Environ 6000 Ukrainiens se sont engagés aux côtés de la France lors de la Seconde guerre mondiale

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Kiev, le 25 février 2016 – Environ 6 000 Ukrainiens, pour la plupart originaires de l’Ukraine de l’Ouest se sont engagés aux côtés de la France lors de la Seconde guerre mondiale. «Les Ukrainiens engagés aux côtés de la France dans la Légion étrangère, sont les seuls  officiellement reconnus et honorés en France »,explique Annick Bilobran-Karmazyn, présidente de l’Association des Descendants des Volontaires Ukrainiens de la Légion Etrangère (ADVULE), lors d’une conférence de presse à l’Ukraine Crisis Média Center . «La plupart d’entre eux sont venus en France avec des contrats de travail dans des mines ou des fermes  et envisagaient de repartir en Ukraine. Mais la guerre ayant éclaté, ils ont dû rester en France. Un certain nombre a souhaité s’engager aux côtés de la France. Mon père m’a toujours dit qu’il trouvait normal de défendre le pays qui l’avait accueilli».

La situation avec les Ukrainiens venus de l’ouest de l’Ukraine était bien compliquée, car cette partie d’Ukraine était à l’époque occupée par la Pologne. Donc, ils possédaient des passeports polonais et devaient rejoindre la Légion polonaise reconstituée à Coetquidant en Bretagne. «Bien entendu, quand tu es un Ukrainien et quand ta terre est occupée par la Pologne, tu ne souhaites pas te battre sous le drapeau polonais. Alors, les 6 000 Ukrainiens ont refusé cet ordre. Ils voulaient défendre la France, mais sous le drapeau français », explique Annick Bilobran-Karmazyn.  Finalement, après de longs débats, les Ukrainiens ont pu rejoindre l’armée française sous certaines conditions. Ils ont participé notamment à la défense de Lyon.

Madame Bilobran-Karmazyn a également évoqué les différends concernant la  commération des soldats et des prisonniers de guerre soviétiques morts en France. Deux lieux de sépulture en France concernent les dépouilles des soldats soviétiques, dont une majorité d’Ukrainiens. Le premier est situé au Ban-Saint-Jean en Moselle (Lorraine). «C’est le plus grand charnier allemand de prisonniers soviétiques sur le territoire français, à savoir, 22 000 personnes. Seule la communauté ukrainienne a entretenu ce lieu et sa mémoire, car la plupart de ces prisonniers étaient Ukrainiens ». En 2011, la communauté ukrainienne a inauguré un mémorial pour honorer tous ceux qui ont péri dans ce camp.

La situation est bien plus tendue dans le cimetière de Noyers Saint Martin dans l’Oise, nécropole ou sont enterrés des prisonniers soviétiques, dont 2879 exhumés du Ban-Saint-Jean. «Tous les ans,  lors de la commémoration de la grande Victoire patriotique, seul le drapeau russe flottait aux côtés du drapeau français. Et j’ai toujours demandé que l’on lève les 15 drapeaux des 15 républiques de l’ex-Union Soviétique, accompagnés des 15 hymnes. Quant aux associations d’anciens combattants français, elles tiennent à garder leur prudente neutralité, afin de ne pas créer de conflit avec chacune des parties.

Après l’annexion de la Crimée et l’intervention de la Russie en Ukraine en 2014, la situation s’est considérablement aggravée. «J’ai annoncé que les Ukrainiens ne participeraient plus à cette cérémonie avec la délégation de la Fédération de Russie et ses alliés», déclare Annick Bilobran-Karmazyn. La délégation russe s’est engagée a  ne plus hisser leur drapeau en espérant que la délégation ukrainienne accepterait d’entrer au cimetière en même temps qu’elle. Mais la dégation ukrainienne, même sans le drapeau, a refusé de se tenir sous l’hymne russe. Par conséquent, les délégations sont entrées séparément.

En 2015, pour le 70ème anniversaire, «l’attaché militaire de l’ambassade de la Russie a même proposé de hisser le drapeau soviétique. Le président des Anciens Combattants a fait remarquer qu’il n’était pas possible de hisser le drapeau d’un pays qui n’existait plus. A la demande d’une dérogation, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a répondu négativement ».

«Actuellement, seul le drapeau français flotte sur le cimetière de Noyers -Saint –Martin et les deux délégations commémorent les victimes séparément» a conclu Annick Bilobran-Karmazyn.