A pro-Russian activist tent camp burns in front of the trade union building in Odessa May 2, 2014. At least 38 people were killed in a fire on Friday in the trade union building in the centre of Ukraine's southern port city of Odessa, regional police said. REUTERS/Yevgeny Volokin (UKRAINE - Tags: POLITICS CIVIL UNREST)

2 ans après la tragédie d’Odessa : seule une enquête objective sur la tragédie pourrait mettre fin à la tension sociale existant dans la ville

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Kiev, le 29 avril 2016 – A la veille du 2ème anniversaire des événements tragiques à Odessa la situation est très tendue. « Le conflit n’a pas disparu, il est passé au second rang des actualités», constate Tetyana Gerasimova, journaliste, membre du «Groupe du 2 mai».  Une des raisons de cette tension est la propagande russe qui présente l’incendie dans la maison des Syndicats comme «un sacrifice fait par les nazis ukrainiens». Parallèlement, cette propagande dissimule les événements qui se sont déroulés dans le centre-ville quand les provocations des soi-disant militants d’Odessa ont causé la mort de quelques activistes ukrainiens.  Plusieurs conférences sur ce thème sont organisées en Europe, des livres et des films sont diffusés.

L’autre raison est l’absence de progrès dans l’enquête officielle depuis plus d’ 1 an et demi. Les conclusions officielles des experts auraient été le meilleur argument contre la propagande russe. «Le seul moyen de gagner la guerre d’information est une armée de faits. C’est la seule chose que nous permet de nous opposer au mensonge et à la désinformation. Il faut une enquête objective et un procès officiel pour résoudre ce conflit et établir un dialogue»,  a expliqué Tetyana Gerasimova lors d’une conférence de presse à l’Ukraine Crisis Média Center.

Le dossier sur les événements du 2 mai a été transféré à Odessa et, en 3 mois, les enquêteurs d’Odessa ont fait bien plus que l’équipe du Département principal des enquêtes en 1 an et demi. Les activistes estiment que le Bureau du Procureur et le Département principal des enquêtes ont échoué dans cette affaire.

La méthode de collecte des preuves n’a pas été respectée.

Depuis le début, l’État n’a pas effectué une enquête réglementaire sur la tragédie. La procédure de collecte de l’information primaire n’a pas été respectée. Lors de l’arrestation  des suspects, les échantillons des restes de poudre après l’explosion du gaz n’ont  été prélevés ni sur leurs mains, ni sur leurs  vêtements. Pourtant, ces échantillons pouvaient prouver ou bien démentir leur implication dans l’utilisation des armes. Les témoins appartenant au mouvement « Anti -Maїdan d’Odessa » racontent que la police leur a demandé de laisser toutes les armes dans les voitures de police. «C’est la raison pour laquelle il n’est plus possible de déterminer qui a tiré et qui a utilisé les  explosifs », explique Vladyslav Balunskiy, expert en chimie, membre du «Groupe du 2 mai».

Plusieurs preuves ont été perdues dans les rues où les conflits ont eu lieu. Le personnel des entreprises du service public ont soigneusement nettoyé les rues avant que les enquêteurs ne finissent de ramasser des preuves, notamment, les obus et les balles qui auraient pu s’y trouver après les bagarres. La Maison des Syndicats dans laquelle plusieurs personnes ont péri a été ouverte aux visiteurs  trois jours après l’incendie. Donc une grande partie des preuves a été détruite. Une autre partie des preuves n’a pas été enregistrée par les enquêteurs. Les activistes ont dû mettre  la pression sur les enquêteurs pour qu’ils enregistrent les preuves de la présence de matériel de tirs dans la Maison des Syndicats deux semaines après la tragédie.

