Holodomor/86 ans, Avocate des victimes du Maidan/Grève de la faim, Sociologie/«nouveaux visages» au pouvoir

Situation dans la zone du conflit

L’ennemi continue de tirer sur les positions des unités des forces Unies de l’Ukraine en déployant des armes interdites par les Accords de Minsk, des systèmes de lance-grenades, des mitrailleuses et d’autres armes légères.

Le dimanche 24 novembre, l’armée ukrainienne a demandé à l’autre partie de respecter la trêve sur une des zones de la ligne de démarcation afin de pouvoir évacuer des blessés. Les troupes russes ont accepté cette demande, mais ont continué à tirer sur les positions ukrainiennes.

Les envahisseurs russes ne prennent pas en considération les intérêts de la population civile du Donbass. Ainsi, le 24 novembre, vers 18 heures, lors d’un pilonnage des positions ukrainiennes aux abords de Berezovske, région de Donetsk, ils ont tiré simultanément sur des infrastructures civiles en déployant des mitrailleuses de gros calibre.


L’Ukraine commémore les victimes de l’Holodomor de 1932-1933

Le 23 novembre, les victimes de l’Holodomor ont été commémorées en Ukraine. Une campagne nationale «Une bougie à la fenêtre» a été organisée.

Traditionnellement, le quatrième samedi de novembre, à 16 heures, la mémoire des millions d’Ukrainiens tués pendant le génocide est célébrée par une minute de silence et une bougie. James Mace, historien du Holodomor, a suggéré la tradition consistant à allumer des bougies à la fenêtre des maisons, cette action est surnommée «Une bougie à la fenêtre».

Qu’en pensent les citoyens ukrainiens? Selon un sondage récent réalisé par le groupe «Rating», 82% des citoyens ukrainiens estiment que l’Holodomor de 1932-1933 est un génocide perpétré contre le peuple ukrainien.

Le 23 novembre, des manifestations de deuil ont eu lieu sur le territoire du Musée national de l’Holodomor-Génocide, avec la participation de représentants des autorités de l’État, des autorités locales, du public, du clergé et d’invités étrangers. Même les membres de l’expédition ukrainienne en Antarctique à la station universitaire Vernadsky ont allumé 12 bougies pour honorer les victimes de l’Holodomor.

Holodomor – Génocide? L’Holodomor est un génocide du peuple ukrainien commis par le régime totalitaire communiste dans le but de détruire, en tout ou en partie, le groupe national ukrainien. Cette qualification découle de la Convention des Nations Unies du 9 décembre 1948 sur «La prévention et la répression du crime de génocide» et du droit ukrainien relatif à l’Holodomor de 1932-1933 en Ukraine du 28 novembre 2006.

Le Parti communiste (bolcheviks) et le gouvernement de l’URSS ont organisé en 1932-1933 une famine artificielle sur le territoire de la RSS d’Ukraine et du Kouban. Afin d’empêcher les Ukrainiens de résister à l’instauration d’un régime totalitaire communiste, les communistes lancèrent à l’automne 1932 une opération punitive spéciale: une famine artificielle massive.

À la suite de la création délibérée de conditions de vie incompatibles, des millions de personnes sont mortes en Ukraine entre 1932 et 1933.


Yevhenia Zakrevska, l’avocate de la Centurie céleste, est toujours en grève de la faim

C’est la 5ème journée de la grève de la faim de l’avocate Yevhenia Zakrevska, qui représente les familles des victimes des événements du Maidan. Elle a déjà perdu presque deux kilos.

«Aujourd’hui, nous avons comparé le nombre d’enquêteurs à la date du 1er juillet 2019 et à la date du 20 novembre 2019, ils étaient alors 67, il n’est reste plus que 25. Les chances de poursuivre l’enquête sur l’affaire du Maidan s’amaigrissent en même temps que moi», écrit-elle sur sa page Facebook.

Déclaration d’Oleg Sentsov. L’écrivain et réalisateur ukrainien, ancien prisonnier du Kremlin, Oleg Sentsov, a commenté cette situation.

