Les enfants ukrainiens qui appellent au secours : 45 000 appels sur la hotline pour les enfants

Le Centre international de défense des droits des Femmes «La Strada Ukraine » travaille en Ukraine depuis 1997. Son rôle est d’empêcher le commerce humain et de supprimer toute forme de discrimination et de violence dans la société, ainsi que de protéger les enfants. En 2013, le Centre a ouvert une hotline pour les enfants, unique en Ukraine. La ligne est anonyme et gratuite et fait partie d’une association de lignes téléphoniques de confiance pour les enfants CHI, avec d’autres lignes de 140 pays du monde.

Pourquoi le nombre d’appels a augmenté en 2016? Les représentants de «La Strada » ont répondu à cette question lors d’une conférence de presse à l’UCMC.

En 2016, le nombre d’appels sur la hotline pour les enfants de «La Strada Ukraine » a considérablement augmenté. «Cette année-là, nous avons reçu 45 000 appels, c’est bien plus que durant les années précédentes. Pour comparer, en 2015, nous en avons reçu 38,5 000», raconte Kateryna Levtchenko, présidente de «La Strada ».

Qui appelle et d’où?

Parmi ceux qui s’adressent à «La Strada », il y a pratiquement autant de filles (55%) que de garçons (45%). Dans 15% des cas, ce sont des adultes qui ont appelé : les parents, les professeurs et des psychologues d’écoles. La plupart des appels provenaient de la région de Kiev. Le nombre d’appels des régions de Lougansk et de Donetsk, y compris des territoires occupés, a aussi augmenté cette année.

Parmi ceux qui ont appelé, 86,7% avaient besoin d’informations, 10,3% avaient besoin d’aide psychologique et 3,3% avaient besoin de renseignements juridiques.

La plupart des personnes (28,6%) parlaient de leur état de santé psychologique, 14,9% demandaient des conseils sur la vie sexuelle, 8,6% sur les relations avec leurs camarades et 6,2% étaient des victimes de violences.

La guerre et la violence faite aux enfants

Selon Alyona Kryvoulyak, coordinatrice de la hotline nationale de «La Strada », il y a de plus en plus d’appels concernant la violence faite aux enfants sur les territoires non-contrôlés par l’Ukraine; des enfants témoins ou victimes de violences dans des familles de militaires démobilisés et des déplacés. Il y a aussi beaucoup d’appels de la part de parents, surtout des mères, qui sont violentés par leurs propres enfants.

Beaucoup de déplacés appellent pour se plaindre des problèmes qu’ils doivent affronter pour emmener leurs enfants sur le territoire contrôlé par le gouvernement ukrainien si le certificat de naissance a été délivré par les autorités de la LNR ou de la DNR.

Globalement, l’âge des enfants ayant des pensées suicidaire baisse : beaucoup n’ont que 10-12 ans. Les raisons habituelles de ces pensées : l’amour qui n’est pas réciproque, le harcèlement à l’école, la violence dans la famille.

Le travail domestique forcé, la mendicité forcée et les «groupes de la mort » 

Il y a eu des coups de fils concernant le travail domestique forcé, la mendicité forcée (notamment de Kiev) et le mariage forcé pour des mineurs. Alyona Kryvoulyak explique qu’il s’agit souvent de situations dans lesquelles une fille est tombée enceinte de son partenaire et ses proches les forcent à se marier pour éviter une condamnation publique. Le nombre d’appels d’enfants ayant fui le domicile a aussi augmenté.

À la fin 2016 –début 2017, il y a eu une importante vague de demandes des parents ou d’amis qui voulaient savoir comment protéger les enfants des «groupes de la mort ».