Les activistes ont fait le travail des enquêteurs

Les activistes d’Odessa ont présenté récemment leur rapport sur les événements du 2 mai. Le rapport donne des informations détaillées sur l’incendie dans la Maison des Syndicats et l’utilisation d’armes à feu. Il désigne aussi la personne qui a ouvert le feu en premier. Cette personne a été reconnue par les témoins, mais les enquêteurs n’ont pas réussi à prouver son appartenance à un camp ou à un autre. Les activistes supposent que ce pourrait être un provocateur.  Il a été constaté que lors des affrontements des explosifs, des armes traumatiques, à canon court, et des armes à feu de chasse, ainsi que des armes de type Kalachnikov – AKS74-U ont été utilisés. Igor Ivanov, activiste pro-ukrainien, a été tué avec une arme de type Kalachnikov.

Selon les activistes, le tireur s’appelait Vitaliy Boudko, il aurait tiré 11 balles. Les activistes pro-russes ont fourni des témoignages divergents. Selon les uns, il tirait avec des balles à blanc, selon les autres, il avait entre ses mains un moulage avec un baril soudé. Les experts ont démenti  les deux versions à l’aide d’une vidéo prouvant que Boudko tirait avec des balles réelles. Les balles et les obus avec des traces de rayures, trouvés sur le site de la fusillade, confirment l’utilisation de Kalachnikov. Les activistes estiment qu’Igor Ivanov a été tué par Boudko, car c’était le seul à posséder une arme d’un tel calibre et  Boudko et Ivanov se trouvaient dans le même secteur de la fusillade. Les activistes possèdent des preuves  que les activistes pro-russes ont aussi tiré dans la Maison des Syndicats.

L’incendie dans la Maison des Syndicats

Les experts du «Groupe du 2 mai» ont su déterminer exactement l’heure du début de l’incendie, sa dynamique et sa propagation. Le modèle dynamique de l’incendie a été comparé avec la carte de l’emplacement des corps des victimes, avec les témoignages et les conclusions des experts légistes. Ce modèle dynamique a été approuvé par le Groupe consultatif international du Conseil de l’Europe et le Bureau du Procureur d’Ukraine.

«L’incendie a été déclenché par un cocktail Molotov, mais nous ne savons pas si ce cocktail a été lancé par quelqu’un qui se trouvait sur la place ou dans le hall de la Maison des Syndicats», explique Vladyslav Balynskiy. Tout au début, c’est une grande barricade construite dans le hall de l’immeuble par les opposants du Maїdan qui a pris feu, ensuite, l’incendie s’est propagé  du côté de l’escalier et ensuite sur les murs. En quelques secondes, le feu a complètement englouti la plate-forme d’échelle et s’est étendu entre les premier et deuxième étages. «La plupart des gens se  trouvait dans cet endroit. Ce déclenchement de l’incendie était complètement imprévisible,  donc  ils ont dû sauter par les fenêtres ou bien ils  sont restés sur place et ont péri. Si les pompiers étaient arrivés 20 minutes après l’appel, le nombre des victimes aurait pu être moins important.  En outre, en 20 minutes les pompiers auraient pu traverser toute la ville. Or la distance entre la Maison des Syndicats et la base de pompiers la plus proche est de 500 mètres»,  explique Vladyslav Balynskiy. En tout, 48 personnes ont péri  lors des événements, dont 42 directement dans la Maison des Syndicats.

L’inaction des pompiers et des forces de l’ordre

Une poursuite pénale contre l’inaction criminelle des pompiers a été ouverte en 2014. Volodymyr  Bodelan, ancien chef du Service d’Urgence de la région d’Odessa, est toujours recherché par la police. Les activistes ont réussi à obtenir l’ouverture d’une poursuite pénale contre Petro Louzuk, ancien dirigeant de la police de la région d’Odessa. Il est accusé de ne pas avoir déclenché le plan opérationnel «Vague»  pour localiser les émeutes et empêcher les violences.

Les activistes ont l’intention d’exiger l’ouverture d’une poursuite pénale pour  négligence commise lors d’une enquête et pour  suppression de preuves.

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