Malgré les Accords de Minsk, les affrontements dans le Donbass continuent. Pour le moment, même les conditions du cessez-le-feu et du retrait des armes n’ont pas été respectées. La partie politique des Accords contient un paragraphe sur les élections dans le Donbass et la réintégration progressive de ces territoires en Ukraine.
L’opinion des Ukrainiens a été étudiée par les sociologues qui ont présenté leur travail lors d’une conférence de presse à l’Ukraine Crisis Média Center.
Kiev, le 19 juillet 2016 – Selon les sociologues, 47% des Ukrainiens sont prêts à faire des compromis pour le rétablissement de la paix dans le Donbass. Cependant, les élections dans le Donbass occupé, ainsi que le «statut spécial » de la région ne sont pas à négocier.
Un tiers des habitants du Donbass et du sud de l’Ukraine sont prêts à tous les compromis, 14% des Ukrainiens estiment que le retour des territoires occupés est possible par la voie militaire, 43% des Ukrainiens sont contre les élections sur les territoires occupés et 48% sont contre le «statut spécial».
Ce que pensent les habitants du Donbass
L’opinion des habitants du Donbass sur les forces de paix a considérablement changé depuis un an. Actuellement, 39% des habitants du Donbass sont pour l’introduction des forces de paix (16% l’année dernière) et 36% sont contre (68% l’année dernière).
Iryna Bekechkina, directrice du Fonds des Initiatives démocratiques d’Ilko Koutcheriv a souligné que l’opinion des habitants des territoires libérés sont très différentes de celle des habitants des territoires occupés, car ces derniers se trouvent sous influence de la propagande. Le sondage auprès des habitants des territoires occupés a été réalisé par téléphone.
Comment résoudre le conflit : l’opinion des citoyens
Un nombre important d’ukrainiens, 41%, sont convaincus que la pression politique et économique internationale sur la Russie est le seul et unique moyen de résoudre le conflit dans le Donbass, 28% estiment que pour cela, il faut aussi rétablir la vie normale sur les territoires occupés. Quant à la politique d’État envers les territoires occupés, 23% estiment qu’il faut rompre tous les contacts, 19% estiment qu’il faut limiter les contacts, mais laisser la possibilités aux habitants des territoires occupés de traverser librement la ligne de démarcation, 12,5% estiment qu’il faut garder certaines relations commerciales et 16% qu’il faut réaliser la partie politique des Accords de Minsk pour réintégrer progressivement ces territoires.
L’opinion des experts
Les experts ne sont pas non plus d’accord sur la politique à adopter envers les territoires occupés.
Selon Roman Bezsmertniy, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de l’Ukraine en Biélorussie (2010-2011), un ancien membre du groupe de contact tripartite sur la réglementation du conflit armé dans l’est de l’Ukraine, il faut se concentrer sur « la progressive, graduelle, possible réintégration à long terme de ces territoires ». Cependant, il estime que les Accords de Minsk ne sont pas la solution pour résoudre tous les problèmes.
Volodymyr Fesenko, directeur du Centre des études politique appliqués « Penta » pense que la situation est dans une impasse, car les compromis, proposés par l’Ukraine ne satisfont pas les séparatistes et vice-versa. À son avis, les élections sur les territoires occupés pourront être la clés pour le rétablissement de la paix : « Les élections sont un outil pour arrêter les séparatistes, mais cet outil doit être employé au cours des élections ».
Bogdan Yaremenko, directeur du Fonds «Maіdan des Affaires Étrangères» a noté que l’Ukraine était devenu un champ de manœuvre confortable en ce qui concerne un « statut spécial ». « Aujourd’hui, vous pouvez facilement remplacer le contexte et inscrire le sujet de la fédéralisation, du statut de l’autotomie dans le sujet de la « décentralisation ». Mais il ne s’agit pas le de décentralisation politique, il s’agit de la décentralisation budgétaire pour pouvoir donner plus de liberté financière aux régions. Cela arrangera toutes les communautés locales ».
Dmytro Tkatchenko, expert du Centre d’analyse « Fabrique de pensée Donbass » a souligné que pour réussir la réintégration du Donbass, l’Ukraine devrait surtout regagner la confiance des gens qui sont restés sur les territoires occupés, mais qu’elle devait également « récuperer» la jeunesse.
