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Le ministre du Sport de Russie a dissimulé l’utilisation par les sportifs russes du dopage

Le documentaire de la chaîne allemande ARD «Le dossier secret du dopage : l’heure X pour la Russie» parle du scandale du dopage dans le sport russe. Un journaliste de cette chaîne a commenté ce documentaire en direct sur Hromadske.

Cette histoire concerne les sujets importants du sport et de la politique, notamment le thème de la politisation du sport, si traditionnel pour les États autoritaires. Le fait que le ministère russe ait caché l’utilisation du dopage pourrait influencer la décision de l’Association internationale d’athlétisme à Vienne concernant l’interdiction éventuelle pour les sportifs russes de participer aux Jeux Olympiques-2016 au Brésil.

L’UCMC propose une version courte de ce document en français.

Vitaly Moutko, ministre du Sport russe, pourrait être impliqué dans la tentative de dissimuler l’utilisation systématique du dopage par les sportifs russes.

Hajo Seppelt, journaliste de la chaîne ARD, déclare : «Le ministère du Sport a toujours été soupconné de couvrir l’utilisation massive du dopage dans le sport russe. Surtout dans l’athlétisme. Mais il n’y a jamais eu de preuves. Aujourd’hui, nous avons réussi à trouver ces preuves, car nous avons les courriers électroniques que les ministères du Sport et l’agence anti-dopage à Moscou se sont échangés. Ces courriers, à partir d’août 2014, concernent des échantillons de dopage».

Le journaliste présente les courriers qui parlent de la détection du dopage dans l’échantillon d’un joueur anonyme du club de foot «Krasnodar» en 2014. Les auteurs de la correspondance se mettent d’accord pour demander des instructions à une personne aux initiales «VL».

«VL sont les initiales, prénom et patronyme, du ministre du Sport : Vitaly Leontyvitch Moutko. Il est évident qu’il s’agit du ministre du Sport, car c’est une correspondance interne et nous en connaissons les sources. Et cela prouve que le ministre pouvait influencer la décision de publier ou non les résultats du contrôle du dopage».

Selon Hajo Seppelt, ces faits pourront influencer la décision de l’Association internationale d’athlétisme sur l’interdiction éventuelle pour les sportifs russes de participer aux Jeux Olympiques-2016 au Brésil.

« Au moins d’un point de vue théorique, compte-tenu de toutes les conditions préalables, la Russie ne devrait pas être autorisée à participer aux Jeux Olympiques à Rio. Je pense donc qu’il y a de moins en moins de chances que la disqualification existante soit levée».

Le film évoque également la mort en février 2016 de Nikita Kamaev, directeur exécutif de l’Agence russe anti-dopage qui, selon les journalistes, s’est entretenu peu avant sa mort avec Verner Meller, scientifique danois, et lui a promis de lui transmettre des informations sur l’utilisation du dopage en Russie, mais aussi dans d’autres pays.

«Toute cette correspondance volumineuse entre lui et ce scientifique danois indique qu’il avait prévu d’écrire un livre choc sur le dopage en Russie et ce livre aurait représenté une menace pour le sport en Russie et dans le monde entier. Et subitement, il meurt. Nous cherchons à démontrer qu’il y a un rapport direct entre le destin de Kamaev et le livre qu’il s’apprêtait à publier».

Le documentaire montre aussi que Viktor Tchegine, un entraîneur russe disqualifié à vie à cause d’un scandale de dopage, continue à travailler avec des athlètes russes. En guise de preuve, les réalisateurs du film montrent un cadre avec une voiture qui accompagne des sportifs dans un entraînement à la marche sportive à Adler. Dans ce cadre on voit le visage d’une personne qui, selon les experts allemands, s’avère être Viktor Tchegine. Dans un entretien avec un des auteurs du film, Vitaly Moutko ne dément pas ce fait.

«Nous surveillons la réaction du Kremlin, surtout de l’attaché de presse de Poutine. Et c’est toujours la même chose : les démentis, les démentis, les démentis… Je pense que la plus grande difficulté pour la Russie, c’est de reconnaître que des problèmes sérieux avec l’utilisation du dopage existent et qu’il faut tout recommencer à zéro», souligne le journaliste.

Grigory Rodtchenko, ancien directeur du laboratoire anti-dopage de Moscou, a dit un jour que des dizaines de sportifs russes, y compris au minimum 16 médaillés des Jeux Olympiques d’hiver 2014, faisaient partie d’un large programme d’utilisation du dopage geré par l’État.