Le 29 janvier 2017, la situation s’est sérieusement détériorée à Avdiyivka, près de la ligne de démarcation sur le territoire contrôlé par le gouvernement ukrainien. Avdiyivka se trouve à 6kms au nord de Donetsk. Selon les données officielles, depuis le début de l’escalade des tensions, 9 militaires ukrainiens ont été tués et quelque dizaines ont été blessés. Les médias parlent aussi de 3 civils tués par des bombardements. Les séparatistes bombardent Avdiyivka à partir des territoires contrôlés en visant des quartiers résidentiels. Les lignes de transmission électrique sont endommagées, il n’y a plus d’eau, plus de chauffage, plus d’électricité. Voici les faits principaux concernant les affrontements.
- Avdiyivka a une importance stratégique pour les deux côtés du conflit. Tout d’abord, c’est à Avdiyivka que se trouve l’une des plus grandes cokeries d’Europe. Avdiyivka est également l’un des carrefours ferroviaires les plus importants de la région de Donetsk. Selon les Accords de Minsk, Avdiyivka doit rester sous contrôle du gouvernement ukrainien. Depuis le début du conflit, cette ville s’est souvent retrouvée à l’epicentre des affrontements. Voir la carte indiquant l’emplacement de la ville.
- Les troupes des séparatistes appuyées par la Russie ont commencé à attaquer les banlieues d’Avdiyivka le 29 janvier. À partir du 31 janvier, ils ont commencé à utiliser des «Grad ». Les quartiers résidentiels d’Avdiyivka sont endommagés. Selon certaines sources, la situation se dégrade également à Marioupol et dans la région de Lougansk. Les habitants de Donetsk diffusent des vidéos montrant des roquettes de «Grad » voler en provenance de Donetsk vers Avdiyivka.
- La situation humanitaire à Avdiyivka reste extrêmement difficile. Les bombardements ont endommagé l’infrastructure clé de la ville, ce qui a provoqué une crise humanitaire : il n’y plus d’eau, plus de chauffage, plus d’électricité, tandis que la température de l’air a baissé jusqu’à -18 degrés. La délégation de la Croix Rouge organise un envoie d’aide humanitaire à Avdiyivka. Les autorités ukrainiennes mettent en place le programme d’évacuation des habitants d’Avdiyivka : 12 000 personnes pourront être évacuées dans les heures qui suivent. Certains habitants sont déjà en train de quitter la ville.
- Certains observateurs estiment que l’offensive des séparatistes pourrait être une réponse aux manœuvres ukrainiennes. Christopher Miller, journaliste RFE/RL, écrit que « depuis le mois de décembre, l’armée ukrainienne a avancé dans certains endroits en s’approchant vers les positions des séparatistes, notamment à Avdiyivka, Debaltseve, Horlivka ». Alexandre Hug, représentant de l’OSCE en Ukraine a déclaré que « l’escalade est survenue suite à une avancée ». Cependant, le gouvernement ukrainien a déclaré que l’Armée ukrainienne n’ a jamais violé les Accords de Minsk, car elle n’a pas franchi la ligne de démarcation et qu’elle s’avançait dans les limites des territoires qui doivent appartenir à l’Ukraine (selon les Accords de Minsk).
- Les garanties du cessez-le-feu proposées par la DNR et la Russie sont instables. Il y a eu quelques tentatives de rétablir le cessez-le-feu. Mais les journalistes de Hromadske qui étaient en direct depuis Avdiyivka ont déclaré que le cessez-le-feu n’a jamais duré plus de 15 minutes. Pavlo Jebrivski, chef de l’administration civile-militaire de la région de Donetsk a confirmé cette information.
- Les deux parties du conflit s’accusent mutuellement de l’escalade du conflit. L’escalade a commencé lors d’une visite de Petro Porochenko en Allemagne, l’un des pays clés du format Normandie. Le président Porochenko a interrompu sa visite officielle à Berlin pour s’entretenir avec des représentants des ministères de la Défense et de l’Intérieur afin de mieux coordonner les actions du gouvernement. Le ministère des Affaires Étrangères ukrainien a publié une déclaration pour déclarer « l’escalade actuelle dans le Donbass démontre que la Fédération de Russie continue d’ignorer de manière flagrante ses obligations liées aux accords de Minsk, dans le but d’empêcher la stabilisation de la situation et la réalisation de progrès dans le domaine sécuritaire et humanitaire ». À son tour, Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin a accusé l’armée ukrainienne d’avoir attaqué des positions séparatistes derrière la ligne de démarcation. Les médias russes accusent également l’Ukraine de bombardements à Avdiyivka comme si l’Ukraine pourrait attaquer la ville qu’elle contrôlait. Ils continuent aussi à diffuser des désinformations, notamment une chaîne télé russe qui a publié une photo d’Avdiyivka, prise par Konstyantyn Reutzki, activiste ukrainien en prétendant qu’il s’agissait d’une photo d’une ville se trouvant sur le territoire occupé par des séparatistes.
- Certains médias continuent à diffuser en direct la situation à Avdiyivka, notamment RFE/RL et Hromadske. Anastasia Magazova, journaliste de DeutscheWelle communique elle aussi des informations.
L’article a été préparé par Vitali Rybak et Volodymyr Yermolenko, InternewsUkraine et Alya Shandra, Euromaidan Press pour UkraineWorldgroup