Rien de personnel. Quel est le point commun entre « Yandex » et la chanteuse russe Kristina Orbakaïte ?

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Les consommateurs qui voient de la censure derrière l’interdiction des compagnies internet russes oublient qu’il s’agit de business.

Ukraine Crisis Media Centre publie un résumé de l’article de Crimée. Réalités.

L’interdiction de « Yandex » et de « vk.com » n’est pas différente de celle de l’organisation de concerts d’artistes soutenant l’agression russe en Crimée.

La chanteuse russe très populaire Kristina Orbakaïte pourrait remplir des salles entières dans les quatre métropoles d’Ukraine. Deux fois par an ! Kharkiv, Odessa, Kyїv et Dnipro lui permettraient d’organiser au moins huit concerts. Prenant en considération que l’honoraire moyen d’un artiste de son envergure frise les 15 000 dollars, les pertes annuelles liées à une interdiction représentent 120 000 dollars. Si l’on multiplie cette somme en trois (Orbakaïte est interdite d’entrée sur le territoire depuis trois ans), cela fait 360 000 dollars de pertes.

Voici la somme perdue pour son seul concert réalisé en Crimée annexée.

Les sanctions sont un instrument, elles servent à punir. En violant le droit ukrainien, les personnes physiques et juridiques risquent la perte du marché ukrainien. L’importance de ce marché est suffisamment grande pour entraîner des pertes financières considérables. Sur ce point, la différence n’est pas énorme entre une chanteuse populaire et une grande agence internet.

Les réseaux sociaux, les antivirus et les services de recherches web ne sont pas des organisations charitables. Il s’agit de business. Il s’agit du même business russe que les autres, à peine différent d’une usine ou d’une compagnie aérienne. Comme tous les autres acteurs sur le marché, son but principal est de gagner de l’argent. Et le marché ukrainien de toutes ces compagnies était très précieux par sa taille et son importance.

Tous les arguments sur le fait que les interdictions frappent les consommateurs ne diffèrent pas non plus des lamentations contre l’interdiction des liaisons aériennes directes entre la Crimée et la Fédération de Russie, car ces lignes directes vers la Russie n’ont pas disparu en raison d’une action volontaire de l’Ukraine. Elles sont devenues impossibles suite aux violations de l’espace aérien ukrainien par les compagnies aériennes russes, qui ont maintenu les liaisons vers l’aéroport de Sébastopol.

L’interdiction de « vk.com », de « Yandex » ou du laboratoire antivirus Kasperski, ne consiste pas seulement à interdire des produits, mais surtout à réduire des revenus potentiels. Le monde contemporain prévoit tant de possibilités de contourner les obstacles et l’expérience de la Russie voisine en est un bon exemple. Les nouvelles sanctions excluent le fonctionnement de personnes juridiques en Ukraine.

D’aucuns diront que l’interdiction frappe aussi la partie ukrainienne. Oui, peut-être. Les compagnies aériennes russes achetaient aussi des prestations de service aux aéroports ukrainiens et Kristina Orbakaïte séjournait dans les hôtels ukrainiens et mangeait dans les restaurants ukrainiens. Mais cela ne change rien.

Parce que toute défense coute de l’argent. Une armée et des armes coutent de l’argent. Et si vous pensez que les guerres d’aujourd’hui n’ont lieu que sur les champs de bataille, vous vous trompez.

On dit aussi que les nouvelles sanctions forceront les consommateurs ukrainiens à changer leurs habitudes. Nous en sommes très heureux, car toute guerre pousse à sortir de son petit confort. Si vos pertes se limitent à l’accès aux produits numériques d’un pays agresseur, considérez-vous comme un privilégié. Il y en a qui ont perdu plus.

Allez demander aux personnes déplacées !