À partir du 12 août, l’administration du Président de la Russie sera dirigée par Anton Vayno, un personnage très peu connu. Après sa nomination, les discussions sur les changements possibles au Kremlin se multiplient. Pour comprendre ce qui se passe de manière correcte, les journalistes de Hromadske ont discuté avec Konstantine Gaaze, journaliste russe indépendant qui coopère avec plusieurs médias indépendants en Russie et expert du Centre international Carnegie à Moscou.
La version originale de l’article se trouve sur le site de Hromdske TV. L’UCMC a traduit une version courte en français.
Des élections présidentielles extraordinaires en Russie
J’ai deux versions pour expliquer cette nomination. Les deux sont liées à la possibilité d’élections présidentielles extraordinaires en Russie.
La première version prévoit que la guerre en Ukraine sera terminée par la force et que les territoires occupés du Donbass rejoindront la Russie. Bien entendu, cela nécessiterait le renouvellement du mandat présidentiel, provoquerait des sanctions de l’Occident, etc.
La deuxième version est plus douce. Probablement, Vladimir Poutine prépare sa démission pour raison de santé et souhaite transmettre le pouvoir à son premier ministre, Dmytro Medvedev avant 2018.
Dans tous les cas, Poutine aura besoin d’un spécialiste pour cette transition, et Vayno, nouveau chef de son administration, a acquis cette spécialisation.
Voici les deux versions dont on pourrait débattre, même si elles figurent dans la rubrique «rumeurs de conspiration».
La coopérative «Ozero» ne gouverne plus la Russie
Le licenciement d’Ivanov en lui-même ne signifie rien d’autre qu’une tendance actuelle en Russie qui a commencé avec le licenciement de Volodymyr Yakounine, chef des chemins de fer russes. Cette tendance signifie que la Russie n’est plus gouvernée par la coopérative «Ozero», elle n’est gouvernée que par Vladimir Poutine en personne.
Les Accords de Minsk sont dans une impasse. Le rattachement des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk à la Russie est désormais possible?
Que peut signifier tout cela pour l’Ukraine? Les Accords de Minsk ne sont pas respectés. Un grand nombre de politiciens européens déclarent que la prolongation des sanctions devient de plus en plus problématique pour l’Union Européenne. Nous ne voyons aucun progrès.
La situation est entrée dans une impasse. Elle n’évoluera pas selon des conditions favorables pour Kiev. Mais, elle n’évoluera pas non plus suivant les conditions de Moscou.
Bien évidemment, il n’y aura aucune amnistie pour ceux qui dirigent les soi-disant «Républiques populaires». Les autorités ukrainiennes l’ont répété à plusieurs reprises. Donc, il n’y aura pas d’issue.
Les sanctions contre la Russie, surtout les sanctions contre le secteur financier, sont très douloureuses, car les prix du pétrole baissent. Quand les prix du pétrole augmentent et maintenant, ils sont en train d’augmenter, ces sanctions sont beaucoup plus légères à supporter. Donc, aujourd’hui, les sanctions ne sont plus un signal d’arrêt.
Le parti des «faucons» du Conseil de Sécurité et le parti du «gouvernement puissant»
Les événements ukrainiens de 2014 et l’annexion de la Crimée ont déstabilisé le système politique russe, assez équilibré jadis.
Actuellement, l’élite politique russe est divisée en deux parties : le parti des «faucons» du Conseil de Sécurité et le parti du «gouvernement puissant». Bien entendu, aucun d’eux n’a aucune sympathie ni pour le gouvernement ukrainien, ni pour l’État ukrainien.
Cependant, le parti du «gouvernement puissant» pourrait mener un dialogue long, compliqué à plusieurs vecteurs, avec tout le monde sur la situation à l’est de l’Ukraine. Car les membres de ce parti comprennent qu’attacher l’est de l’Ukraine à la Russie serait compliqué : il s’agit de 6 millions de personnes habitant ces territoires, un potentiel industriel détruit, un état économique extrêmement difficile.
Le parti que j’appelle les «faucons» est composé de personnes estimant que dans la situation actuelle, quand l’Europe souffre de problèmes avec les immigrés et que la politique américaine est déchirée plus que jamais, ils peuvent augmenter les prix et continuer de le faire jusqu’à négocier l’attachement des territoires de l’est de l’Ukraine à la Russie.
Nous n’allons pas jusqu’à dire que c’est un scénario calculé. Nous parlons d’hypothèses concernant les futures actions de la Russie.
La Fédération de Russie mise sur les événements intérieurs en Ukraine. Donc, si la situation à l’intérieur du pays se déstabilise, alors le parti des «faucons» du Conseil de sécurité entrera en jeu en profitant de tous les moyens et tous les outils.
photo: tsargrad.tv