Donbass, Saakachvili, Meurtre de Nozdrovska, Religions en Ukraine

La situation dans la zone du conflit

Durant les fêtes, la situation dans zone du conflit a été plus calme qu’au mois de décembre en dépit de certaines violations du cessez-le-feu.


Le meurtre de la juriste Nozdrovska sera-t-il élucidé?

Le 9 janvier, Iryna Nozdrovska a été enterrée dans son village natal dans la région de Kyiv. Le meurtre de la jeune femme de 38 ans est devenu un vrai scandale qui a choqué la société ukrainienne après les fêtes de fin d’année.  Il témoigne  clairement de l’impunité des personnes près du pouvoir et de la corruption du système judiciaire en Ukraine. Depuis 2015, Iryna s’occupait de l’affaire de sa soeur, tuée dans un accident de voiture et a réussi à obtenir une peine de prison pour le coupable de l’accident qui s’avère être le neveu d’un juge local. Cet homme conduisait sous l’emprise de la drogue quand il a renversé la soeur d’Iryna et avant même les premiers résultats de l’enquête, l’opinion publique avait associé le meurtre d’Iryna à cette affaire.

 

L’arrestation de l’accusé présumé. Le 8 janvier, le ministère de l’Intérieur de l’Ukraine a annoncé que le coupable avait été arrêté.

Qui est le meurtrier? Les différentes versions. Actuellement, la police n’indique pas le nom de la personne arrêtée, mais certains médias affirment que l’homme coupable du meurtre de la soeur d’Iryna serait le père de Dmytro Rossochanskiy. Cette information a notamment été communiquée par Ayder Mouzhdabaev et l’édition INSIDER.

Comment cela a-t- commencé ? Le 30 septembre 2015, un accident mortel a eu lieu dans le village de Demidov. Dmytro Rossochanskiy, habitant local, sous l’emprise de la drogue, a renversé Svitlana Salatynska, âgée de 26 ans. La jeune femme est décédée sur place. Dmytro est le neveu du juge du tribunal du district de Vychgorod.

Le combat pour la justice . Deux ans après l’accident, Iryna a obtenu une peine de prison de 7 ans pour Dmytro.

La veille du meurtre. Le 27 décembre 2017, Dmytro Rossochanskiy a failli être libéré par la Cour d’appel. Mais, finalement, la Cour a refusé l’appel et a prolongé la détention de Dmytro. En qualité de juriste, Iryna, qui gérait directement cette affaire, avait signalé à plusieurs reprises qu’elle avait reçu des menaces.


Saakachvili entre le tribunal de Kyiv et celui de Tbilissi

Le début de l’année s’est avéré difficile pour Mikheil Saakachvili, ancien Président géorgien. Les procès attentés contre lui se sont poursuivis à Kyiv, tout comme à Tbilissi durant les fêtes de fin d’année. La Cour ukrainienne n’a pas encore rendu son verdict, contrairement à la Cour géorgienne qui l’a fait.

Pas de statut de réfugié à Kyiv. Depuis la fin du mois de juillet 2017, Mikheil Saakachvili a été privé de sa citoyenneté ukrainienne. Le prétexte officiel s’est avéré être la prétendue «dissimulation» par l’ex-président de son casier judiciaire en Géorgie. Dans le contexte de l’aggravation de la confrontation avec le gouvernement, le Bureau du Procureur de l’Ukraine accuse Saakachvili d’avoir comploté avec l’oligarque Kourchenko et, de ce fait, le tribunal administratif du district de Kyiv a rejeté la demande d’octroi du statut de réfugié.

La persécution en Géorgie. Quand Saakachvili a quitté la Géorgie immédiatement après l’investiture du nouveau Président en 2013, plusieurs poursuites pénales ont été engagées contre lui. La partie géorgienne s’est adressée à plusieurs reprises à l’Ukraine en lui demandant de lui livrer l’ex-président. Cependant, à ce jour, l’Ukraine n’a pas répondu à ces demandes.
Une condamnation par contumace en Géorgie.Le 3 janvier 2018, le tribunal de Tbylyssia a condamné par contumace l’ancien président de Géorgie, Mikheil Saakachvili, à trois ans de prison pour avoir illégalement gracié des représentants des forces de l’ordre condamnés pour le meurtre de Sandro Girgvliani, employé de la « Banque unie géorgienne ».

