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Entre deux tours d’élections: les résultats de la semaine

Le 31 mars, les Ukrainiens ont voté au premier tour de l’élection présidentielle. Selon les résultats, la première place revient au  showman, Volodymyr Zelensky, qui a recueilli plus de 30% des voix des électeurs. Le président actuel, Petro Porochenko, est entré au second tour avec un résultat de près de 16%. Le duel électoral, qui précède le second tour,  entre les deux candidats se terminera le 21 avril. L’UCMC surveille les campagnes des deux candidats. Voici un résumé de la première semaine après le premier tour.

Après le premier tour, le sujet le plus brûlant de la discussion publique a été la tenue d’un débat public entre les deux candidats avant le second tour. Le débat serait évidemment une chance pour le président en exercice de remporter une partie du vote, puisque Porochenko est connu pour sa capacité à parler en public. Mais les débats, avant tout, sont nécessaires pour la société.Selon des enquêtes sociologiques, 73,5% des citoyens souhaiteraient voir un débat entre les deux candidats à la présidence. Après tout, lors de ces élections, plus encore que d’habitude, le favori du premier tour reste totalement inconnu de la société comme prétendant  au poste de  la présidence de l’État ukrainien.

Favori comme persona incognita

Les sociologues du Fonds des Initiatives démocratiques ont déclaré que les  électeurs de Zelensky sont moins informés du programme de leur candidat que ceux de Porochenko.

Par exemple, selon les sociologues, seuls 20% des électeurs de Zelensky, contre 40% des électeurs de Porochenko, connaissent  le programme de leur candidat à propos de la consolidation de la paix dans la région du Donbass; 18% des électeurs de Zelensky et 51% des électeurs de Porochenko déclarent connaitre le programme de leur candidat concernant  la Russie, 10% des électeurs de Zelensky et 48% des électeurs de Porochenko connaissent le programme de leur candidat à propos de la réforme des Forces armées de l’Ukraine. Il n’y a que 22% des électeurs de Zelensky et 61% des électeurs de Porochenko connaissent le programme de leurs candidats concernant l’adhésion à l’Union européenne et enfin, concernant le programme de leur candidat à l’adhésion à l’OTAN, 16% des électeurs de Zelensky sont informés contre 62% des électeurs de Porochenko. Par ailleurs, les électeurs ne sont pratiquement pas informés des nominations des responsables aux postes clés du gouvernement : 18% des électeurs de Zelensky et 18% des électeurs de Porochenko. Quant aux programmes des réformes des tribunaux et des forces de l’ordre, seuls 14% électeurs de Zelensky et 28% des électeurs de Porochenko affirment les connaître.

La popularité du candidat, malgré l’ignorance de son programme, montre que les Ukrainiens aiment voter pour l’image du candidat et non pour ses projets et ses réelles capacités. Les Ukrainiens votent selon leurs émotions et le talentueux  showman le sait.

Alors débat ou pas débat?

Le favori de la course, Volodymyr Zelensky, a toujours évité les interviews tout au long de la campagne, car il n’a aucune expérience du débat public, ni des questions dérangeantes. Il s’efforce d’obtenir un maximum de nouveautés, évitant ainsi le débat, ne discutant qu’avec des journalistes connus et minimisant la communication. Au lieu de cela, il communique avec le public par le biais de clips vidéo, dans lesquels il ne répond pas aux questions de la société et impose son agenda.

C’est pourquoi, en réponse aux attentes du public en matière de débat et aux pressions du président actuel, Volodymyr Zelensky a enregistré  le 3 avril une vidéo pour convoquer Porochenko au débat, et non pas au studio de télévision, mais au stade Olympique de Kyiv. Il a imposé au président un certain nombre d’exigences, en particulier celle d’un examen médical. Petro Porochenko a relevé le défi 9h heures plus tard, en acceptant  le lieu du rendez-vous : «Alors, allons pour le stade». Après avoir accepté cette initiative, le président en exercice a invité Zelensky à passer des tests au centre médical du stade le 5 avril, soit le lendemain.  Les deux candidats ont passé les tests le matin du 5 avril: Porochenko, au point médical du stade et Zelensky, dans un laboratoire privé Eurolab, dont le propriétaire est un homme d’affaires russe.

