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Qui est Taras Beniakh, l’Otaman de la tchaïka cosaque «Presviata Pokrova»?

l’article original sur le blog de Bernard Grua

Taras halant sur l’étai pour le mâtage de la tchaïka, Pont-Aven 19/08/2017

Taras Beniakh s’intéresse aux autres. Quand il parle, il s’agit généralement de l’Ukraine, de création artistique, de la tchaïka, de son équipe, re-devenue équipage, ou de nombreux lieux et connaissances, qui lui sont chers. Cet homme, grand par l’esprit et petit par la taille, court toujours et partout. Il ne prend pas le temps de donner de détails sur lui-même. Communiquant chaleureux et extraverti mais personnalité discrète, peut-être ne le juge-t-il pas nécessaire? Pourtant, aujourd’hui, cet « étonnant voyageur » a accepté de répondre aux questions que nous sommes nombreux à nous poser.

Le Ruthène d’Europe centrale, familier des forêts et des montagnes, devenu loup de mer, constructeur naval reconnu par ses pairs ainsi que Breton de cœur, nous raconte sa genèse de citoyen du monde. Il nous décrit son intégration dans une grande communauté maritime, qui n’a pas de frontière. L’Otaman nous fait entrer dans l’intimité humaine d’un chantier mené à des milliers de kilomètres de son foyer, dans ce Finis Terrae pontavénien, où il retrouve une partie de ses racines. Il nous fait part des difficultés qu’il lui reste à surmonter avant de pouvoir accomplir la vision qu’il a pour « Presviata Pokrova », armée par une sotnia de Cosaques, ambassadrice marine du pays héritier de la noble et ancienne Rous’ Kiévienne, gardienne de la route des Varègues aux Grecs.

Lviv, ville de Taras, Ukraine occidentale, carrefour culturel et historique d’Europe centrale

Propos recueillis par Bernard Grua, Breton de Lanvénégen (30 km de Pont-Aven), navigateur hauturier et sur vieux gréements, activiste pro Maïdan, co-fondateur et porte-parole de « No Mistrals for Putin ».


Exemples de créations artistiques de Taras, photos de ses pages Facebook

I. Des arts plastiques à la charpenterie de marine

Bernard Grua: Taras, tu avais quel âge, quand tu as connu le projet de la tchaïka?

Taras Beniakh: 
J’avais 20 ans lorsque je me suis impliqué dans le projet de construction de la tchaïka. Il y avait de grands changements à Lviv, à la fin des années 80. C’est d’ailleurs de Lviv, que partent les impulsions en Ukraine. Je faisais partie d’une association, très artiste, mais où seulement 5% des adhérents étaient réellement actifs. Certains membres, plus âgés, m’ont fait entrer dans l’association « Kish », qui avait pour objet de travailler sur la culture cosaque et de la faire connaître. Là, Basile Katshmar a commencé à dire que nous devions construire une tchaïka.

As-tu participé au chantier de construction?

C’est Basil Katshmar, qui a reconstitué les plans de la tchaïka, un bateau qui avait disparu depuis longtemps. J’ai participé aux premiers moments de la construction mais je me suis interrompu, le temps de passer mon diplôme des Beaux Arts.

Note BG :Probablement le meilleur témoignage sur les tchaïkas a été rédigé par un Français, au XVIIeme siècle. Il s’agit  de Guillaume Le Vasseur de Beauplan.

Qu’est ce que tu retiens de la réalisation de ce défi hors normes?

Oui, ce projet était fou mais c’était vraiment une grande période d’effervescence et d’espérance. On pensait, que rien n’était impossible. Nous ne connaissions vraiment pas la navigation, ni la construction navale. Nous avons fait des recherches. Nous avons questionné. Nous avons appris. Nous avons travaillé avec une grande créativité et dans une véritable euphorie. En réalité, ce n’était pas comme un travail. C’était comme une fête. Tout cela était fascinant. Depuis cette période là, plus qu’un réseau d’amis, il me reste un véritable réseau de confiance.

Histoire de la tchaïka «Presviata Pokrova» en ukrainien, avec vidéos d’archive (auteur?)


