Lesya Litvinova est une bénévole Ukrainienne connue. Mère de quatres enfants et cinéaste, elle a suspendu ses activités professionnelles pour aider les personnes déplacées. C’est elle qui est l’âme du centre d’aide aux personnes déplacées sur Frolivska 9/11.
Le 5 décembre, jour du Bénévole, elle a publié son texte dans le magazine «Correspondant». avec ses réflexions, ce que signifie le terme «Bénevoles en Ukraine » : qui en a besoin et que peut-on en attendre ? La traduction de ce texte par l’UCMC termine la série des publications sur le mouvement des bénévoles en Ukraine.
«Bonjour, dites-moi, vous êtes un bénévole?». Je ne sais jamais comment répondre à cette question. Je peux comprendre que cette personne me demande si je peux l’aider, ou au contraire, elle veut elle-même aider quelqu’un mais ne sait pas comment le faire concrètement. Mais le mot «bénévole» n’est même pas un mot exact pour décrire cette activité. Peut-être, ne convient-il pas du tout.
Le bénévolat, au sens premier, est celui qui donne une partie de son temps libre à des activités d’intérêt général et ne demande rien en retour, une force qui aide là où on a besoin de mains libres et de générosité. Il peut promener des chiens recueillis dans un refuge, il peut organiser des fêtes dans la section d’oncologie dans un hôpital ou lire à haute voix des journaux dans une maison de retraite. Le plus important est que cette personne fasse cela pendant son temps libre et volontairement et puis revienne à ses activités quotidiennes.
Chez nous, «les bénévoles» figurent parmi tous ceux qui participent à la vie du pays. Ce mot a acquis tant d’implications qu’il a déjà perdu son sens initial. Le sens le plus répandu que les gens sous-entendent toujours : c’est – «une personne qui sait trouver une solution à n’importe quel problème», une sorte de magicien auquel vous pouvez dire qu’il y a un problème et ensuite vous ne vous en souciez plus.
Un jour, peut-être, on trouvera le mot exact pour désigner ces gens étranges. Des gens, qui s’occupent des problèmes des autres«24h/24 et 7j/7»pendant toute l’année. Des personnes qui ont perdu leurs anciens amis, qui ont perdu tous leurs biens dans la plupart des cas. Qui vivent sans argent. Qui se battent contre des moulins à vent avec une constance excessive. Qui trouvent un deuxième, un troisième, un cinquième souffle, assurés qu’ils ne le trouveront pas la prochaine fois, mais qui ne savent pas dire «non». Qui s’occupent de tout à la fois et d’apporter la soupe à un blessé et d’analyser des amendements au projet de la loi… Qui savent d’emblée apprendre les caractères techniques des lunettes de visée, les détails des règlements administratifs et les heures d’ouverture des points de passage dans la zone frontalière. Fatigués. Enthousiastes. Désespérés. Épuisés. Tous différents, mais unis par un but commun: changer ce qu’il est possible de changer.
J’ai peur de cette question, «Êtes-vous un Bénévole?». Parce que pour chaque proposition d’aide, il y a quelques dizaines de demandes à traiter. C’est encore parfait si là, à l’autre bout du fil, il y a une mère qui a besoin de couches ou d’une poussette pour son bébé. Et s’il y a quelqu’un qui souffre d’une maladie incurable? Ou quelqu’un qui est sans abri aujourd’hui? Une personne qui demande de l’aide pour ses parents qui sont devenus otages? Une personne qui manque d’argent pour enterrer son enfant? Ou quelqu’un qui ne peut pas quitter la zone dangereuse? Les gens veulent croire que le Bénévole prendra une baguette magique et qu’on trouvera une solution tout de suite. Moi, je n’ai pas de baguette magique. Et chaque fois que je réponds au téléphone : «Je vais essayer», d’abord, je suis désespéré parce que je ne sais pas du tout ce que je peux faire et jusqu’au dernier moment je ne crois pas que je réussirai.
Peut-être, parce que j’ai oublié ceux que j’ai réussi à aider. Quand la solution est trouvée, j’oublie le cas tout de suite. Je ne vois pas ces personnes dans mes rêves. Par contre, je vois ceux que je n’ai pas pu aider. C’est Danya, un garçon qui avait besoin d’un médecin à l’étranger. Quand j’ai trouvé ce médecin, Danya était déjà dans le coma; quand le médecin m’a répondu, Danya était déjà au cimetière. Je vois Vova, qui a habité un certain temps chez moi avec sa mère et sa soeur. Ils n’ont pas réussi à s’habituer à cette nouvelle vie, ils sont rentrés chez eux, dans les territoires occupés. Je n’ai comme souvenir d’eux que ses dessins et un sentiment de culpabilité. Je vois dans mes rêves Katia, qui pleurait près de l’écouteur et me demandait de l’aider à quitter Donetsk avec son enfant sous des pilonnages intensifs. J’ai trouvé une personne qui pouvait les aider, mais son portable était déjà «hors zone» et n’a jamais répondu.
Mon histoire du bénévolat est une histoire de la douleur des autres et de mon impuissance face à plusieurs problèmes, une histoire de nuits blanches et de pleurs, l’histoire de mes erreurs et des erreurs des autres. Parfois le prix pour cette erreur a été trop élevé.
Une de mes amies, mère d’un enfant handicapé, m’a dit un jour: «Oui, il existe la Journée des personnes handicapées. Mais pourquoi les gens ne comprennent-ils pas qu’il ne faut pas me féliciter? Le fait que mon enfant est handicapé n’est pas un motif de félicitations». Je ressens le même sentiment lors de la Journée du Bénévole. Ce n’est pas exactement une fête. Ou même ce n’est pas une fête du tout. C’est simplement une date dans le calendrier qui me rappelle qu’il y a encore tant de choses à faire. Et que le jour où je n’entendrai plus «Bonjour, dites-moi, vous êtes un Benevole?» est loin.
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