Par la suite, le soir du 4 avril, Zelensky a enregistré une vidéo pour demander à Ioulia Tymochenko de devenir modératrice du débat. Les représentants de l’équipe de Tymochenko ont dit qu’ils réfléchiraient à la proposition tandis que Porochenko a estimé que cette proposition était irrespectueuse pour Tymochenko. La logique des demandes, sans cesse renouvelées en matière de débat, montre que Zelensky cherche à s’abstenir le plus longtemps possible de la réponse finale à savoir si le débat aura lieu ou n’aura pas lieu.

Entre-temps, malgré l’accord de la Société de radiodiffusion publique de tenir le débat dans le stade, sous réserve d’un financement approprié de l’État, la Commission électorale centrale a déclaré que le débat au stade est une « forme de campagne électorale» qui devra donc être financé sur les fonds des candidats.

Néanmoins, le principal débat officiel aura lieu le 19 avril dans le studio public de  la télévision. Si l’un des candidats refuse, l’autre peut utiliser ce temps d’antenne pour sa propre performance. Par conséquent, il est possible que les Ukrainiens assistent à deux séries de débats: l’un, officieux, au stade, l’autre, conformément à la loi, dans le studio de la Société de radiodiffusion publique.

Les valets jouent le roi: qui est dans l’équipe de Zelensky?

Pour le moment, l’équipe Zelensky n’a pas encore publié de liste des personnes qu’elle verrait aux plus hautes fonctions en cas d’élection de leur candidat,  ce dernier a déclaré qu’il le ferait après le second tour. Pendant ce temps, l’attention du public est attirée par son équipe; en effet, c’est en fonction du personnel de l’équipe et du financement de Zelensky que le public cherche à tirer des conclusions sur les objectifs de sa future politique.

Le principal orateur de son équipe est le technologue politique Dmytro Razumkov. Il est le fils d’Oleksandre Razumkov, ancien chef du Centre d’études économiques et politiques, qui, après sa mort prématurée, a été rebaptisé «Centre Razumkov». Dmytro Razumkov a été membre du Parti des régions, de 2006 à 2009,  et aux élections de 2009 et 2014, il était conseiller de Serhiy Tyhypko. Dans une interview accordée la chaîne ZIK, il affirme travailler gratuitement pour Zelensky.

Financement par le Parti des régions. Des journalistes, affiliés à Bihus.info, ont publié des informations selon lesquelles la liste des personnes, qui ont financé le fonds électoral de l’élection présidentielle Volodymyr Zelensky, est issue de l’environnement de l’homme d’affaires Pavlo Fuksa et de l’ancien chef de l’administration présidentielle de l’époque de Viktor Ianoukovytch,  Andriy Portnov.

Stratégie de communication virtuelle du candidat

La stratégie de communication de la campagne de Zelensky s’est révélée efficace avant le premier tour des élections. L’image de Goloborodko de la série lui attribue le portrait d’un « simple garçon » en dehors du système, et la nouvelle campagne numérique dynamique sur Internet et les réseaux sociaux bat, avec confiance, la campagne traditionnelle des autres candidats qui parlent à la télévision et participent à des shows. La «technologie miroir» de la communication de Zelensky a constitué un facteur important dans le flux des votes: éviter les réponses, le dialogue avec les électeurs, le manque de messages clairs, les entretiens à haute voix, etc. Tout cela a donné l’occasion à un électeur, qui protestait contre le «vieil homme» en politique, d’inventer les convictions du candidat Zelensky selon ses attentes et de le considérer comme son propre candidat.

Est-ce que cela sera suffisant pour que Zelensky gagne au deuxième tour? La première semaine après le premier tour a montré que la communication du siège central de Zelensky pouvait être gagnante, car elle obligeait l’adversaire à jouer selon ses règles. Mais en même temps, cela peut conduire à la défaite: « la logique du terroriste » qui, une fois de plus, pose de nouvelles exigences à l’adversaire et lui donne le temps de les exécuter, ne peut pas durer éternellement. Le partage de vidéos sur Internet lasse rapidement le public. Tôt ou tard, il sera nécessaire de donner des réponses plus claires et de rencontrer le principal opposant dans un dialogue réel plutôt que virtuel. Et ici, les chances de victoire de Zelensky risquent d’être beaucoup moins convaincantes.