II. A l’école de la tchaïka et de la mer

«Il y a trois sortes d’hommes: les vivants, les morts et ceux qui vont sur la mer.» – Platon… ou Aristote

Combien d’étés as-tu navigué sur la tchaïka?

J’ai navigué sur la tchaïka entre 1992, date de la première mise à l’eau, et 2002. Ma dernière navigation fut lors d’un de ses retours en Ukraine. J’étais à bord, de Saint-Tropez à Odessa.

La tchaïka en mer (auteur?)

Quels furent tes rôles sur la tchaïka?

Taras, Ukraine, mi-janvier 2018, photo de sa page Facebook

J’ai, tout d’abord, été un équipier puis le navigateur du bord. J’avais les compétences pour être capitaine du bateau mais, à cette époque, je n’avais pas les papiers requis. Ensuite, l’occasion ne s’est pas présentée car il y avait une personne déjà en charge de ce poste. Mais, tu sais bien, quand on arrive à un certain niveau d’expérience et qu’on est d’accord sur les objectifs et la destination, une sorte de cogestion informelle se met en place. Chacun prend ses responsabilités quand il le faut. Après la tchaïka, j’ai embarqué sur d’autres voiliers plus contemporains, en tant que chef de bord, pour de longues navigations entre différents pays.

Note BG :Le navigateur est en charge du point et du calcul de la route sur la carte, en fonction des vents, des courants, des marées et des récifs.

Quels sont les souvenirs les plus forts, qu’il t’en reste?

J’ai vraiment eu peur, quand nous avons quitté le fleuve Dnipro et sommes entrés en Mer Noire, pour la première fois. Nous avons essuyé une grosse tempête. C’est mon plus mauvais souvenir à bord de « Presviata Pokrova ». Pourtant, même si de nombreux équipiers étaient malades à cause du mauvais temps, j’ai compris ce jour là, que je n’aurai jamais le mal de mer.

Dessin d’enfant de l’île d’Ouessant, été 2000, page Facebook Козацька чайка «Пресвята Покрова»

Mon meilleur souvenir, celui dont je me rappelle avec le plus de force, c’est une régate de vieux gréements entre le port de Douarnenez et l’île d’Ouessant. Tu connais ces parages, le Fromveur, les courants, les rochers, les vagues etc. On est parti avec tous les bateaux de la course, puis nous étions seuls. Les autres avaient abandonné. La mer était grosse. Nous avons vu le canot de sauvetage sortir pour secourir un navire de plaisance en perdition. Et nous, on était à fond. Nous avons fait onze à douze nœudsjusqu’à Ouessant. Et là-bas, il fallait voir comment nous avons été reçus! C’était une super fête. Rien que pour nous.

La tchaïka, c’est vraiment un bon bateau ! J’ai confiance en elle. Pendant une navigation, nous marchions, dans le mauvais temps, appuyés par le moteur. Tout à coup, il s’est arrêté. La coque, sous le pont, était pleine d’eau. Et « Presviata Pokrova » continuait à faire sa route…

Notes BG :
  • Douarnenez-Ouessant. Taras nous parle, ici, d’une navigation en mer d’Iroise à la pointe de Bretagne, un des endroits les plus dangereux au monde pour la navigation
  • Un nœud = 1,85 km/h
  • D’autres aventures de mer sont consultables ici: «Quelques confidences de la tchaïka Presviata Pokrova»
Ouessant, pointe de Pern, sémaphore et phare de Créac’h. Photo B. Grua

En quoi tes expériences de construction, puis de navigation, sur la tchaïka ont eu un impact sur la suite de ta vie?

Depuis tout jeune, à l’époque de l’URSS, je voulais voyager. Je l’ai fait, surtout en montagne. Mais je rêvais de la mer. La tchaïka m’a permis de découvrir la mer. J’ai rencontré la mer. Elle est vraiment entrée dans ma vie. Elle a tout changé pour moi. Durant mes différentes navigations, j’ai compris que les gens qui passent leur vie avec la mer sont très ouverts. Ce sont des gens différents. Ils forment une sorte de communauté internationale à laquelle, j’ai la chance d’appartenir, grâce à la tchaïka.

