Donbass/Macron/Merkel, Crimée/Le prix de l’annexion, NABU contre Défense, Sociologie, Cannes

  

Situation dans la zone du conflit

 

La situation à l’Est reste tendue: des militants pro-russes ont tiré, à plusieurs reprises et régulièrement, sur les troupes ukrainiennes dans les deux secteurs en déployant chaque jour des armes interdites par les Accords de Minsk: depuis le début de la semaine dernière l’utilisation de mortiers de calibre 82 mm, 120 mm et 122 mm et d’artilleriede calibre 152 mm a été enregistrée. En outre, l’ennemi continue à bombarder des localités où vivent des civils : les villages de Loskoutivka et Zaitseve se sont retrouvés la semaine dernière sous un bombardement de l’artillerie ennemie. Le retrait des forces dans la région de Stanitsa Louganska, prévu par le groupe de contact trilatéral de Minsk, est toujours impossible en raison d’attaques régulières des occupants.

Front diplomatique: négociations avec Macron et Merkel. Le président ukrainien Petro Porochenko a déclaré qu’il s’était entretenu avec la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Emmanuel Macron, à Aix-la-Chapelle, à propos de la feuille de route de mise en œuvre des Accords de Minsk, avec la participation obligatoire de la mission de maintien de la paix des Nations Unies. Le Président a déclaré que, dans la pratique, l’assurance de la sécurité des accords de Minsk « ne peut se faire sans la mission de maintien de la paix à plein échelle sur les territoires occupés du Donbass». Selon lui, A. Merkel et E.Macron ont soutenu cette position, déjà proposée par les Etats-Unis.


Le prix de l’annexion de la Crimée: la décision de la Cour de La Haye

La décision de la Cour de la Haye. La Cour d’arbitrage de La Haye a décidé que la Fédération de Russie devra rembourser les dégâts commis à un certain nombre d’entreprises ukrainiennes pour compenser les pertes dues à l’annexion de la Crimée. Dans ce cas, il s’agit de 159 millions de dollars.
«Le 23 Mars 2018, en consultation avec les différentes parties, les membres de l’arbitrage ont annoncé la fin de l’audience prévue concernant l’article 29 (1) du Règlement d’arbitrage de la UNCITRAL (United Nations Commission on International Trade Law). Le 2 mai 2018, après différentes consultations, la commission d’arbitrage a décidé, à l’unanimité, la reconnaissance des responsabilités et le montant des dommages», peut-on lire dans le communiqué de presse du tribunal. C’est la première décision dans l’histoire, où la Russie doit verser une indemnité suite à une annexion. Le procès contre la Russie a été intenté par 18 entreprises ukrainiennes et également par un individu physique.

La position du ministère des Affaires étrangères ukrainien. Le Ministre des Affaires étrangères de l’Ukraine, Pavlo Klimkine, croit en l’inéluctabilité des conséquences en cas de violations des accords internationaux. « En participant à des accords internationaux et en les violant par la suite, il faut mesurer les conséquences. Et même si elles ne sont pas immédiates, elles sont néanmoins inévitables », a-t-il noté sur sa page Facebook.

Le ministre adjoint des Affaires étrangères de l’Ukraine pour l’intégration européenne, Olena Zerkal, encourage les entreprises ukrainiennes à traduire la Fédération de Russie devant les tribunaux internationaux dans des affaires de dommages subis après l’annexion de la Crimée, afin que le prix de l’occupation devienne de plus en plus élevé pour Moscou. « La première décision sur l’indemnisation des biens perdus suite à l’occupation de la Crimée est la première victoire, au plan juridique, dans cette zone de guerre», c’est ainsi qu’elle a commenté la décision de la Cour d’arbitrage de La Haye.

La réaction de la Fédération de Russie. La Russie n’a pas reconnu la décision ; après quoi elle a commencé à ignorer l’examen de l’affaire. Le tribunal rappelle qu’après l’audience sur le fond du litige, du 5 au 6 octobre 2017, la bureau de l’arbitrage a demandé aux parties de fournir des explications écrites supplémentaires. Le 11 décembre 2017, les plaignants ont présenté ensemble leurs justifications, la Fédération de Russie n’a fourni aucune explication.


La lutte contre la corruption: NABU dénonce la corruption dans le système de défense

L’accusation de NABU. L’Agence nationale de lutte contre la corruption (NABU) a rapporté que ses détectives avaient enregistré des infractions relevant de corruption auprès de 15 entreprises travaillant dans le domaine de l’industrie de défense ukrainienne. Souvent, il s’agit d’assigner, de gaspiller ou d’assimiler des biens par abus de pouvoir, ainsi que d’acheter des biens à des prix exorbitants par l’intermédiaire d’entreprises proches de la gestion d’institutions étatiques. À la suite de ces actions, selon les estimations préliminaires des détectives, des dommages causés à l’État s’élèvent à plus de 620 millions de hryvnias, soit 3 millions de dollars.

