L’Ukraine doit s’adresser à l’UNESCO pour préserver 1 200 000 monuments historiques se trouvant sur les territoires occupés

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Kiev, le 13 juin 2016 –Il faut que l’Ukraine s’adresse à l’UNESCO pour demander la création d’une mission spéciale de suivi afin de protéger son héritage culturel sur les territoires occupés et annexés. «Il faut inclure les monuments concernés dans la liste des sites du patrimoine mondial qui sont menacés et cela permettra à l’UNESCO d’organiser des missions de suivi internationales pour surveiller l’état de ces monuments. Car l’UNESCO est une organisation internationale importante et elle est la seule à pouvoir défendre des monuments importants, comme Chersonèse et le Palais du khan de Crimée Sahib Ier Giray à Bakhtchissaraï»,  a expliqué Tymour Bobrovsky, membre du comité ukrainien auprès du Conseil international des monuments et des sites, lors d’une conférence de presse à l’Ukraine Crisis Média Center.

L’année dernière, le comité ukrainien avait conseillé au ministère de la Culture d’Ukraine de déposer cette demande auprès de l’UNESCO, mais le ministère ne l’a pas fait. «Nous pouvons encore le faire, notamment lors d’une session du Centre de l’héritage mondial à la fin du mois de juin. Selon nos évaluations, plus de 100 musées ukrainiens se sont retrouvés sur les territoires occupés par les Russes. Rien qu’en Crimée, nous avons 10 000 objets de l’héritage culturel», a expliqué Vasyl Rojko, chef du département des musées du ministère de la Culture d’Ukraine.

La Crimée et le Donbass sont entièrement fermés aux experts ukrainiens et à tous les médias, donc les seules sources d’information sont les contacts personnels et l’information filtrée des médias russes. «Nous sommes particulièrement inquiets par l’état des sites qui sont reconnus par l’Ukraine et la communauté internationale comme des monuments d’importance mondiale, à titre d’exemple : Chersonèse, le Palais du khan de Crimée Sahib Ier Giray à Bakhtchissaraï, les cavernes d’Eski-Kermene, la forteresse génoise à Soudak, l’observatoire du ХІХ siècle près de Simféropol. L’année dernière, une des tours de la forteresse s’est effondrée. Le Palais du khan également nécessite d’être rénové. Il y a deux semaines, la communauté des Tatars de la ville de Bakhtchissaraï a envoyé une lettre au ministère de la Culture russe pour l’informer que le toit du Palais fuit et doit être remis en état d’urgence. Mais il est à noter que cette situation a un contexte politique, car le Palais est un symbole de l’esprit et de l’unité des Tatars de Crimée qui sont actuellement considérés par le Kremlin comme des traîtres.

La situation autour de Chersonèse est encore plus compliquée, car les prêtres orthodoxes de la cathédrale Saint-Volodymyr essaient de s’approprier le territoire pour y construire un «centre orthodoxe culturel et patriotique». «À deux reprises, l’équipe de réserve a mené une grève pour exiger de laisser le monument tranquille. Mais la semaine dernière, nous avons appris que le directeur a été suspendu de ses fonctions et que la pression sur l’équipe recommence. Nous comprenons que, dans la situation actuelle, ce monument unique dans le monde est menacé», a résumé Tymour Bobrovsky.