En quoi la tchaïka t’a-t-elle changé?

La tchaïka a changé ma vie. Elle en a changé bien d’autres. Ce n’est pas fini. Elle est en train, par exemple, de changer la vie d’Ivan Khomishak et encore plus, peut-être, celle de Taras Trofimuk. Ivan est le fils d’un constructeur de la tchaïka. Son père a embarqué pour la première navigation du bateau, le lendemain du baptême de son garçon. Ivan est venu sur le chantier lors de l’été 2016 et de l’été 2017. Quant à Taras Trofimuk, c’est un jeune ferronnier d’art. Il s’est découvert une passion pour la Bretagne, où il désire habiter plus tard. Il s’enthousiasme, aussi, pour la construction navale et veut en faire son métier.


III. L’organisateur de la mission de sauvetage

Quand et comment as-tu appris dans quel état était la tchaïka?

Pendant plusieurs années je me suis tenu à l’écart de la tchaïka. Son capitaine communiquait peu sur le bateau. Nous n’étions pas vraiment au courant de son programme, ni de l’état de conservation de l’embarcation. Et puis, on a commencé à entendre des choses inquiétantes. J’ai vraiment découvert la gravité du problème en voyant les photos que tu as prises à Pont-Aven, le 5 août 2015. A cette époque, j’étais dans le sud de la France.

Comment as-tu appris que la tchaïka risquait de finir par mourir sur une vasière?

Je me suis renseigné auprès de la mairie de Pont-Aven. J’ai appris, que la tchaïka, incapable de naviguer, encombrait le quai du port. Il était prévu de s’en débarrasser en la reléguant dans une anse envasée de la rivière. Dès que je suis revenu à Lviv, nous avons fait une réunion de l’association « Kish » avec un grand nombre de participants.

Qu’est-ce qui t’a poussé à prendre part à la quasi-reconstruction, du bateau?

Oustym Fedko et moi-même avons décidé, que nous devions aller à Pont-Aven, sans attendre, même si je pensais qu’il était déjà trop tard. C’est ainsi que je me suis trouvé en charge du projet de remise en état. Ce fut une responsabilité difficile à accepter. Mais il n’y avait pas d’autres solutions.

Nous sommes partis le 10 septembre 2015 de Lviv avec, déjà, dans une remorque, des planches de mélèze pour refaire le pont. Nous avons régularisé un certain nombre de papiers à la mairie de Pont-Aven. Monsieur le maire nous a proposé un terrain, où nous pourrions mettre le bateau au sec pour les travaux. Il a volontairement « oublié » de nous faire payer la place à quai, que la tchaïka occupait depuis plusieurs années. Nous avons rencontré Monique et Laurent Lesiourd ainsi que Maurice le Reste. Ils étaient déjà très impliqués. Ils nous ont promis leur aide. En rentrant en Ukraine, nous avons rapporté le moteur pour le déposer chez un professionnel à Varsovie.

Présentation du projet de restauration et appel aux dons TV ukrainienne par Taras – 18 avril 2016

Notes BG:
  • Le mélèze est un bois résineux de montagne réputé imputrescible
  • Laurent Lesiourd est maître verrier d’art à Pont Aven. Il est le président de l’association française « Presvyata Pokrova »
  • Maurice Le Reste est le président de « la Belle Angèle », association du patrimoine maritime de Pont-Aven
  • Etat des lieux en 2015 et travaux réalisés en 2016.

Pourquoi n’avoir pas choisi de ramener la tchaïka dans un camion afin de la restaurer ou de la mettre dans un musée ukrainien?

Taras, réglage des aussières avant la venue de l’ambassadeur, Pont-Aven 19/08/2017. Photo B. GruaJe ne savais pas si la tchaïka était en assez bon état pour être sortie de l’eau et pour faire tant de route sans risquer de se désagréger. En plus, je ne pense pas que nous aurions pu la faire passer par les rues de Pont-Aven. Elles sont probablement trop étroites. Il aurait fallu la mettre sur un camion dans un autre port que nous aurions rejoint par la mer. Mais elle risquait de couler à tout moment. Nous l’aurions, alors, perdue. De plus, un aussi long transport par la route aurait coûté une somme rédhibitoire.

