L’ancien président géorgien Mikheil Saakashvili est de retour en politique ukrainienne. Pas au gouvernement, comme les médias ukrainiens avaient annoncé auparavant, mais au Conseil national des réformes. Il a été nommé au poste de président du comité exécutif de cette institution. Ce que cela signifie et si cette nouvelle nomination contribuera à la mise en œuvre efficace des réformes, lisez dans le matériel de l’UCMC.
Les rumeurs sur le retour de Saakashvili à la politique ukrainienne se propagent depuis longtemps. Il était censé devenir vice-Premier ministre pour la réforme au sein du gouvernement de Denys Chmygal. Mais aujourd’hui, il est devenu clair: Saakachvili n’a pas pu récolter 226 voix de parlementaires pour obtenir un siège dans l’exécutif.
Les négociations de Mikheil Saakashvili avec les députés ont duré plusieurs semaines, mais n’ont donné aucun résultat. Ni le président Zelensky ni le Premier ministre Chmygal n’ont pas fait de campagne en faveur de Saakashvili. C’était à lui de le faire.
Il est à noter que Mikheil Saakashvili a eu un poste au sein du Conseil national de réforme et c’est bien lors d’une réunion de ce Conseil en 2015, qu’il s’est pris la tête avec Arsen Avakov, ministre de l’Intérieur.
Qu’est-ce que le Conseil national de réforme. Le Conseil national de réforme est une institution consultative qui n’a pas de pouvoirs spéciaux et les responsables du Conseil ne remplissent aucune autre fonction publique. Cette institution a été créée à l’époque du président Porochenko, mais, depuis l’élection de Volodymyr Zelensky, elle n’a pas fonctionné. Le président de l’État remplit les fonctions de président du Conseil, alors que le chef de l’Office du président remplit les fonctions de vice-président.
Saakachvili lui-même, commentant sa nomination, a déclaré que « Il faut sortir l’Ukraine du marais » et il était donc prêt à aider le président dans la réalisation des réformes.
«Le président est très déterminé pour réaliser des réformes et des changements radicaux. J’ai vraiment aimé son humeur, car le fait même de ma nomination montre qu’il est prêt à prendre des mesures extraordinaires, même si beaucoup de personnes ont tenté de le dissuader. La plupart des personnes qui ont tenté de le dissuader sont ceux qui veulent que le statu quo soit préservé en Ukraine, et ce statu quo est un marais », a-t-il déclaré.
« Il faut sortir l’Ukraine du marais, et cela ne peut être fait que par un président qui n’a jamais été un voleur et ne le deviendra jamais (je suis sûr que le président Zelensky est comme ça) et qui a l’ambition de rester dans l’histoire de l’Ukraine comme un homme qui a pu faire quelque chose pour son peuple et pour chaque Ukrainien. Je suis prêt à faire tout pour aider le président, en tenant compte de mon expérience, de mes succès et de mes échecs».
Tentative ratée de rejoindre le gouvernement. Le principal objectif déclaré de la tentative ratée de Saakachvili de rejoindre le gouvernement était de mener des réformes libérales pour les entreprises et de négocier avec les créanciers occidentaux une aide de plusieurs milliards de dollars à l’Ukraine.
Mais l’intention de faire rentrer Saakachvili au gouvernement a été perçue avec prudence par la faction «Serviteur du Peuple », en raison de nombreux scandales autour de l’ex-président géorgien.
La deuxième arrivée de Saakashvili au gouvernement ukrainien pourrait être liée à Andriy Yermak, chef de l’Office du président qui est une ancienne connaissance de Saakashvili. Ils ont fait leurs études à l’Institut des relations internationales de Kyiv avec quelques années de différence, donc, ils pourraient être en bonnes termes.
Mikheil Saakashvili a rencontré le président Volodymyr Zelensky et s’est entretenu avec le Premier ministre Denys Chmygal. Cependant, le président et le Premier ministre n’ont pas assisté à la réunion de Saakashvili avec les députés de la faction « Serviteur du Peuple », qui n’a pas été très fructueuse.
De nombreux députés ont critiqué une éventuelle entrée de Saakachvili au gouvernement ukrainien, lui reprocher sa conflictualité et lui poser des questions au sujet de son programme. Cependant, les discours de Saakashvili, que les députés ont diffusés sur Facebook, étaient trop émotifs. Comme les députés le disaient lors de la réunion, ces discours n’avaient aucun sens.
Il a également rencontré les députés de la faction «Holos» et espérait trouver du soutien auprès de la faction «Batkyvchtchyna». Il était très proche de sa nomination à la fin du mois d’avril, mais finalement le soutien du Serviteur du Peuple était trop faible. Alors, selon certaines rumeurs, Saakashvili pourrait être nommé à un poste en dehors du gouvernement.
Position de la Géorgie. Les autorités géorgienne ont laissé entendre que si Saakashvili était nommé au gouvernement, les relations pourraient se détériorer et l’ambassadeur serait rappelé pour consultations. Le tribunal géorgien a rendu une décision de justice sur Saakashvili, et le pays pourrait considérer sa nomination comme un geste d’irrespect.
Les experts ukrainiens ont également souligné que la nomination de Saakachvili aurait pu nuire aux négociations de Zelensky concernant le Donbass, car l’ex-président géorgien est très mal perçu par les autorités russes.
Le 8 mai, les autorités géorgiennes ont confirmé leur intention de rappeler l’ambassadeur de Géorgie en Ukraine pour avoir une consultation.
Quels sont les pouvoirs du Conseil national de réforme? Après la victoire de Volodymyr Zelensky, ce conseil, comme son comité exécutif, n’a pas fonctionné.
Maintenant, Zelensky a changé la configuration du comité exécutif. Désormais, il aura un président, Mikheil Saakashvili, et un vice-président, Olexandre Olchansky. Le président de l’État remplit les fonctions de président du Conseil, alors que le chef de l’Office du président, Andriy Yermak, remplit les fonctions de vice-président.
Jusqu’à présent, il est difficile de comprendre l’influence réelle de Saakashvili s’il n’a pas d’autre poste au pouvoir que le président du comité exécutif.
Le comité de réforme et son président se voient désormais attribuer plusieurs pouvoirs, notamment représenter le comité exécutif et les décisions du Conseil de réforme en coopération avec d’autres services subsidiaires du président, des organes de l’État et des organes d’autonomie.
Il est à noter que le chef de la faction «Serviteur du Peuple» à la Verkhovna Rada, Davyd Arakhamia, a déclaré quelques heures avant la nomination de Saakashvili que l’ex-président géorgien pourrait être plus efficace au Conseil de réforme qu’au gouvernement.
«Le Conseil de réforme est composé des représentants des trois branches du pouvoir : l’Office du président, le Conseil des ministres et la Verkhovna Rada de l’Ukraine. Si nous travaillons à l’intérieur de ce triangle, alors nous allons pouvoir vraiment réaliser des réformes. Cela nous aidera à faciliter la mise en place des réformes en Ukraine», a-t-il déclaré.