La réaction de Saakashvili. Le verdict  en Géorgie, ainsi que le processus parallèle à Kyiv, montrent que « le pouvoir oligarchique en Ukraine et en  Géorgie fonctionnent à l’unisson et en pleine coordination entre eux, contre moi » – a déclaré Saakachvili. « Juger le président pour avoir exercé son droit de grâce, qui est de droit, démontre bien la nature politique du processus », – a-t-il écrit le 5 janvier sur Facebook.

L’Ukraine livrera-t-elle Saakachvili en Géorgie? De toute évidence, l’extradition de l’ancien président Mikhaïl Saakachvili dépend uniquement de la décision des autorités ukrainiennes. Cependant, le bureau du Procureur n’apporte pas de précisions sur l’extradition possible de Saakachvili : « Selon la Convention européenne sur l’extradition, cette dernière est soumise, sous réserve  de crime, à une condamnation, au minimum, d’un an d’emprisonnement ». Le Bureau du Procureur affirme que l’étude du processus d’extradition est toujours en cours. La conclusion, tirée des résultats du contrôle d’extradition, sera communiquée au ministère de la Justice de l’Ukraine pour une décision finale.


“Pour qui sonne la cloche?”: la tragédie  de Zaporijjya dans le miroir du conflit des églises en Ukraine.

À Zaporijjye, un prêtre du Patriarcat de Moscou a refusé de procéder à une cérémonie funèbre pour un enfant de deux ans, tué tragiquement. Le soir du 31 décembre, un homme a voulu se suicider en sautant d’une fenêtre d’un immeuble de plusieurs étages et, coïncidence tragique, il est tombé sur un enfant de 2 ans.

Que s’est-il passé lors de l’enterrement?  Roman Polichtchouk, le papa du bébé, a  dit que le prêtre du Patriarcat de Moscou, apprenant que l’enfant avait été baptisé par le clergé de l’église du Patriarcat de Kyiv, avait refusé de célébrer la cérémonie funèbre, car  « l’enfant n’est pas baptisé et cette église  est celle des  imposteurs. » Les parents ont décidé de ramener le corps de l’enfant dans l’église la plus proche, mais les prêtres ont également refusé de procéder à l’enterrement pour la même raison. Selon le père, les prêtres lui ont claqué la porte au nez et lui ont dit de quitter l’église.Ensuite, un prêtre du Patriarcat de l’église Saint-Nicolas de Kyiv, où l’enfant avait été baptisé, est arrivé  pour l’enterrement et a fait une messe.

La raison de cet événement. La lutte entre le Patriarcat de Moscou et le Patriarcat de Kyiv se poursuit depuis de  nombreuses années. L’église du Patriarcat de Kyiv  a été créé en juin 1992 afin d’être indépendante de l’Église russe. Le patriarcat ukrainien, à l’heure actuelle, n’est pas reconnu par l’orthodoxie universelle. Depuis 1990, ces deux patriarcats en Ukraine se battent pour l’Eglise et pour les âmes des fidèles. Le Patriarcat de Moscou ne reconnaît pas le Patriarcat de Kyiv et appelle ses prêtres « schismatiques » et  les accuse de prendre une  position exclusive. Selon le Patriarcat de Moscou, tous les rites faits sous le patronage de Filaret sont inacceptables.

La religion et la politique. La guerre russo-ukrainienne de 2014 a de nouveau obligé les paroissiens et le clergé à faire un choix entre Kyiv et Moscou. Selon le rapport du Centre pour les libertés civiles, « Quand Dieu devient une arme », les représentants du Patriarcat de Moscou ont été vus à plusieurs reprises en train d’aider des militants pro-russes dans le Donbass. Sur les territoires occupés, seule l’église du Patriarcat de Moscou est reconnue, les autres religions sont sujettes à répression et  menaces.

A quelle église appartiennent les Ukrainiens? Selon le sondage du groupe sociologique Reyting effectué en 2016, 32% des Ukrainiens vont à l’église du Patriarcat de Kyiv, 27% à celui de Moscou, 9% sont gréco-catholique, 1% catholiques, moins de 1% protestants et 24% disent qu’ils croient en Dieu.  Selon un autre sondage du groupe TNS MMI, 56% des Ukrainiens disent qu’ils croient en Dieu, 60% des répondants sont adeptes du Patriarcat de Kyiv et 24% du Patriarcat de Moscou.

La réaction de la société : une action « Apporte une poupée ». Après les événements, Yuriy Goudemenko, bloggeur de Zaporijjya, a initié une action #apporte_une poupée, il a exhorté les Ukrainiens a apporté des jouets sous les murs des églises du Patriarcat de Moscou pour exprimer leur protestation contre la prise de position de ce dernier.