La Mission de suivi des droits de l’Homme de l’ONU a présenté son rapport sur les meurtres des civils en Ukraine entre janvier 2014 et mai 2016. Selon ce rapport, si dans certains cas les enquêtes progressent, l’impunité pour les crimes reste une triste tendance.
Kiev, le 14 juillet 2016 – Le nouveau rapport de l’ONU analyse des meurtres ayant eu lieu en Ukraine entre janvier 2014 et mai 2016 et souligne le manque de progrès dans les enquêtes. Le rapport couvre les événements sur la place Maїdan, les événements du 2 mai 2014 à Odessa, les civils tués lors des opérations militaires à l’est de l’Ukraine, les meurtres et les disparitions en Crimée annexée. Fiona Frazer, chef de la Mission de suivi des droits de l’Homme de l’ONU, a présenté ce rapport lors d’une conférence de presse à l’Ukraine Crisis Média Center.
L’enquête sur les événements de la place Maїdan et sur les événements du 2 mai 2014 à Odessa
Fiona Frazer a souligné un certain progrès dans les enquêtes concernant les événements sur la place Maїdan. « Actuellement, 55 personnes ont été accusées officiellement pour suspicion en relation avec les meurtres sur le Maїdan, y compris 10 hauts fonctionnaires et 29 anciens commandants de l’unité des forces spéciales «Berkut», 10 hooligans, 1 manifestant du Maїdan et 5 autres personnes. Malheureusement, un certain nombre de suspects a déjà quitté le pays et des preuves ont été perdues suite à l’incapacité des forces de l’ordre de les collecter et de les conserver après les événements». Elle a aussi déclaré que les enquêtes sur les événements du 2 mai à Odessa stagnaient en raison des violations institutionnelles systématiques et des vices de procédure.
Les responsabilités dans la mort des civils et les exécutions extrajudiciaires dans la zone du conflit.
«Selon les estimations de la Mission de suivi de l’ONU, environ 2000 civils ont péri au cours du conflit armé. Pour le moment, aucune des deux parties ne se porte responsable ne serait-ce que d’un seul meurtre. Aucun suspect n’a été arrêté. Malheureusement, nous avons aussi constaté un nombre important d’exécutions de personnes qui se sont rendues et également d’exécutions extrajudiciaires. Nous avons réussi à avoir des preuves d’exécutions extrajudiciaires par les groupes armés contrôlés par les chefs de guerre des républiques autoproclamées de Donetsk et Lougansk. Il s’agirait peut-être de centaines d’exécutions».
Les exécutions et les disparitions en Crimée.
Selon la Mission de suivi de l’ONU, au minimum une personne a déjà été exécutée en Crimée et une dizaine de personnes ont disparu, ce qui peut aussi signifier qu’elles ont été tuées. Il a été prouvé que, dans certains cas, ces personnes ont été kidnappées par les membres armés des soi-disant unités de défense de la Crimée.
Ce que le gouvernement ukrainien doit faire.
Fiona Frazer a souligné que toutes les parties du conflit devraient suivre strictement les normes du droit humanitaire international et que l’impunité pour les meurtres était un grand problème en Ukraine, car elle encourage leur répétition et sape les perspectives de la justice. La Mission a présenté certaines recommandations au gouvernement ukrainien : notamment améliorer le processus de collecte et de conservation des matériaux recueillis suite aux expertises, interroger systématiquement les personnes arrêtées par les groupes armés, ainsi qu’augmenter le contrôle du Procureur sur les militaires et les forces de l’ordre dans la zone du conflit, et fournir les ressources humaines et techniques nécessaires pour les enquêtes et la poursuite des meurtriers.