujours effectives. Par exemple, on peut de rappeler l’ex-Yougoslavie, où les Casques Bleus n’ont pas réussi à conclure les guerres des Balkans avant que l’OTAN n’intervienne. De plus, beaucoup repose sur les acteurs précis de la mission de maintien de la paix de l’ONU à Donbass. Comme l’a dit l’expert militaire russe Pavel Felgenhauer, un défaut de cette mission pourrait être la participation de pays comme le Bangladesh ou le Sénégal, “ou d’un autre pays du tiers-monde”.