Jour 1156 de résistance : Attaque nocturne massive de la Russie – à Kyiv, 12 morts et 90 blessés ; des frappes ont également visé Kharkiv, Zaporijjia et Pavlohrad

Attaque nocturne massive de la Russie : 12 morts et 90 blessés à Kyiv, Kharkiv, Zaporijjia et Pavlohrad également touchées. Changement radical de la stratégie annoncée. L’ISW a révélé de profondes contradictions dans le « plan de paix de Trump » par rapport à la vision de sa propre administration.

Attaque nocturne massive de la Russie : 12 morts et 90  blessés à Kyiv, Kharkiv, Zaporijjia et Pavlohrad également ciblées

Dans la nuit du 24 avril, la Russie a lancé une attaque massive contre l’Ukraine en utilisant des missiles Kalibr tirés depuis la mer Noire, des missiles balistiques, des missiles de croisière lancés par des avions Tu-95MS et Tu-160, ainsi que des drones Shahed. Parmi les villes les plus touchées figurent Kyiv, où 12 personnes ont été tuées, et Kharkiv. Plus tard, les secouristes ont annoncé avoir sorti vivant un homme des décombres d’un immeuble détruit par les frappes russes à Kyiv.

Au total, la Russie a lancé 215 missiles de différents types et drones contre l’Ukraine. L’essentiel des frappes a visé Kyiv. La défense antiaérienne ukrainienne a abattu 112 cibles ennemies. Des avions de chasse F-16 et Mirage ont activement participé à la défense.

La capitale ukrainienne, Kyiv, a été la principale cible de l’attaque.

Les troupes radio-techniques des Forces aériennes des Forces armées ukrainiennes ont détecté et suivi 215 cibles ennemies :

  • 11 missiles balistiques Iskander-M / KN-23 (lancés depuis les régions de Briansk, Voronej et Koursk – Russie),
  • 37 missiles de croisière Kh-101 lancés par des bombardiers stratégiques Tu-95MS (région de Saratov),
  • 6 missiles de croisière Iskander-K (région de Donetsk),
  • 12 missiles de croisière Kalibr (depuis la mer Noire),
  • 4 missiles aériens guidés Kh-59/Kh-69 (région de Belgorod),
  • 145 drones d’attaque Shahed / drones-leurre de différents types (provenant de Briansk, Millerovo, Koursk, Primorsko-Akhtarsk – Russie ; Chauda – Crimée temporairement occupée).

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, en visite aujourd’hui en Afrique du Sud, a réagi à cette attaque nocturne massive de la Russie, qui visait principalement Kyiv l:


« lIl y a 44 jours, l’Ukraine a accepté un cessez-le-feu total et la fin des frappes. C’était une proposition des États-Unis. Et cela fait 44 jours que la Russie continue de tuer et d’échapper à toute pression forte ou responsabilité. Il est très important que le monde entier voie et comprenne ce qui se passe réellement. Environ 70 missiles, y compris balistiques. Et près de 150 drones d’attaque », a souligné Zelensky.

Selon lui, plus de 80 personnes ont été blessées dans tout le pays à la suite des frappes russes

.
«Malheureusement, les destructions sont nombreuses. Les opérations de sauvetage se poursuivent, les décombres sont en cours de déblaiement. […] Un rapport du commandement militaire a été présenté. J’ai ordonné au ministre de la Défense de contacter immédiatement nos partenaires concernant nos demandes de renforcement de la défense antiaérienne », a déclaré le président ukrainien.

«C’est la Russie, et non l’Ukraine, qui fait obstacle à la paix. C’est sur Moscou, et non sur Kyiv, qu’il faut faire pression», a déclaré Andriy Sybiha, chef adjoint du cabinet présidentiel ukrainien, au sujet de l’attaque nocturne.

Changement radical de la stratégie annoncée. L’Institut pour l’étude de la guerre (ISW) a révélé de profondes contradictions dans le «plan de paix de Trump» par rapport aux intentions affichées par sa propre administration

Les détails du « plan de paix de Trump », révélés par les médias américains et vers lequel les États-Unis poussent l’Ukraine, indiquent un changement soudain et significatif dans la stratégie publique visant à mettre fin à la guerre de la Russie contre l’Ukraine — une stratégie pourtant précédemment déclarée par l’administration de Donald Trump.

C’est la conclusion des analystes de l’Institut pour l’étude de la guerre (ISW) dans leur dernier rapport. Ils ont examiné une « proposition » américaine en sept points visant à mettre fin à la guerre, que Washington aurait récemment soumise à l’Ukraine pour validation. Selon ces informations, les États-Unis seraient notamment prêts à reconnaître la Crimée comme faisant partie de la Russie et à permettre aux forces russes de continuer à occuper des territoires importants dans le sud et l’est de l’Ukraine.

D’après les données disponibles dans les médias, cette proposition montre que l’administration Trump chercherait désormais simultanément à obtenir un cessez-le-feu total en Ukraine, un règlement de paix officiel pour mettre fin à la guerre, et à relancer les relations économiques entre les États-Unis et la Russie. Les analystes de l’ISW qualifient cette approche de « contraste saisissant » avec la ligne directrice prônée par la Maison Blanche dans les semaines précédentes.

