Mikheil Saakachvili: Avakov et Porochenko n’arrivent pas à se partager le pays

Petro Porochenko a signé un décret privant Mikheil Saakachvili, ancien président géorgien et ancien gouverneur de la région d’Odessa, de la nationalité ukrainienne. Le lendemain, Saakachvili a accordé une interview exclusive à l’édition «Oukrainska pravda» où il a donné sa version des faits. 

Les raisons du désaccord

«J’ai passé deux heures à discuter avec Petro Porochenko, deux heures de menaces et de chantage de son côté »….

«Il me disait que je devais arrêter, arrêter de critiquer, arrêter «de couler le bateau», comme il le disait, arrêter de réaliser le plan de Poutine… et je lui ai ri au nez. Je lui ai dit que c’était lui qui réalisait le plan de Poutine….il a conclu un accord stratégique avec Rinat Akhmetov… Je pense que ses actes ressemblaient beaucoup plus à «un plan de Poutine » que les miens ».

Se débarrasser d’un opposant politique

Selon l’ancien président géorgien, la raison principale pour laquelle il a été privé de la nationalité ukrainienne est la peur de Porochenko devant son potentiel politique d’opposant: «la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est que j’ai commencé à rassembler les gens dans l’«État-major des actions communes», donc il a eu peur», a-t-il déclaré. «Il sait que je peux vraiment tout organiser».

L’absence de raisons juridiques

Selon la version officielle, Saakachvili a été déchu de sa nationalité, car il avait indiqué de fausses informations dans sa demande de nationalité, notamment concernant des poursuites pénale menées contre lui en Géorgie. Quant à Saakachvili, il assure que ces raisons n’ont aucun fondement. «C’est ridicule de parler de raisons juridiques. Pour parler de raisons juridiques, il faut un procès juridique, mais ce dernier n’a jamais eu lieu. Il fallait organiser un procès transparent, dans un processus juridique. Mais au lieu de ça, j’ai été déchu de la nationalité ukrainienne en douce, alors que je n’étais pas en Ukraine», a-t-il déclaré.

Les accords avec le président

Porochenko a promis de libérer Odessa de tous ces clans mafieux qui y régnaient, il a promis son soutien total pour aider à débarasser Odessa de tous ces gens. Mais tout s’est passé exactement à l’inverse ».

«Poutine se faisait beaucoup de soucis quand j’étais à Odessa. En été 2016, il a envoyé un groupe du FSB qui a loué tous les appartements autour de ma résidence pour trouver des affaires compromettantes contre moi. Par la suite, il les a rappelés, car les Russes ont reçu des garanties que je serais chassé du poste de gouverneur».

«Ensuite, Porochenko m’a appelé pour me dire : «Tu dois être fatigué d’Odessa. Et si nous t’envoyions comme ambassadeur d’Ukraine aux Pays-Bas. Si tu ne veux pas aller aux Pays-Bas, alors on te propose un poste d’ambassadeur dans un pays asiatique».

Les erreurs de Saakachvili

«Je regrette d’être allé à Tchernyhiv pour soutenir Berezenko lors des élections. C’était une erreur de ma part, même si j’y suis allée surtout pour mener une campagne contre Gennadiy Korban, car l’équipe de Kolomoyski m’a beaucoup attaqué à l’époque ».

«Cependant, j’ai fait ma plus grande erreur en me trompant sur la motivation de Porochenko. Il n’a qu’une seule motivation: gagner de l’argent».

La situation avec le passeport

«Tout d’abord, mon passeport m’accompagne toujours, ensuite…. J’ai beaucoup de possibilités différentes mais je ne vais pas tout dévoiler. J’ai beaucoup d’amis dans le monde entier».

«Mon épouse est une citoyenne hollandaise, j’ai le droit d’avoir un passeport hollandais, car nous sommes mariés depuis très longtemps. Mes enfants possèdent des passeports géorgiens et hollandais. Je n’aurai pas de problèmes avec la nationalité».

Les projets d’avenir

Malgré les difficultés, Saakachvili a annoncé qu’il n’avait pas l’intention de laisser tomber ses projets. «Actuellement, je travaille à la création d’un État-major des actions communes. En automne, nous allons organiser des réunions dans toutes les régions de l’Ukraine, mobiliser les gens et exiger du pouvoir des changements fondamentaux. Nous suivons notre plan. S’il faut que je sois présent, je le serai. Ce n’est pas un problème. Je vous le répète, je suis venu en Ukraine même à l’époque de Victor Ianoukovitch, malgré ses interdictions».

«Je pense que cette histoire a commencé pas seulement contre moi. Là, il a lancé un processus inévitable de destruction de son pouvoir. Mais ce processus continuera à s’accélérer. Plus le temps passe, plus il va repousser les gens, la communauté internationale. À un moment donné, les gens diront «stop».

«En Ukraine, il y a eu une révolution, mais cette révolution n’a pas apporté de changements révolutionnaires. Une révolution doit se solder par des changements et l’arrivée au pouvoir d’une nouvelle classe politique. Et cela se produira dans les mois à venir. Une nouvelle classe politique est prête».