Les constructions illègales à Kiev : les activistes sonnent l’alarme

L’Ukraine Crisis Média Center a récemment publié un article sur la situation écologique catastrophique dans le Donbass. Malheureusement, la situation écologique en Ukraine s’aggrave non seulement dans la zone du conflit, mais aussi en plein centre de l’Ukraine, à Kyiv. La corruption florissante au sein du gouvernement de la ville permet aux constructeurs de bâtir des immeubles, des centres commerciaux et des parkings dans tout Kyiv, créant ainsi une menace pour l’environnement et la santé des habitants. Seuls des activistes civils se battent contre cette violence faite à la nature. Le 22 juin, un petit groupe d’habitants de Kyiv s’est rassemblé devant le Conseil municipal.

Tamara, une jeune femme brune, est la coordinatrice du Centre écologique national de Kyiv. Aujourd’hui, elle est venue avec un haut-parleur et plusieurs pancartes.

« Nous sommes venues ici, car c’est aujourd’hui que les députés du Conseil municipal vont examiner le plan d’une zone du quartier Poznyaky. Sur ce territoire il y a des lacs, mais aussi de vieux arbres qui ont 50 ou 60 ans. Il y en a beaucoup. Après avoir vu ce plan, nous étions en état de choc : tous ces arbres, l’ensemble de ce système écologique seront détruits. En plus, ce plan viole directement la législation ukrainienne, donc c’est un plan criminel. Nous allons nous adresser aux députés pour leur demander de ne pas signer ce plan, tel quel. Il existe des experts qui peuvent proposer un plan qui ne violera ni la législation ukrainienne, ni les intérêts de la communauté », explique-t-elle.

Le quartier de Poznyaky est un quartier moderne de Kyiv, construit il y a une vingtaine d’année. C’est un quartier résidentiel, avec de hauts immeubles et de petits coins de verdure qui disparaissent de plus en plus chaque année.

«Si nous réussissons à préserver ces arbres et ces lacs, nous allons pérenniser un poumon vert pour tout le quartier de Poznyaky, pour toutes ces jeunes familles qui y vivent avec leurs enfants », a souligné Tamara.

Les scandales autour de la construction à Poznyaky ont commencé déjà à l’époque de l’ancien président ukrainien Victor Ianoukovitch et ont repris en mars 2016, quand les constructeurs ont commencé à remplir de terre et de déchets un lac dans la rue Zdolbounivska. Ces tentatives ont été interrompues par des bagarres entre les activistes et les houligans embauchés par l’entreprise de construction.

Aujourd’hui, ils sont peu nombreux à être venus devant le conseil municipal et à attendre le début de la session des députés.  Il leur reste une quinzaine de minutes, donc un autre activiste Serhiy reprend le haut-parleur.

«Regardez ce que les autorités de Kyiv ont fait de notre ville. En trois ans, Kyiv, la ville la plus verte de l’Europe, a été transformée en un ghetto de béton. Nous ne voyons plus les monuments historiques qui décoraient le centre ville. Tout a été détruit. Il y a quelques jours, un vieux bâtiment dans la rue Khreshchatyk a brûlé, car quelqu’un souhaite construire à sa place un nouveau «chef d’oeuvre» en béton », déclare-t-il.

Selon les activistes, même le nombre d’habitants de Poznyaky qui a été indiqué dans les documents est erroné. Au lieu des 260 000 habitants indiqués dans les documents, ils sont actuellement 700 000 à vivre à Poznyaky.

«Cet endroit est devenu une zone de catastrophe écologique. Le nombre de malades atteints de cancer a doublé en quelques années, ce sont des faits officiels. Nos enfants sont les otages de la situation. Malheureusement, nos députés n’entendent pas nos exigences. Alors, les députés, votre heure est venue. Aujourd’hui, vos électeurs vont voir qui vous êtes vraiment, des patriotes de l’Ukraine et de Kyiv ou vous êtes là uniquement pour faire du lobbying et défendre les intérêts des promoteurs », s’exclame Serhiy dans son haut-parleur.

La session commencera dans quelques minutes. Les députés entrent au Conseil en passant devant les activistes. Certains détournent la tête, d’autres sourient. Les activistes plient leurs pancartes et suivent les députés. Ils vont eux aussi assister à la session pour tenter une nouvelle fois de sauver leur ville natale de la catastrophe qui ne se ferait pas attendre.