Johannes Regenbrecht, diplomate allemand, est le responsable pour l’Ukraine au ministère des Affaires étrangères allemand. Dans la diplomatie allemande, il gère toutes les questions concernant les relations Allemagne-Ukraine.
Lors de sa dernière visite en Ukraine, Regenbrecht a donné une interview à Hromadske International pour évoquer la position du gouvernement allemand vis-à-vis de l’Ukraine. L’UCMC propose à ses lecteurs une version courte de cette interview en français.
À propos de la Russie
C’est la Russie qui est la principale responsable des désordres à l’est de l’Ukraine. Il n’y a aucun doute. La frontière reste ouverte, les armements russes continuent à être livrés sur le territoire ukrainien, nous savons que la Russie est étroitement impliquée dans le conflit à l’est de l’Ukraine. L’Allemagne et la France utilisent toutes les possibilités afin d’influencer la Russie pour stabiliser le cessez-le-feu, arrêter la livraison des armes et accélérer le processus du retrait des armes.
À propos du retrait des armes
Le cessez-le-feu ne peut être stable qu’à la condition que les armements, ainsi que les unités de combattants soient retirés. Car aujourd’hui, les unités de combattants se trouvent trop près de la ligne de démarcation, donc le risque de violation du cessez-le-feu est trop grand. Trop d’armes sont concentrées des deux côtés de la ligne de démarcation. Nous n’allons pas pouvoir atteindre le cessez-le-feu complet sans le retrait des armes. Les Accords de Minsk sont signés, il faut les respecter.
À propos de la mission de police de l’OSCE
La mission de police de l’OSCE n’est pas à l’ordre du jour. Le sujet discuté à Vienne entre les pays-membres de l’OSCE est une mission de soutien pour les élections régionales dans le Donbass. Donc, les pays-membres de l’OSCE discutent du format de cette mission. Mais il ne s’agit pas d’une mission de police au sens propre du terme.
À propos des réformes en Ukraine et du gouvernement de Groisman
L’Ukraine reste actuellement sous menace extérieure, elle vit des moments très difficiles. À notre avis, le gouvernement de Groisman fait un bon travail de la réalisation de ses objectifs, même s’il pouvait faire plus, mais nous redoutons que le dynamisme des réformes s’amenuise petit à petit. Cependant nous continuons à espérer qu’avec le début de la nouvelle session, les députés accentueront la mise en place législative des réformes dont l’Ukraine a tant besoin.
À propos de la lutte contre la corruption
En Ukraine, on observe certaines avancées dans la réforme du système judiciaire et la création des réformes anti-corruption. Depuis que je suis en Ukraine, j’ai eu un certain nombre d’entretiens avec les représentants du Bureau national de lutte contre la corruption et les représentants de la société civile. Les uns comme les autres sont plutôt satisfaits du déroulement des réformes.
Ce dont nous avons besoin, c’est un plus grand soutien de la part du gouvernement et du Bureau du Procureur. Cependant, nous avons toujours l’impression que ces deux institutions ne travaillent jamais ensemble et ne se soutiennent pas. Parfois, il semble même que leur action soit en opposition.
Aujourd’hui, le Bureau national de lutte contre la corruption, ainsi que le nouveau Bureau du Procureur anti-corruption et l’Agence nationale de prévention de la corruption sont performants. Cependant, toutes ces institutions doivent être consolidées, renforcées et doivent travailler de manière encore plus efficace afin que les citoyens ordinaires puissent voir les résultats de leur travail.
À propos de la déclaration électronique des revenus
Au mois d’août, nous avons eu également quelques problèmes dans ce domaine. J’espère qu’ils sont désormais réglés. Le système de déclaration électronique passe actuellement sa certification, il doit être mis en place et créer les conditions pour que les citoyens ukrainiens et les organismes d’État puissent vérifier les informations concernant les revenus des fonctionnaires.
À propos du régime de cessation des visas
Le plan de cessation des visas a déjà été approuvé et mis en place par les institutions européennes telle que la Commission européenne, en décembre 2015. Donc, les premières étapes du plan ont été franchies par l’Ukraine. Bien entendu, nous voulons voir plus d’efforts dans la lutte contre la corruption.
Désormais, le régime de cessation des visas est à l’ordre du jour dans les institutions européennes: le Parlement européen, le Conseil de l’Europe, les ministres de la Justice des pays de l’UE. Ces instituions restent en contact avec la Commission Européenne. Le Parlement doit approuver certains documents concernant la cessation des visas surtout le suivi nécessaire, car ce processus se déroule avec en toile de fond la crise des immigrés en Europe.
Donc, je ne pourrai pas vous donner de dates exactes pour la fin de ce processus. Cependant, je pense que le régime de cessation des visas est un objectif tout à fait réel. Et cela ne prendra pas beaucoup de temps.