«Je connais personnellement Yevhenia et le niveau de confiance en elle est extrêmement élevé. C’est une personne honnête et respectable qui a fait preuve de bravoure pendant la révolution, l’invasion de la Crimée et la guerre. Elle s’occupe de l’action la plus importante, celle de plaider l’affaire du Maidan devant le tribunal. Après ma libération, je l’ai rencontrée à plusieurs reprises pour mon affaire, dans laquelle elle est également avocate, et dans d’autres. J’ai discuté personnellement avec elle de la mort des manifestants les 18 et 20 février et du procès des agents du Berkut. Pendant plusieurs heures, Yevhenia m’a parlé en détail de cette affaire dans laquelle elle était plongée. Je me suis intéressé non seulement aux faits sur les meurtres: qui a tiré et comment, mais aussi à la manière dont l’enquête avait été menée et à la procédure suivie par le tribunal, pour déterminer s’il n’y avait pas de retard et de tentative de clore cette affaire fondamentale. Elle m’a assuré que non: l’enquête est longue parce que les circonstances sont très complexes et que de nombreuses personnes y ont pris part. Mais elle m’a averti que le problème est différent: au milieu du procès l’affaire a été transférée du Bureau du procureur au Bureau d’investigation de l’État, mais on n’a transféré que des volumes de dossiers, et pas les enquêteurs qui sont au cœur de ce travail depuis cinq ans. Tout le monde sait que le Bureau d’investigation a été créé en tant que nouvelle structure, débarrassée de toute la boue et de la justice électoraliste domestiquée du système précédent. Mais aucun spécialiste n’est prêt à poursuivre cette tâche difficile. Aujourd’hui, l’affaire a été transférée au Bureau d’investigation. Un amendement qui aurait résolu le problème n’a pas été adopté. Et Yevhenia a annoncé une grève de la faim …Ce n’est pas un simple geste, c’est la position d’une personne passionnée. Et nous devons tous la soutenir dans cette demande afin que le président, le gouvernement et le parlement nous entendent », a-t-il écrit sur sa page Facebook.


Sociologie: l’attitude des Ukrainiens à l’égard de la direction dans laquelle le pays s’engage et des «nouveaux visages» au pouvoir
Du 4 au 19 novembre 2019, la Fondation nationale d’initiatives démocratiques Ilko Kucheriv, et l’Institut international de sociologie de Kyiv ont mené un sondage d’opinion national. L’enquête a été menée dans 110 localités de toutes les régions de l’Ukraine, à l’exception de la République autonome de Crimée et de certaines régions de Donetsk et de Louhansk. Au total, 2041 personnes ont été interrogées. L’erreur d’échantillonnage théorique ne dépasse pas 2,3%.
L’enquête a été financée par la délégation de l’Union européenne en Ukraine.

La conviction que le pays avance dans la bonne direction faiblit. En novembre 2019, 36% (contre 50% en août 2019) des citoyens estiment que l’Ukraine va dans la bonne direction, alors que 39% (contre 23%) des sondés pensent que la direction est erronée. Cependant, même à l’heure actuelle, les résultats sont beaucoup plus optimistes qu’ils ne l’étaient avant les élections: en août 2018, seuls 11% des Ukrainiens estimaient que l’Ukraine allait dans la bonne direction et 72% étaient convaincus que la direction était mauvaise.

Il est à noter que ce sont surtout les électeurs du parti «Serviteur du peuple» qui sont optimistes quant à la direction dans laquelle va l’Ukraine: 50% soutiennent ce mouvement, contre 25%. Alors que 69% des électeurs de «Plateforme d’opposition – Pour la vie» et 74% des électeurs de «Solidarité européenne» jugent que l’orientation du pays est mauvaise.

Les Ukrainiens sont plus sceptiques quant aux «nouveaux visages» au pouvoir. Selon les résultats du sondage, 41% des Ukrainiens sont extrêmement négatifs sur le fait que la plupart des députés nouvellement élus ne se sont jamais engagés dans la vie politique, 24% des Ukrainiens n’y voient pas de problèmes et 26% pensent que cela peut être à la fois positif et négatif, selon que ces députés se forment ou non et ont recours ou non à des professionnels qualifiés. Juste après les élections, les opinions des électeurs étaient très différentes: seuls 25% considéraient le manque d’expérience politique des députés nouvellement élus comme quelque chose de négatif, 35% le jugeaient positif et 26% pensaient que cela pouvait être à la fois positif et négatif.

La manque d’expérience dans la vie politique des députés nouvellement élus ne pose pas de problèmes à 36% des électeurs du «Serviteur du peuple», à 13% des électeurs de la «Plateforme d’opposition – Pour la vie» et à 12% des électeurs de la «Solidarité européenne». En revanche, cela pose des problèmes à 25% des  électeurs du «Serviteur du peuple», 68 % des électeurs de la «Plateforme d’opposition – Pour la vie» et 73% des électeurs de la «Solidarité européenne».