Les deux côtés du conflit dans le Donbass pratiquent la torture et la détention secrète de civils

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Les organisations internationales spécialisées dans les droits de l’Homme Amnesty International et Human Rights Watch ont publié un rapport conjoint sur les cas de détention et de torture de civils par les deux côtés du conflit dans le Donbass. Ce rapport porte un nom symbolique «Tu n’existes pas» et a été présenté lors d’une conférence de presse à l’Ukraine Crisis Média Center.

À Kiev, le 21 juillet 2016 – Rachel Denber, directrice d’Human Rights Watch en Europe et en Asie Centrale a souligné l’importance de mener des enquêtes sur la disparition, la détention illégale et les tortures des deux côtés de la ligne de démarcation. « Nous soulignons aussi que ce rapport décrivant la situation de deux côtés de la ligne de démarcation n’égalise pas les deux parties et ne signifie pas que les deux parties sont responsables au même niveau, ou qu’ils ont commis le même nombre de violations».

Le contenu du rapport

Le travail des défenseurs des droits de l’Homme est basé sur 40 interviews avec des victimes, leurs familles, leurs avocats, les représentants des ONG internationales présentes dans l’est de l’Ukraine, les représentants du gouvernement ukrainien et des soi-disant Républiques populaires.

Les tortures

Les représentants des ONG ont parlé du cas un peu spécial d’un certain Vadym, originaire de Donetsk, dont le vrai nom est tenu secret. Il a d’abord passé 1,5 mois dans la prison des Services de Sécurité d’Ukraine : les représentants des forces de l’ordre l’ont retenu sur un check-point à Kourachove, car il avait un rapport avec l’organisation du soi-disant référendum. Une fois relâché, il est revenu à Donetsk où il était arrêté par les forces de l’ordre des séparatistes, accusé de « recrutement ». Dans les deux cas, il a été battu et torturé.

La situation dans les soi-disant Républiques

La situation dans les prétendues républiques populaires de Donetsk et Lougansk est très peu étudiée à cause de l’accès limité et du manque de volonté des séparatistes de coopérer avec les ONG. « Les forces de l’ordre des prétendues Républiques continuent à détenir illégalement des personnes, moins souvent qu’en 2014, mais continuent. Nous savons que les otages sont détenus à Donetsk, dans le bâtiment de la police et à Lougansk aussi. Nous le savons et nous en parlons », a expliqué Tetyana Lokchyna, chercheuse à Human Rights Watch. Durant le conflit, ces quasi-institutions dont le vide juridique est évident ont été établies sur le territoire des républiques autoproclamées. Les forces de l’ordre des séparatistes, notamment, les « ministères de la Sécurité d’État » de Donetsk et Lougansk sont des organisations toutes-puissantes qui sont libres de faire ce qu’elles veulent.

Les raisons de la détention secrète

Les défenseurs des droits de l’Homme expliquent qu’une des raisons de la détention secrète des civils pourrait être l’occasion de les utiliser lors des échanges de prisonniers. Selon les représentants des ONG, il s’agit de crimes de guerres. Tetyana Lokchyna a aussi souligné que les ONG internationales, la Croix Rouge, l’OSCE et les missions de l’ONU n’avaient pas accès aux endroits où les séparatistes retiennent les prisonniers.