Le 25 mars, Washington avait officiellement affirmé que Trump visait d’abord un « arrêt des tueries des deux côtés », étape qu’il considérait comme « nécessaire pour parvenir à un règlement de paix durable ». Ainsi, l’administration Trump voyait le cessez-le-feu total comme une première étape vers la paix. L’Ukraine avait accepté l’idée d’un cessez-le-feu complet le long de la ligne de front, proposée par les États-Unis en mars, et s’était montrée favorable à la poursuite de la « trêve de Pâques » après le 21 avril. En revanche, la Russie avait refusé d’accepter ou de prolonger ces régimes de cessez-le-feu, soutenus par les États-Unis, rappelle l’ISW.

Le 15 avril, la Maison Blanche déclarait encore que les États-Unis devaient d’abord « voir un cessez-le-feu » avant d’envisager un partenariat économique avec la Russie. Le secrétaire d’État américain Marco Rubio avait également affirmé en février 2025 que les sanctions américaines contre la Russie resteraient en vigueur tant qu’un accord de paix n’aurait pas été trouvé entre Moscou et Kyiv.

Cela contraste fortement avec la proposition actuelle, qui préconise simultanément un cessez-le-feu en Ukraine, la levée des sanctions américaines contre la Russie, et le développement d’une coopération économique américano-russe.

De plus, certains éléments essentiels de cette proposition restent flous. Actuellement, les troupes russes occupent une petite partie de la région de Mykolaïv — la flèche de Kinbourn — et ont lancé des offensives dans le nord de la région de Soumy, deux zones apparemment non couvertes par les termes de l’accord proposé par les États-Unis.

Il est aussi incertain si l’Ukraine obtiendrait uniquement un accès à l’embouchure du Dniepr, ou une zone côtière plus étendue le long de la rive gauche du fleuve, les informations divergeant entre les sources (Axios et The Telegraph).

Les détails concernant les territoires autour de la centrale nucléaire de Zaporijjia (ZNPP) qui seraient officiellement considérés comme ukrainiens ne sont pas non plus précisés. Toutefois, selon le plan américain, les forces russes devraient se retirer de certaines zones du secteur, bien qu’elles occupent toujours une grande partie de la région de Zaporijjia sur la rive gauche du Dniepr.

Cela dit, le fleuve représenterait une barrière physique importante entre le territoire contrôlé par l’Ukraine et la ZNPP, qui serait sous un « contrôle géré par les États-Unis », ce qui compliquerait fortement la défense de la centrale par l’Ukraine en raison de la faible profondeur des lignes défensives dans la région.

L’ISW avait déjà souligné que le gel de la guerre sur les lignes actuelles du front — en particulier dans les régions de Zaporijjia et de Kherson — serait « extrêmement bénéfique pour la Russie » et accroîtrait les risques et les coûts pour l’Ukraine et pour l’Occident dans leurs efforts de dissuasion, sans parler d’une éventuelle défaite de la Russie dans de futures opérations.

Zelensky répond à Trump: il publie une déclaration du Département d’État datant de son premier mandat, dans laquelle les États-Unis s’engagent à ne pas reconnaître l’annexion de la Crimée

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a répondu à Donald Trump en publiant la Déclaration de Crimée de Mike Pompeo, alors secrétaire d’État américain sous le premier mandat de Trump, datée de 2018.

Le message a été diffusé sur le compte X (anciennement Twitter) de Zelensky. Il ne commente pas directement la déclaration mais en partage une capture d’écran, accompagnée du commentaire suivant :

« Aujourd’hui, il y a eu beaucoup d’émotions. Mais c’est une bonne chose que cinq pays se soient réunis pour rapprocher la paix : l’Ukraine, les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne. Les parties ont exprimé leurs points de vue et ont respecté les positions des autres.

Il est important que chaque partie n’ait pas seulement été présente, mais ait également travaillé de manière substantielle. La partie américaine a partagé sa vision. L’Ukraine et les Européens ont présenté leurs propositions.

Nous espérons que ce travail commun mènera à une paix durable. Nous sommes reconnaissants à nos partenaires.

L’Ukraine agira toujours en conformité avec sa Constitution, et nous sommes convaincus que nos partenaires, y compris les États-Unis, resteront fidèles à leurs engagements forts ». 

La Déclaration de Crimée, publiée le 25 juillet 2018, affirme la politique américaine de non-reconnaissance de l’annexion de la Crimée par la Russie. Le Département d’État y souligne que:

«En envahissant l’Ukraine en 2014 et en tentant d’annexer la Crimée, la Russie a cherché à saper un principe fondamental partagé par les États démocratiques : aucun pays ne peut modifier les frontières d’un autre par la force. »

Elle établit un parallèle avec la Déclaration Welles de 1940, par laquelle les États-Unis avaient refusé de reconnaître l’annexion des États baltes par l’Union soviétique — une politique maintenue jusqu’à la chute de l’URSS.

La Déclaration de Crimée conclut :

«Les États-Unis, de concert avec leurs alliés, partenaires et la communauté internationale, rejettent la tentative de la Russie d’annexer la Crimée et s’engagent à maintenir cette politique jusqu’au rétablissement de l’intégrité territoriale de l’Ukraine». 

Elle appelle enfin la Russie à respecter les principes du droit international et déplore l’isolement international que le Kremlin s’est infligé en suivant cette voie.