Qui est accusé? Dans le même temps, selon les détectives de l’Agence, le rôle clé dans l’émergence de la corruption dans le système militaro-industriel est joué par des chefs des institutions de l’État : une personne sur deux, accusée de corruption, appartient à cette catégorie. C’est ainsi, qu’environ 23 personnes ont été considérées comme suspectes et parmi elles, 13 fonctionnaires des structures de l’État.


Les sociologues sur les prochaines élections: déception et apathie des Ukrainiens

Les résultats d’une enquête nationale de recensement, menée en 2018 par l’organisation Pacte (Pacte,) ont été récemment publiés. L’étude a été réalisée en janvier 2018 dans le cadre du programme d’engagement civique “Join Us!” (USAID). Son objectif était d’explorer le niveau d’engagement civique et participatif, les attitudes du public envers les organisations civiques et les perceptions des citoyens. Voici les principaux résumés de l’étude.

La déception des Ukrainiens face au gouvernement et les réformes. Selon les résultats, de nombreux Ukrainiens sont déçus par le processus de réformes et le travail du gouvernement en place. Presque toutes les branches du gouvernement jouissent d’un taux de confiance extrêmement faible et les réformes initiées ne trouvent pas de soutien parmi une proportion significative de la population. La corruption et l’incompétence des personnes au pouvoir sont les principaux obstacles à une réforme efficace de l’État. Les citoyens ukrainiens sont de plus en plus pessimistes à l’égard des réformes et le soutien aux partis politiques est devenu très faible. Il y a une méfiance totale et une fatigue générale de la part des dirigeants politiques, des partis et du processus de réformes lui-même. Au total, 81% de la population pensent que les autorités ne se soucient pas des citoyens.

L’incertitude sur les sympathies politiques et les risques de populisme. Une grande partie de la population demeure apathique la veille des élection et insatisfaite du gouvernement intérimaire. Environ un citoyen ukrainien sur quatre ne sait pas pour qui voter lors des prochaines élections. Parmi les répondants, 14% ont déclaré qu’ils ne voteraient pas du tout, et 16%  voteront contre tous les partis politiques. Cela indique un niveau révélateur d’insatisfaction, d’incertitude et d’ambivalence par rapport au régime actuel et au système politique lui-même. Cela signifie également que le climat politique favorise le populisme ou l’émergence de nouvelles forces politiques.

Les taux de popularité des forces politiques. Selon l’enquête, en Ukraine, le soutien des partis politiques est faible et aucun n’a de soutien dominant. À titre d’exemple, «Batkivchtchyna » (le parti de Ioulia Timochenko) est soutenu par 8% de la population, «Bloc d’opposition» par  5% de la population, le  parti «Pour la vie» par 5% de la population et  le parti «Samopomitch» bénéficie du  soutien de 4%. Tous les autres partis politiques mentionnés dans le sondage n’ont obtenu que 3% ou moins. La méfiance généralisée envers les partis politiques détruit  la légitimité et l’efficacité du système politique actuel, mais crée aussi une opportunité pour les forces extraparlementaires de l’influencer, en particulier au niveau local.

Les réformes impopulaires. Une certaine fraction de citoyens est généralement contre les réformes. 26% s’opposent à la réforme judiciaire / anti-corruption et 29% s’opposent à la réforme électorale. Environ la moitié de la population nie la nécessité d’une réforme agraire et d’une privatisation des entreprises d’État, et un sur cinq (22%) s’oppose à toutes les réformes énumérées en général. Malgré les efforts de la société civile ukrainienne, les habitants du pays ont tendance à être sceptiques et pessimistes quant au processus de réformes. Cette résistance est probablement due à la réticence à éprouver des difficultés personnelles et économiques qui pourraient survenir pendant la période de transition.


La culture : L’Ukraine au festival des Cannes

Le Festival de Cannes a accueilli la première mondiale du film «Woman at War» [bande-annonce] du réalisateur islandais Benedikt Erlingsson, dans lequel l’Ukraine est membre de la coproduction avec la France et l’Islande. Le film a été accueilli par des applaudissements. Au centre de ce long métrage, l’histoire de Halla, directrice du chœur et écologiste qui lutte secrètement contre l’industrie de l’aluminium et endommage les lignes de transmission par des techniques de guérilla. Au moment où Halla prévoit sa plus importante et plus audacieuse opération, elle reçoit la confirmation de sa demande d’adoption d’une petite fille ukrainienne, Nika, dont les parents ont été tués lors de la guerre.
Le film a été partiellement tourné en Ukraine; le producteur, le deuxième directeur, les acteurs, notamment, une petite fille ukrainienne, fille de Halla, figurent dans l’équipe ukrainienne.
Une partie du travail d’infographie a été réalisée en Ukraine. Des choristes ukrainiennes ont aussi participé au tournage. Elles se sont d’ailleurs rendues à la première de Cannes en costumes folkloriques. Plusieurs éditions influentes ont publié des avis positifs sur le film : The Guardian –The Variety – The Hollywood Reporter.