Un jour, la place de la tchaïka sera peut-être dans un musée, comme tu le dis, mais pour cela nous devrons la ramener en Ukraine par la mer. Il fallait donc la remettre en état à Pont-Aven.


IV. La vie sur le chantier de «Palette Aven»

Notes BG: « Palette-Aven » est le nom que les Cosaques ont donné à leur « sitch » et chantier naval sur les bords de l’Aven, en 2016.

Ici, tout le monde reconnaît tes compétences, tes qualités humaines, ta capacité à t’insérer localement, ainsi que ton leadership. Comment est-ce arrivé?

Palette Aven, chantier de la tchaïka, juin 2016-août 2017. Photo B. Grua

La plupart de ceux qui sont venus travailler jusqu’à maintenant à Pont-Aven sont des amis personnels. Il n’y en a qu’un petit nombre d’entre eux, qui font partie de l’association et qui ont navigué sur la tchaïka. Il était donc logique que je leur attribue des fonctions et que je leur explique les travaux qu’ils devaient mener. C’était à moi de leur distribuer ces rôles. Avant leur venue, à Pont-Aven, je connaissais les spécialités et compétences de chacun. Je savais qui était capable de faire quoi. Le point le plus important était d’être certain que je pouvais avoir confiance en ceux à qui j’avais demandé de venir.

Combien d’Ukrainiens sont venus travailler, une ou plusieurs fois, sur la tchaïka?

L’équipe a été, au total de 13 à 15 personnes. Cinq personnes sont venues pour les deux chantiers d’été, 2016 et 2017. Six ou cinq personnes ne sont venues qu’un seul été. Comme je le disais précédemment trois ou quatre sont des anciens de l’association. Au cours de ce dernier mois d’août 2017, nous avons eu la participation de Basile Katshmar, l’architecte du bateau, qui n’avait plus tellement de rapport avec la tchaïka.

Pont-Aven, 18 et 19 août 2017. Photo B. Grua
  • Pendant les trois jours de septembre 2015, nous étions quatre: Oustym, moi et deux amis polonais.
  • En mars 2016, nous sommes venus à quatre pour rapporter le moteur, gruter le bateau et planifier les travaux.
  • En juin-juillet 2016, la première équipe était de cinq personnes avant d’être remplacée par une deuxième équipe.
  • En juin 2017 nous n’étions que trois. Mais les trois étaient de vrais spécialistes de la construction. Il n’y avait pas d’instructions à donner. Chacun savait ce qu’il avait à faire. En dix jours, nous avons pu abattre un travail considérable.
  • Du 2 au 24 août 2017, nous avons été cinq à travailler.

Comment as tu pu mobiliser et déplacer une telle équipe?

Pour faire venir ces équipes d’Ukraine, nous avons utilisé des véhicules personnels ou des véhicules que l’on nous a prêtés. Ces voyages, c’est vraiment quelque chose de très difficile à organiser. Dès septembre 2017, j’ai commencé à préparer le prochain déplacement de l’été 2018.

Palette-Aven, 28 juillet 2016. Photo B. Grua

Comment as-tu pu planifier et organiser tous ces travaux?

A part la réparation du moteur, en Pologne, nous avons tout réalisé nous-même, en Ukraine. Nous avons forgé l’ancre, les clous et les rivets. Nous avons taillé de nouvelles voiles. Nous avons façonné les joues des poulies et les caps de moutons en chêne. Pour les réas des poulies nous avons utilisé un matériau synthétique très dur. Nous avons, aussi, fabriqué les hiloires à Lviv.

