Kiev, le 26 novembre 2015. «La situation à l’est de l’Ukraine reste inquiétante. Les incidents sont fréquents, parfois leur nombre est exceptionnellement élevé», a déclaré Alexandre Hug, chef-adjoint de la mission spéciale de surveillance de l’OSCE, lors d’une conférence de presse à l’Ukraine Crisis Média Center. Selon lui, les observateurs de l’OSCE ont constaté, mardi dernier, plus de 570 explosions dans la seule région de Donetsk – c’est un nombre anormalement élevé. « Les violations du cessez-le-feu concernaient une large gamme d’armes, telles que armes légères, mitrailleuses lourdes, armes légères antiaériennes et antichars, mortiers de 82 mm et de 100 mm, lance-roquettes et même
artillerie lourde. Ces incidents ont été constatés de deux côtés de la ligne de partage », a expliqué M. Hug.
À cet égard, la mission spéciale de suivi de l’OSCE est particulièrement préoccupée par la situation concernant la liberté de circulation des civils à l’est et les problèmes causés par les mines et les munitions non explosées. «Le 19 novembre la mission spéciale de suivi de l’OSCE facilitait et
surveillait le respect du cessez-le-feu sur la ligne de partage près de Zoloté, dans la région de Lugansk, permettant aux médecins de l’armée ukrainienne de récupérer le corps d’un membre de l’équipe de déminage. Lui et ses deux collègues ont été tués dans une explosion de mine le 15 novembre», a expliqué M. Hug.
L’OSCE constate le non respect des exigences concernant le retrait des armes lourdes de la zone de sécurité. «De deux côtés, les dépôts permanents désignés ne remplissent pas les conditions, énoncées par l’OSCE et communiquées aux parties le 16 octobre, selon lesquelles ils pourraient être considérés comme ne représentant aucun danger. Aucune des parties n’a fourni de listes des armes lourdes à la mission spéciale de suivi», a rappelé M. Hug.
Selon le chef-adjoint de la mission spéciale de suivi de l’OSCE, le 25 novembre les observateurs qui se trouvaient près de Pervomajske, une ville contrôlée par le gouvernement ukrainien, ont entendu des explosions causées par les tirs entrant et sortant de mortiers (de 82 ou de 120 mm), d’artillerie (122 mm) et de chars. On a entendu aussi des tirs de fusils, de mitrailleuses lourdes et de lance-roquettes. Les observateurs de la mission spéciale de suivi qui se trouvaient à Vésséla Gora, contrôlée par la République autoproclamée de Lugansk, ont entendu des tirs d’armes légères, de mitrailleuses lourdes et d’artillerie (152 mm) venant d’un lieu situé à dix kilomètres au nord-ouest de leur position. Le 22 novembre la mission de suivi, qui se trouvait à la gare central de Donetsk, a entendu 57 explosions au nord et à l’ouest de la ville de Donetsk. Le 23 novembre, on a constaté plusieurs violations du cessez-le-feu, telles que des tirs d’armes légères, de l’infanterie légère et d’armes légères antiaériennes. Au cours de la même journée, les observateurs ont constaté 17 explosions à Krasnogorivka, y compris des tirs entrant et sortant de mortiers, d‘armes légères et de mitrailleuses lourdes. Le 17 novembre, les observateurs ont vu un cratère creusé par l’explosion d’un obus à 400 mètres d’un bâtiment résidentiel. Selon leurs estimations, il s’agissait d’un obus tiré pars un système de lance-roquettes multiples.
La mission spéciale de suivi constate que la liberté de circulation des civils n’est pas assurée car les conditions de circulation sont très difficiles. Aux points de contrôle, les gens sont confrontés à d’immenses queues, à de longues procédures et au manque d’installations sanitaires, auxquels
s’ajoutent les risques d’explosion de mines et de bombardements. «Initialement la capacité prévue du point de contrôle était de 2500-3000 personnes par jour, mais aujourd’hui le nombre des voyageurs atteint 6000-7000 personnes par jour», a expliqué Alexandre Hug.
M. Hug a ajouté que les observateurs n’ont pas été admis dans certains lieux «pour des raisons de sécurité», ou bien leur accès est soumis à conditions ou une escorte armée leur est imposée. Un jour, par exemple, les militants de la République autoproclamée de Lugansk ont dit aux observateurs de quitter le village en expliquant qu’ils devraient avoir une autorisation écrite de leur commandant. Le lendemain, ailleurs, la mission de l’OSCE s’est vu refuser l’accès au dépôt permanent désigné d’ armes lourdes par les membres de la République autoproclamée de Donetsk, qui ont annoncé qu’il s’agissait d’un ordre de leur commandant. Le 20 novembre, le même incident s’est répété avec les membres de
la République autoproclamée de Lugansk à Sokilnyky, a déclaré M. Hug. Il a ajouté que le même jour le personnel de l’armée ukrainienne a aussi refusé d’admettre les observateurs de l’OSCE au dépôt permanent désigné sans aucune explication.