Notes BG :
  • Les joues sont les faces latérales des poulies
  • Les caps de mouton sont des pièces de bois rondes percées de trous afin de raidir les haubans, câbles tenant le mât.
  • Les réas sont les roues intérieures des poulies.
  • Les hiloires sont des pièces d’ébénisterie encadrant les passages entre le pont et l’intérieur du bateau.
Accastillage de la tchaïka: caps de mouton, tolets, poulies, panneau de pont et hiloire, fauconneau – Pont-Aven 19/08/2017. Photo B. Grua

La moitié du bois, que nous avons utilisé, nous a été donnée. L’autre moitié a été achetée. En ce qui concerne le bois de la couche d’usure et des lattes du pont, nous avons pris du mélèze de la région de Lviv, nous l’avons intégralement acheté.

Чайка Пресвята Покрова de Julian Kukhlevskyy , vidéo de Palette-Aven, juillet 2016

Le contre-plaqué, pour la sous-couche du pont a, en ce qui le concerne, été acquis en Bretagne, à Lorient.

Reportage France 3 TV, 24 heures avant la remise à l’eau de la tchaïka.

Nous avons transporté le bois dans nos véhicules, en planches de 5 mètres
Les outils et les machines, que nous avons utilisés à Pont-Aven, nous appartenaient. Chacun venait avec son matériel.

Remise à l’eau de la tchaïka après travaux, vidéo – Pont-Aven 18/08/2017

Quelles ont été les difficultés rencontrées pour la restauration?

Entre septembre 2015, premier constat à Pont-Aven, et la mi-août 2017, remise à l’eau de la tchaïka, nous n’avons eu aucune aide de l’État ukrainien. Il ne s’intéressait pas au projet. Les visas ont été un cauchemar. Pour les obtenir, de la part de l’ambassade de France à Kyiv, c’était très, très dur. Heureusement que ceci est maintenant terminé (régime d’exemption).

Note BG:
  • L’ambassade de France à Kyiv avait pourtant, en 2016, voir tweet ci-dessous, salué le travail réalisé à Pont-Aven. Cela est d’autant plus attristant.
  • Le régime d’exemption de visas avec les principaux pays de l’UE est entré en application le 11 juin 2017, pour les Ukrainiens. Il est valable pour une durée de 90 jours maximum sur une période de 180 jours.
Tweet de félicitations, ambassade France à Kyiv, 4 août 2016

Comment avez-vous pu financer un tel chantier?

Nous avons financé le chantier en partie grâce à l’argent obtenu par la vente aux enchères, à Lviv, d’œuvres d’art, que nous avons créées. Quelques personnes ont donné des sommes plus importantes, que le prix de ces objets. Cet été 2017, pour venir, nous n’avions pas d’argent. J’ai demandé à un copain « businessman » de nous donner de quoi faire le trajet. D’autres copains ont complété. Pour l’année d’avant, ce qui nous avait sauvé, c’était la vente aux enchère de nos œuvres d’art.


V. Plus de vingt ans d’amour de la Bretagne

A plusieurs reprises, on pouvait entendre dire, à Pont-Aven: « Taras est devenu breton ». Comment faut-il comprendre cela?

Mais je n’ai rien fait de spécial! Depuis 1996, je suis tombé amoureux de cette région. C’est mon pays préféré en France. D’ailleurs, dans d’autres endroits, en France, les gens qui m’ont aidé étaient, eux aussi, des Bretons.

Chapelle Notre dame de Tronoën avec tulipes rouges, Pays Bigouden. Photo B. Grua

C’est la seule région en France qui sait chanter et qui a une architecture spéciale. C’est quelque chose de très différent des autres parties de la France.

Жовто-блакитний & Gwenn Ha Du à Pont-Aven – 18 & 19 août 2017. Photos B.Grua

Comment as-tu réussi, habitant Lviv, à comprendre fusionnellement la Bretagne, chose impossible à la majorité des Français et à beaucoup de tes compatriotes, y compris ceux vivant en France?

Taras, Pointe de Trévignon, juin 2016 (auteur?)

La première fois que j’ai entendu parler de la Bretagne, c’est en lisant « Les Chouans » de Balzac. Je comprends assez bien les Bretons car, chez nous aussi, dans les Carpates, les habitants sont très accueillants.

Carpates ukrainiennes. Kosmach, Pip Ivan massif de la Tchornohora, Dzembronya. Photos B. Grua

C’est comme ça, ici. Il y a des années, avec Oustym, nous passions devant la maison de Joëlle (Laot-Elies) à Locmaria-Plouzané (près de Brest). Elle nous a simplement fait entrer et nous a reçus chez elle. Joëlle est notre première amie de Bretagne. Depuis ce temps, elle est resté dans notre cœur et nous dans le sien. Elle se considère un peu comme notre maman bretonne.

 Comment ton groupe a-t-il réagi à la visite, à Pont-Aven, de l’ambassadeur, Monsieur Oleh Shamshur?

L’ambassadeur d’Ukraine en France, Oleh Shamshur, aux côtés de Laurent Lesiourd et de toute l’équipe des artistes ukrainiens, qui a restauré la chajka Presviata Prokrova . Photo du journal « Le Télégramme ». Pour lire l’article cliquer sur la photo.

Oleh Shamshur, ambassadeur d’Ukraine avec M. le Maire de Pont-Aven et Svitlana Osypenko ep. Orgeval, compatriote ukrainienne résidant à Bannalec (à quelques km de Pont-Aven) 18/07/2017

Nous étions tous très contents que Monsieur l’ambassadeur soit venu pour voir la tchaïka, remise à l’eau, et pour remercier la municipalité, l’association « La Belle Angèle » ainsi que l’association pontavénienne « Presviata Pokrova », les 18 et 19 août 2017.

L’ambassadeur d’Ukraine en France, Oleh Shamshur, sur la tchaïka. Photo « Le Télégramme ». Pour lire l’article, cliquer sur la photo. 19/08/2017

Sa présence dans l’assistance, le soir du 19 août, lorsque la foule écoutait l’hymne national ukrainien, que nous avons entonné sur la scène de la fête, puis lors de l’ovation de cette même foule, marquait aussi quelque chose de vraiment spécial.

Chants cosaques, hymne national ukrainien sur la scène de la fête à la demande du Président de la Belle Angèle, Maurice Le Reste – 19/08/2017

L’État ukrainien, en la personne de l’ambassadeur, se sentait, enfin, concerné par notre projet. Monsieur l’ambassadeur nous a aussi proposé d’organiser une rencontre, à Paris, à l’Institut Culturel Ukrainien, avenue de Messine.

Oleh Shamshur, ambassadeur d’Ukraine en France, Natalia Kochubey, responsable du service culturel de l’ambassade d’Ukraine en France, avec l’équipage de la tchaïka. Photos B. Grua 19/08/2017
Maurice Le Reste, président de l’association du patrimoine maritime « la Belle Angèle » & Oleh Shamshur, ambassadeur d’Ukraine en France – Pont-Aven 19/08/2017 – Photos B. Grua

Козацька чайка « Пресвята покрова » у Pont-Aven. (La tchaïka cosaque à Pont-Aven) 19/08/2017 par Volodymyr Shpinov

 
Note BG: Le service culturel de l’Ambassade  d’Ukraine en France a rendu compte de l’événement dans l’article suivant:  « ЛЕГЕНДАРНА КОЗАЦЬКА ЧАЙКА « ЗАСВІТИЛАСЬ » НА ПАРАДІ ВІТРИЛЬНИКІВ У ФРАНЦІЇ ».

En voici la traduction:
« Le 19 août la galère cosaque «Presvyata Pokrova» a participé à la fête maritime «La Belle Angèle» à Pont-Aven en Bretagne. 

L’Ambassadeur de l’Ukraine Oleh Shamshur a rendu visite à Pont-Aven à cette occasion. Il a remercié l’équipage du voilier, le capitaine Taras Benyakhpersonnellement pour la contribution qu’ils apportent au développement des relations d’amitié franco-ukrainiennes et à la promotion des traditions cosaques et de la culture de l’Ukraine en France. 
L’Ambassadeur a également exprimé sa gratitude à la Mairie de Pont-Aven,aux habitants de la ville pour l’accueil chaleureux de l’équipe ukrainienne.
La restauration du bateau a été rendue possible grâce au soutien amical des amoureux de la mer français qui ont créé l’association «Presvyata Pokrova» à cet effet. Elle est présidée par M.Laurent LESIOURD. L’Association «La Belle Angèle», organisatrice de la Fête à Pont-Aven, et son Président M.Maurice LE RESTE ont aussi apporté une aide précieuse aux cosaques.

Cette année la participation de la tchaïka «Presvyata Pokrova» restaurée et mise à l’eau est devenue le moment fort de la Fête. »


VI. La vision et les derniers obstacles à lever

Quel sera l’avenir de la tchaïka? Va-t-elle rentrer ou va-t-elle continuer ses navigations européennes?

Bien sûr, que la tchaïka va continuer ses navigation européennes et, à la fin, elle va revenir en Ukraine. Pour l’instant, je ne sais pas quand. Il est très important que la tchaïka poursuive sa mission diplomatique en Europe pour faire connaître l’Ukraine. Pour ma part, j’aimerais bien aller en Irlande (seul pays maritime d’Europe, avec l’Estonie, qui n’a pas encore été visité par la tchaïka). Oustym préférerait faire cap sur la Croatie. Alors, on va voir. On va discuter ensemble.

Taras et une partie de l’équipage sur la tchaïka – Pont-Aven 19/08/2017 – Photo Julian Kukhlevskyy

Comment vois-tu la réalisation de cette mission dans les années qui viennent?

Je préfère participer à de grandes fêtes maritimes pour que la tchaïka soit connue. Ça, c’est vraiment la mission diplomatique de la tchaïka. Et finalement, notre État, l’Ukraine, doit s’intéresser à ses tradition maritimes.
Pour le moment je ne sais pas si la tchaïka doit rester basée à Pont-Aven. On verra le moment venu.

Que reste-t-il à faire sur la tchaïka pour pouvoir reprendre la navigation?

Il faut ré-installer le moteur. Il vaut finir le pavois. Il n’est pas nécessaire de tout changer. Il suffit de remplacer ce qui est pourri ou cassé. Il faut aussi faire l’intérieur. Il reste environ un mois de travail, à cinq.

Note BG : Le pavois est situé au dessus du pont. Il est constitué de la partie supérieure du bordé, les planches de la coque, tenue par les jambettes, prolongements des membrures.

De quels financements avez vous besoin?

Il faut probablement entre 5 et 10 000 Euros pour que le bateau soit prêt à naviguer. Là dedans, je compte ce qui est nécessaire pour achever les travaux: le coût du déplacement de l’équipe, la nourriture, les matériaux et les outils. Je n’y inclus pas les équipements nécessaires à la navigation tels que radio, GPS, compas, gilets de sauvetage, radeau de survie.

Pour terminer, je voudrais partager nos pensées avec nos amis de Pont-Aven concernant le naufrage du lougre – chasse marée, la Belle Angèle, sur les rochers de la côte Nord de Bretagne. Cette catastrophe nous a vraiment choqué. C’est comme si nous avions perdu un frère.

– Dyakuyu, Taras!
– Trugarez, Bernard!


Aidez-nous à faire connaître la tchaïka « Presviata Pokrova »:

Vous avez des questions, vous avez aimé ce récit, n’hésitez pas à utiliser la case « commentaires » ci-dessous. Il vous sera répondu.

Et si vous décidez de participer à la diffusion de ce texte pour faire connaître l’odyssée diplomatique et pluridécennale de la tchaïka Presviata Pokrova les boutons de partages sur les réseaux sociaux sont à votre disposition en bas de l’article.

Pour en savoir plus:

– Tchaïka, la diplomatie fraternelle des Cosaques en Bretagne
– Quand un Français du XVIIe siècle nous parle de la tchaïka cosaque 
– Quelques confidences de la tchaïka Presviata Pokrova (récits de navigation)
– Tchaïka, travaux nécessaires et contraintes rencontrées avant une remise en eau (fin juillet 2016)

Si vous souhaitez faire un don et/ou être membre

Association française Presviata Pokrova
Email: lesiourd@orange.fr
Adresse: Association Presvyata Pokrova, 23 rue des Abbé Tanguy, 29930 Pont aven

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Ukrainien: Козацька чайка «Пресвята Покрова»